Contrefaçon : Attention : un pare-brise peut en cacher un autre
...marché du vitrage n'est pas épargné par la contrefaçon, un phénomène qui commence à faire son apparition dans certains pays d'Europe de l'Est et du Sud. Les fournisseurs locaux semblent faire en effet peu de cas de la sécurité de manière générale et distribuent des produits d'origine douteuse ne respectant pas le cahier des charges constructeurs. "Outre les problèmes de confort, comme les fuites, que peuvent rencontrer les automobilistes, explique Christophe Chapat, directeur général d'Autover, la sécurité de ces derniers est cruellement mise en défaut avec ces produits. En cas de retournement du véhicule, par exemple, la sécurité n'est plus assurée, et les passagers risquent de se faire éjecter." Même logique du côté d'ARG Automotive, avec Muriel Draillard, la responsable grands comptes, qui pointe du doigt certains pays, comme l'Italie, la Grèce et le Royaume-Uni, où les prémices de la contrefaçon dans le vitrage se sont fait sentir. "Ce n'est pas encore dans des proportions critiques, mais la copie de ces produits peut effectivement engendrer, en cas d'accidents, des blessures sérieuses. La responsabilité du réparateur qui pose des copies est essentielle, c'est vrai. C'est pourquoi il est important de communiquer sur la qualité de ses produits et sa responsabilité de professionnel." Pour l'instant, l'Europe n'a pas suffisamment de recul pour établir clairement et officiellement une jurisprudence, mais aux Etats-Unis, deux plaintes ont déjà été posées et abondent dans le sens avancé par le verrier. A la suite d'un accident ou une passagère s'est fait éjecter du véhicule, la compagnie d'assurances de l'assurée s'est vue poursuivie pour n'avoir pas vérifié au préalable d'où venait le pare-brise qui avait entre-temps été changé. Il s'est avéré que ce dernier n'était pas conforme. "L'éducation et la formation des poseurs sont essentielles, reprend Christophe Chapat, C'est pourquoi nous accentuons nos relations non seulement avec eux, mais aussi avec les assureurs qui doivent vérifier les produits qu'ils remboursent. Notre objectif est de former une relation équilibrée tripartite entre les poseurs, les compagnies d'assurances et nous-mêmes." Autover estime qu'ainsi, le secteur s'assainira de lui-même. "S'il n'y a pas de contrôle permanent, il peut rapidement devenir anarchique", assène son directeur général, qui trace un parallèle avec l'univers de la carrosserie, dont certains membres n'hésiteraient pas à poser des produits de réemploi, sans vérification aucune de la part des assureurs. Il est en effet facile pour un spécialiste aux tendances véreuses, bien qu'agrémenté, de poser un produit qui ne soit pas d'origine ou de qualité équivalente. Christophe Chapat pense que ce n'est qu'en systématisant le processus par l'informatisation de la chaîne que le secteur sera mieux contrôlé et donc épuré. "De toute façon, ce n'est qu'en remplaçant un pare-brise d'origine par un autre que l'on rend sa valeur au véhicule." Autover n'a semble-t-il pas observé de résistance farouche de la part des poseurs. "En effet, ils ont compris que non seulement leur responsabilité était en jeu, mais également leur réputation. S'ils la perdent, cela peut être dramatique pour eux."
Muriel BlanchetonSur le même sujet
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