Edito : Désarçonnés ?
Dans son dernier essai, intitulé Les désarçonnés (Dernier Royaume Tome 7, Editions Grasset), Pascal Quignard évoque ceux qui tombent puis qui se relèvent. Mais pour renaître, changer, il faut repasser par la détresse originaire. Faire le vide, un grand vide. “Toute métamorphose suppose un reconditionnement à zéro.” On y croise notamment Saint Paul, Abélard, Montaigne, Agrippa d’Aubigné, George Sand, bouleversante, tous ayant en commun d’être devenus ce qu’ils ont été à la suite d’une chute de cheval.
Aujourd’hui, l’Europe et surtout la France, et les deux sont liés, n’en déplaise aux racoleurs du repli sur soi, ne sont peut-être pas loin de la chute… On est presque effrayé à l’idée que certains, même en hauts lieux, semblent se résigner au besoin de l’attendre ou pis, semblent en faire un désir mimétique. Il suffit d’aller en Espagne ou en Grèce pour constater que l’économie réelle, cette horrible expression qui induit la domination des algorithmes, est déjà bien dévastée et qu’il y a urgence. Reconditionnement à zéro. Il est temps de revenir à l’effort. Effort de pensée, effort de créativité, effort du travail.
Cela ne peut passer que par l’Europe, tous secteurs d’activités confondus, l’automobile en tête. A cet égard, les bisbilles estivales de l’ACEA sont précisément ce qu’on ne peut plus se permettre. D’autant que le temps ne joue pas en notre faveur à l’échelle du globe. Il y a un besoin d’Europe et n’ayons plus peur des mots, un besoin de plus de fédéralisme. Une Europe rampe de lancement plus qu’une Europe carcan. Car pour reprendre une célèbre citation du 20e siècle, il est stérile de “rogner le pied pour l’adapter à la chaussure”.
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