Edito : Nature morte
Symbole, le mot est lâché… Et Rossetti peindrait sans doute aujourd’hui la circulation alternée, ou pis encore, l’écologie politique…
Déjà abondamment commenté, mais aussi travesti en une rhétorique binaire par les hommes politiques, le sujet mérite cependant encore quelques mises au point.
Primo, la circulation alternée peut naturellement être une bonne mesure ponctuelle, surtout si elle se double d’une dimension préventive. Cela requiert donc du cadrage et de la pédagogie, surtout après le fatras qui a suivi l’annonce officielle, brisant net son embryon d’auréole. Passons rapidement sur la symphonie d’approximations et de promesses qui fut jouée ensuite, surtout que chacun sait qu’à l’avenir, on rasera payant en toutes circonstances.
Secundo, la “loi sur l’air” ne date pas d’hier, puisqu’elle remonte formellement à 1996, avec Corinne Lepage à la baguette. Que de temps perdu… On avait tenté de raviver la flamme avec le Grenelle de l’environnement, mais il fut prestement transféré au cimetière d’Elseneur, tragédie oblige. L’échec relève donc bien du fait politique et il est honteusement naïf de l’attribuer aux lobbies. Les lobbies jouent leur rôle, influent mais prévisible, point.
Enfin, vu le contexte économique, ce serait une erreur lourde de replonger par facilité ou opportunisme dans la stigmatisation de l’industrie automobile et des automobilistes. Nous devons au contraire soutenir nos champions nationaux et une distribution qui amorce une mutation de fond.
Sinon, à force de taper dans les boîtes vides ou périmées, nous risquons de perdre in fine sur les deux tableaux : la qualité de l’air (et l’environnement en général) et la performance de la filière automobile. Or la France a suffisamment d’atouts dans sa manche pour ne pas devenir un musée de natures mortes.
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