Comment Lynk&Co compte se réinventer
Les ventes ne sont pas bonnes. Alors que Lynk&Co annonçait lors de son lancement en 2021, l'ambition d'immatriculer à terme 10 000 voitures par an, force est de constater que le compte n’y est pas.
En 2023, le 01, son seul modèle disponible sur le marché français (et européen), a été immatriculé à seulement 3 307 exemplaires (+6,7 %). Et ce n’est guère mieux sur les trois premiers mois de l’année. La marque chinoise, détenue par Geely, s'est effondrée de 74,3 %. Elle n'a écoulé que 225 voitures.
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"Nous devons effectivement faire évoluer notre business model", reconnaît Nicolas Lopez Appelgren, nommé début 2024 à la tête de Lynk&Co Europe. Comment ? En distribuant ses modèles via un réseau de distribution. Un changement à 180° de la stratégie initiée par Alain Visser, l'ancien patron de la marque.
L'échec des ventes digitales
Lors du lancement, il indiquait que la vente de voitures pouvait désormais se passer de concessionnaires. Cette stratégie ne semble donc pas avoir porté ses fruits. Et elle paraît d’autant plus étonnante que, dans son pays d'origine, la marque est distribuée par un réseau physique de plus de 300 sites...
Dans le détail, Nicolas Lopez Appelgren reste assez discret. Il indique néanmoins que les futurs distributeurs seront sous contrat de concessionnaire et non pas d'agent. Néanmoins, il n'a pas indiqué le nombre de sites en France, mais promet une bonne couverture pour l'après-vente. "Les clients sont prêts à faire plus d'une heure de route pour acheter un véhicule, mais souhaitent avoir du service proche de chez eux", souligne-t-il.
Deux nouveaux véhicules d'ici 2025
Le déploiement de cette nouvelle stratégie débutera à la fin de l'année au moment où la marque lancera un deuxième véhicule. "Il s’agira d’un crossover 100 % électrique, qui sera entre le segment B et C", présente-il. Il reposera sur la base du Volvo EX30 et des Smart #1 et #3, qui rappelons-le, sont également des modèles produits par Geely.
En 2025, Lynk&Co prévoit également de commercialiser un autre véhicule, sans donner plus d’information, si ce n’est qu'il sera hybride rechargeable. "Nous croyons beaucoup en cette technologie qui est une offre pertinente comme transition vers le tout électrique et qui ne répond pas forcément à toutes les attentes", explique Nicolas Lopez Appelgren.
Volvo dans la boucle
Pour accompagner la marque, on pense donc tout naturellement au réseau Volvo, une hypothèse ni confirmée ni infirmée par le dirigeant. En tous cas, cela pourrait en prendre le chemin, car une partie du réseau européen de Volvo, à savoir 320 concessionnaires, a déjà en charge l’après-vente de la 01. Y compris en France, comme nous l’a confirmé un membre de la filiale française.
Idem pour l’occasion. Si Lynk&Co travaille activement avec BCA pour écouler ses VO, et plus récemment avec Autorola, la marque s’apprête à signer un partenariat avec Volvo pour faire apparaître des modèles Lynk&Co sur le site occasion de Volvo, une mesure qui ne devrait pas satisfaire la filiale française.
Néanmoins, même si le 01 repose sur la plateforme du Volvo XC40, Nicolas Lopez Appelgren assure que les deux sociétés sont totalement indépendantes et disposent de leur propre stratégie.
En outre, selon nos informations recueillies auprès du réseau français, les discussions entre Lynk&Co et le réseau Volvo seraient au point mort depuis plus de six mois. "Même si nous nous sommes organisés pour recevoir les marques cousines de Volvo (Lynk&Co, Polestar, Zeekr, NDLR) et que la logique voudrait que nous soyons également distributeurs Lynk&Co, nous n'avons reçu aucune assurance de l'être", nous a-t-on indiqué.
L'abonnement se poursuit
De plus, Lynk&Co ne délaisse pas son offre d’abonnement sans engagement, qui était son concept initial lors de son lancement en Europe. "Nous observons que cette offre correspond à un besoin, notamment pour une clientèle urbaine et plus jeune que la moyenne d'âge habituelle des acheteurs de voitures", observe le président.
Sur ce mode d'utilisation, le réseau futur sera en revanche sous contrat d'agent. Pour rappel, la durée moyenne de la location en Europe est de 18 mois ; la moitié des véhicules est relouée, l'autre moitié part dans les réseaux d'occasion.
Toutes les offres de copartage seront également conservées, "d'autant plus que cela fonctionne assez bien en France", assure le porte-parole français de la marque qui indique qu'environ 20 % des abonnés mettent à la disposition leur véhicule en copartage.
La fin des clubs
Quant aux clubs Lynk&Co, lieu de vie pour promouvoir la marque et son produit, Nicolas Lopez Appelgren souhaite réduire la voilure. "C'est un concept très intéressant lorsque vous lancez une marque, explique-t-il. Cela permet de la faire connaître au plus grand nombre. Mais dès que la marque se développe, c'est une activité qui coûte assez cher et qui n'est pas très pertinente s'il existe un réseau à côté."
Le club Lynk&Co inauguré le 23 avril 2024 à Madrid, le douzième en Europe et le deuxième en Espagne, sera donc probablement le dernier. "Nous n'avons aucun projet d'ouverture de club pour la France", indique notre interlocuteur.
En Chine, Lynk&Co est distribué dans 300 points de vente. La marque dispose à ce jour d'une gamme de huit véhicules et a immatriculé environ 200 000 unités en 2023.
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