Edito - Delayed / Retardé
Juste une idée, on pourrait mettre en scène En attendant Godot dans une concession automobile ! Vladimir et Estragon seraient les vendeurs et attendraient les clients venant acheter des véhicules 100% électriques. Des clients qui ne viennent pas… Comme dans la pièce originale, ils pourraient alors se poser des questions : est-ce le bon jour ? Que faire en attendant ? Les harangues de Pozzo nous rappelleraient les certitudes qui nous furent parfois assénées avec morgue et condescendance.
Le problème du véhicule électrique n’a rien d’insoluble ni de dramatique et, comme chez Beckett, on peut presque penser qu’il repose initialement sur un quiproquo. A savoir que le VE a d’abord été présenté comme une innovation de rupture, dans un registre high-tech et dans une veine environnementale à la fois alarmiste et prophétique. Vrai ou faux… toujours est-il que cette combinatoire sémantique s’est abîmée sur le récif aussi prosaïque que saillant de l’autonomie limitée. Par ailleurs, vis-à-vis des aspirations du client potentiel, peut-être a-t-on oublié un peu vite l’âge moyen de l’acheteur de VN sur les marchés traditionnels. Quant aux marchés émergents, le VE peut-il être aussi aspirationnel qu’une rutilante Audi ? En outre, la crise, le pouvoir d’achat contraint et la prudence du législateur n’ont pas aidé la cause du VE, notamment par rapport à l’enjeu des flottes et des infrastructures.
Cependant, n’étant pas en l’espèce tributaire d’une rhétorique judiciaire, doit-on vraiment jeter un puzzle neuf au prétexte qu’il lui manque quelques pièces ? Ne serait-il pas plus indiqué de prendre le temps de fabriquer les pièces en question ? C’est ce que pensent aujourd’hui nombre d’acteurs de ce nouvel écosystème. Soudain, une lointaineté nous apparaît. Et comme tout se joue sur fond d’investissements significatifs, l’attente ne se départit plus de son fidèle double-fond intranquille.
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