Edito : Made in Europe

L’été 2011, marqué par la crise des dettes souveraines venant ébranler plus encore l’Espagne et l’Italie et faire planer une ombre sur la France, a accéléré le mouvement vers le nœud de l’intrigue : quand l’Europe s’éveillera ou quand l’Europe s’effondrera… Comme le disait Jorge Semprun juste avant de disparaître, il faut empêcher que “la crise économique, en se prolongeant, provoque une remise en cause de la solidarité européenne”. De surcroît, même si la mode est volontiers à la flagellation et au défaitisme, il convient de rappeler que l’Europe a encore beaucoup de ressources, d’autant qu’elle n’a pas l’exclusivité de la dette sur l’échiquier mondial, loin de là. Même si le débat est vaste, elle a aussi, qu’on le veuille ou non, la force de la démocratie, une terre rare qui en vaut bien d’autres. Reste la question de la volonté… A ce sujet, il est intéressant de prêter attention aux propositions d’industriels pour dynamiser la compétitivité et maintenir l’emploi.

En Italie, Sergio Marchionne déploie des trésors de pédagogie pour affirmer qu’il est possible de sauver le “made in Italy” (voir p. 12&13). Il y a un prix à payer, bien sûr, l’opulent train de vie du passé devant être réexaminé à l’aune de la globalisation. Philippe Varin avait aussi évoqué un nouveau pacte pour enrayer la désindustrialisation et régénérer la compétitivité du site France. Le raisonnement en filière, incluant les PME et leur mobilité, mérite d’être aussi salué. Il s’agira ensuite de retranscrire cette volonté au niveau politique, dans chaque pays mais surtout à l’échelle du pouvoir européen. Faire de Bruxelles un projet plus qu’un lobby ou un “réglementor”. C’est le prix de la construction d’une opinion politique européenne et donc, de l’adhésion. Le prix de la fierté du “Made in Europe” dans le monde.

“La sagesse, c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue quand on les poursuit”, écrivit Oscar Wilde, un Irlandais…