Edito : Le “braguettier” chinois

En cette Toussaint 1541, la fresque monumentale de Michel-Ange fut donc découverte face à un public choisi d’érudits et de puissants, trié sur le volet par le Pape. Plusieurs écrits rapportent que la stupéfaction fut grande ! Tant de corps et de figures représentés, tant d’enchevêtrements, tant de violence dans les mouvements ! La nudité choqua aussi et le 21 janvier 1564, Pie V prit la décision de la recouvrir. La tâche fut confiée à Daniele da Volterra qui hérita du sobriquet le “braguettier”.

La comparaison n’incluant pas l’esthétique, le marché chinois tel qu’il se présente à nous relève du Jugement Dernier. Tant de marques, tant d’enchevêtrements de JV et de contrats, tant de mouvement dans les implantations, les rachats, les accords… Sur le Salon de Shanghai, les notions de marque, de multimarquisme, d’exclusivité… telles que nous les appréhendons communément sont d’ailleurs mises à mal. La prolifique frénésie commerciale relègue, pour l’heure, au second plan, des sujets qui pourraient fâcher. D’autant que Pékin n’a pas encore nommé son “braguettier”. Ce dernier aura pour mission de structurer le marché, dans une optique de concentration et de consolidation, avec des élus et des damnés. En revanche, on ne sait pas qui sera chargé, à l’avenir, de venir rénover le ciel chinois quand les émissions de millions de véhicules auront bien avancé dans leur travail de mites…

Enfin, à propos de damnés, ouvrons une parenthèse sur Saab qui n’est encore que pénitent, certes… L’épisode de la reprise vire à la cacophonie… Outil de production dévasté, image écornée, annonces inconséquentes, l’heure est grave. Au moment du Jugement Dernier, seul un Chinois -mais lequel ?- semble pouvoir sauver Saab. C’est ce qu’on souhaite à cette marque.