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Constructeurs

Edito : Et pourtant il tourne !

Publié le 10 mai 2011

Par Alexandre Guillet
2 min de lecture
Le globe automobile ! Et il déplace ses masses… Le Salon de Shanghai vient de s’achever en fanfare, nouveau nombril du monde automobile (1). Presque simultanément, l’OICA, désormais présidée par Patrick Blain, a diffusé les chiffres de la production de voitures dans le monde.

Même si la crise fut loin d’être indolore et que ses stigmates sont encore visibles, la production de VP et de VUL a progressé entre 2007 et 2010, passant d’environ 73 à 77,6 millions d’unités. Au sommet de la pyramide, on retrouve sans surprise la… Chine. Avec une carte de 18,2 millions, la Chine représente désormais près du quart de la production mondiale de VP et VUL. D’une manière générale, les fameux BRIC progressent fortement, en passant de moins de 16 millions en 2007 à 27 millions en 2010. Sans parler du Mexique, de la Turquie, de la Thaïlande, de la Malaisie… Le concert des marchés reste symphonique, mais le chef d’orchestre et les grands solistes ont tendance à changer…

Et parmi ceux que la redistribution des rôles sanctionne, se trouve la… France. Dans l’intervalle de la crise, sa production est passée de 3 à 2,2 millions de VP et VUL. Avec une belle dégringolade du 6e au 10e rang mondial. Justifier ce recul par l’émergence de nouveaux marchés et le principe de proximité semble un peu court. Surtout au regard des chiffres stables présentés par l’Allemagne ou encore l’Espagne, pourtant peu épargnée par la crise. Deux pays de la zone euro, faut-il le rappeler. Ergoter sur les charges, sur la base de données chiffrées travaillées avec la même transparence qu’un sondage électoral, ne mène pas non plus bien loin. Pas plus que d’invoquer la mécanique de la subvention qui endette l’Etat. Derrière ces chiffres, comme le soulignait Rémy Prud’homme dans une chronique intitulée “Renault hors sol” dans Le Monde du 2 mai, il y a une stratégie, des choix de dirigeants.

Il est grand temps de prendre ses distances avec le mythe de la “mondialisation heureuse” qui met du gagnant-gagnant à toutes les sauces. Et de ne plus voir la seule R&D comme un sacro-saint sauveur. Comme l’écrit Régis Debray dans son dernier essai (2), “En épousant le global marketplace, en “internalisant” l’économie d’échelle et de gamme (...) on déguise une multinationale en une fraternité”.

(1) Retrouvez le compte rendu du Salon de Shanghai dans notre prochaine
édition.

(2) Eloge des frontières, Gallimard (2010)

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