Edito : La compétitivité sous le choc
L’efficacité de la technique n’a sans doute pas échappé à Carlos Ghosn et Philippe Varin. Sachant que la température de la crise européenne est basse, ils n’hésitent pas à nous dire que la température ressentie est pire encore. Et pour faire bonne mesure, que nous entrons dans un tunnel glaciaire…
Philippe Varin répète à l’envi que le marché européen restera au mieux atone jusqu’en 2015-2016. Mais si vous demandez des prévisions détaillées sur cette zone, on vous répondra : “Impossible de faire des prévisions, voyons”. Comme un hiatus… Carlos Ghosn lâche que le lien intime qui lie Renault à la France pourrait être remis en cause. Les deux présidents multiplient les comparaisons entre usines, toujours à charge contre les sites français.
Deux constats. On nous parle de la confiance comme hormone de croissance, mais dans ce contexte, de quelle confiance peut-on vouloir parler ? Par ailleurs, les analyses de nos grands dirigeants sont souvent justes, mais parfois biaisées, utilisées comme justificatifs d’actions ponctuelles, fermetures d’usine ou plan social. Ce n’est pas la base la plus saine pour repenser l’industrie.
Justement, le rapport Gallois sera présenté dans quelques jours. Profitons-en. Arrêtons les joutes lexicales, ce n’est pas le concours de l’agrégation dont il est question. Arrêtons aussi de réclamer un nouveau-nouveau rapport. Après l’institut Montaigne, Attali, Ferrand, Schweitzer et maintenant Gallois, on a ce qu’il faut en matière grise.
Si les fuites émanant du GFI sont exactes, le patronat trouverait des motifs de satisfaction dans les propositions du rapport Gallois : enrayer la dérive du coût du travail, promouvoir une “flexi-sécurité” pour lever les freins à l’embauche, asseoir une sérénité fiscale, à moyen terme au moins. Sans oublier le sponsoring du véhicule électrique déjà assuré par notre productif forçat du charme, de marinière vêtu.
Dès lors, il n’y aurait plus de faux-fuyant. Il resterait à Carlos Ghosn et Philippe Varin de nous montrer que leurs groupes (Renault en tant que marque, pas l’Alliance) ont les qualités pour être compétitives : gestion saine, design, innovations, etc.
En méditant avec Raymond Aron : “La difficulté de déterminer les causes de la croissance tient avant tout à ce que la croissance se mesure, qu’elle est une quantité, mais les phénomènes qui la déterminent sont essentiellement qualitatifs”.
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