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Edito - Parierons-nous sur l’enseignement ?

Publié le 8 mars 2012

Par Alexandre Guillet
2 min de lecture
“Si l’éducation de la jeunesse est négligée, ne nous en prenons qu’à nous-mêmes, et au peu de considération que nous témoignons à ceux qui s’en chargent”, Jean le Rond d’Alembert, au 18e siècle !

La question de l’enseignement n’a pas la place qui devrait être la sienne dans la campagne présidentielle et le débat public en général. Pis encore, on la cantonne à deux pôles qui servent en fait de voies de digression vers des plates-formes idéologiques. D’une part, les milliers de jeunes qui sortent du système sans diplôme, peinant même sur le socle “lire-écrire-compter”. D’autre part, les grandes écoles, le classement de sortie de l’ENA, l’élite en somme. Deux sujets importants, mais qui ne doivent pas occulter l’immensité du reste, l’enseignement de tous considéré comme un ensemble à vocation de cohérence et d’excellence.

Tout d’abord, deux écueils doivent derechef être torpillés. Primo, le raccourci des comparaisons, le fantasme de la duplication pure et simple. On nous sert l’apprentissage allemand sur un plateau (voir notre étude p. 32) ! Soit… A-t-on fait le lien avec le tissu des entreprises de ce pays, notamment les ETI et les PME ? Copions donc la Finlande, en tête du classement PISA ! A-t-on pris en compte le nombre d’habitants et le PIB par habitant de ce pays ?
Secundo, il conviendrait d’en finir avec le mythe d’un enseignement utilitariste, comme le répète à l’envi Cédric Villani, accessoirement Médaille Fields 2010. On pense à Paul Valéry : “Un enseignement qui n’enseigne pas à se poser des questions est mauvais”. Et pour coller au plus près des fameux “besoins métiers”, n’oublions pas le bras armé plus indiqué de la formation continue.

Aujourd’hui, la France, que l’on veut forcément en crise et irrémédiablement déclinante, a une belle opportunité à saisir. Contrairement à la plupart de ses voisins, elle a dans sa manche l’atout de la démographie, dont l’importance ne doit pas être sous-estimée, souvenons-nous du bon côté des travaux de Raymond Barre. Chacun sait cependant que le nombre ne fait pas tout. Ce n’est qu’associé à la matière grise qu’il se transforme en formidable levier de compétitivité pour un pays. Cela mérite un projet et un investissement massif sur l’enseignement.

Pour l’heure, nous n’avons que des chapelles concoctant des livres blancs dans leur coin et des candidats professant leur foi pour lutter contre l’illettrisme, oubliant au passage l’illettrisme scientifique qui ravage notre pays. Mais la question de l’enseignement n’est pas soluble dans les bons sentiments et la morale.
 

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