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Constructeurs

Edito : La dévastation et l’attente

Publié le 31 mars 2011

Par Alexandre Guillet
2 min de lecture
Un éditorial à prendre avec des pincettes si l’on en juge par les vives réactions des internautes estimant déplacés des articles secondaires au moment de grandes tragédies de nature fort diverse.

Alors oui, parler de l’industrie automobile peut sembler dérisoire à certains, mais si la terre a tremblé, elle ne s’est pas pour autant arrêtée de tourner.

Dévastation. Nous débuterons donc par quelques lignes de silence en hommage à nos amis japonais.

Une catastrophe qui a aussi frappé l’outil industriel de Nissan. Décidément, Renault n’est pas épargné par les crises, là encore de nature fort diverse. Tension sous haute médiatisation suite à des suicides rapprochés dans le temps, catastrophe naturelle et bien sûr, “affaire” supposée d’espionnage ou de machination. C’est ce dernier épisode qui retient notre attention. Sur le fond, laissons la justice faire son travail. Sur la forme, force est de constater que le groupe a failli sur l’épreuve de communication sensible devenue ensuite communication de crise. C’est d’ores et déjà un cas d’école pour les cabinets spécialisés…

Trois décisions lourdes de conséquence ont été prises. Tout d’abord, ne pas avoir vérifié la véracité des faits initiaux et avoir, dès lors, perdu d’emblée la maîtrise de la chaîne de l’information, dans son étendue comme dans ses possibles déformations. Dans un tel contexte, une base saine est primordiale pour rester éducable aux circonstances. Par ailleurs, avoir choisi le temps médiatique plutôt que le temps judiciaire, en essayant même d’accélérer le tempo avec des 20 Heures banalisant la tragédie grecque jusqu’à une vilaine série B. Enfin, s’être jeté sans mesure dans la stratégie du bouc émissaire. La Société Générale avait réussi un tour risqué en misant sur un contexte déliquescent, du genre “tous corrompus” et une profession aussitôt honnie que découverte. Mais monsieur Balthazard n’a rien d’un trader…

Au final, Renault -et non l’un ou l’autre de ses dirigeants- a le rôle du persécuteur, avec une suspicion d’inconséquence, pour ne pas dire plus… Déjà qu’une réputation de schizophrène, fondée ou non, était en train de naître… Aucune conséquence commerciale significative à craindre, mais un travail d’image et de confiance, surtout en interne, à mettre en œuvre. Une aussi longue attente…

“Tout ceci s’exprimerait assez simplement en remarquant que le nombre des conditions indépendantes imposées à un acte mesure le degré de conscience”, Paul Valéry.

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