Edito : “Mate c’te gamos !” (*)

La semaine passée, dans un anonymat prononcé qui ne surprendra plus personne, Jean Fabre s’est éteint à l’âge de 93 ans. Jean Fabre était à l’origine un éditeur scolaire, mais il aura marqué les esprits au milieu des années 60 en lançant l’Ecole des loisirs avec Jean Delas et Arthur Hubschmid. Une maison d’édition qui va ré-enchanter la lecture pour les jeunes, en s’affranchissant notamment de la contrainte scolaire. Des signatures comme Claude Ponti, Maurice Sendak, Toni Ungerer, Grégoire Solotareff ou Geneviève Brisac feront le reste, à savoir un succès qui perdure.

L’automobile ferait bien de trouver son Jean Fabre, c’est-à-dire quelqu’un qui serait capable de ré-enchanter l’automobile auprès des jeunes. Si les tout petits ont montré avec Cars qu’ils continuaient à adorer la voiture, il s’agit plus de convaincre la génération Y, parfois insaisissable et tout à la fois promesse et casse-tête des marketers. L’essor de la connectivité dans les véhicules va assurément dans le bon sens, car pour reprendre la formule du professeur Bernard Cova, ces jeunes recherchent “le lien plus que le bien”. Dans cette perspective, la démonstration de l’industrie automobile au CES de Las Vegas a significativement marqué les esprits. Reste à proposer cette nouvelle valeur ajoutée dans des modèles aux tarifs accessibles, quelle que soit la forme épousée par le tarif soit dit en passant. Reste aussi à assumer une segmentation des “jeunes” selon les marchés, au regard de la maturité et de la croissance de ces derniers. En Europe, comme au Japon d’ailleurs, sous l’effet de la crise économique, la tâche est d’autant plus ardue… Dans notre traditionnel dossier “Prévisions”, les analystes d’IHS n’annoncent d’ailleurs qu’un rebond minime pour les marchés français et européen. Il reste cependant des sources d’inspiration, comme le Festival Automobile qui s’ouvre prochainement, ode au design et aux concept-cars. A savoir l’émotion et le futur automobile. A cette occasion, Rémi Depoix et son jury remettront une Palme d’Or à Vincent Bolloré. Le créateur d’Autolib’, tiens tiens…

(*) “Regarde cette belle voiture”, en langage “djeun” !