Edito : “Plus tard commence tout de suite”

D’un naturel prévisible, en attendant bien sûr la scène de la course-poursuite avec une impatience toute enfantine. Mais ce qui m’a le plus frappé est un dialogue, bref, Bullit étant du genre taiseux. A un moment où les choses se compliquent, Cathy (la belle Jacqueline Bisset) demande à Frank Bullit (impassible Steve McQueen) : “Qu’allons-nous devenir plus tard ?”, et lui de répondre : “Plus tard commence tout de suite”.

Cet échange prend un timbre particulier par rapport à la crise que nous traversons actuellement. Plus tard commence effectivement tout de suite. Certes, les mathématiques nous apprennent qu’un problème bien posé est à moitié résolu, mais le temps de l’analyse et du diagnostic n’est pas pour autant extensible à l’infini. Et que nos hauts lieux soient empaillés constitue un handicap, pas un alibi. D’ailleurs, l’échelle de l’économie réelle, la grande comme la petite, peut être une source d’inspiration. Cette édition de votre journal vient le rappeler avec à-propos. Au niveau de la distribution, l’enquête “Open Point” (p. 16) fait ainsi apparaître plusieurs opportunités d’investissements. Certes les trésoreries grincent et les banques sont frileuses, mais certains savent que c’est là que se niche la rentabilité de demain. L’étude Peinture (p. 22) souligne que face à la crise, de nombreux fabricants s’échinent à conserver leurs effectifs pour maintenir la proximité avec les clients et surtout une vraie possibilité de rebond quand les temps seront meilleurs. En outre, le reportage à Tanger (p. 42) nous montre que Renault a mille fois raison d’investir au Maroc et dans la zone Euromed, même si les coulisses “diplomatiques” sont parfois minées. Les chiffres et les perspectives nous renvoient d’ailleurs à ce qui était -et peut encore être- un prolongement du projet européen. Un projet qui permet, de surcroît, une autre réinterprétation de la mondialisation et une autre réponse à la crise, loin de la fâcheuse mode de la procrastination.