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Constructeurs

Chirac et l’automobile, l’autre histoire française

Publié le 27 septembre 2019

Par Romain Baly
4 min de lecture
Si le défunt président n’a jamais cultivé un goût prononcé pour l’automobile, son histoire personnelle et sa carrière sont pourtant intimement liées à ce secteur d’activité. Retour sur quelques moments marquants.
Si le défunt président n’a jamais cultivé un goût prononcé pour l’automobile, son histoire personnelle et sa carrière sont pourtant intimement liées à ce secteur d’activité. Retour sur quelques moments marquants.

 

Décédé ce jeudi 26 septembre 2019 à l’âge de 86 ans, le président Jacques Chirac laisse derrière lui une riche carrière. Pendant près de 40 ans, il a occupé les plus hautes fonctions étatiques de la Corrèze (député) à l’Elysée (président de 1995 à 2007) en passant par la mairie de Paris (1977-1995), une pléiade de ministères et Matignon (par deux fois).

 

Durant toutes ces années, le « Grand Jacques » comme certains aimaient à l’appeler, a été le premier défenseur de son pays. Depuis 24 heures, on ne cesse de voir et de revoir ses apparitions dans tous les coins de France et de Navarre, en meeting ou encore au salon de l’Agriculture (un évènement qu’il n’a jamais loupé en quatre décennies), claquant des bises et serrant des mains.

 

Paris Match et la 403

 

Derrière ses images bien connues, se dessine également une autre histoire. Chirac n’a jamais été passionné par l’automobile. Pourtant, tout au long sa carrière, plusieurs modèles et initiatives l’ont raccroché à ce secteur. Et là encore, il était question de défendre le savoir-faire tricolore.

 

Bien sûr, on imagine mal un élu de la nation se montrer en public installé au volant ou à l’arrière d’un véhicule de marque étrangère mais la communication ne fait pas tout. En 1967, tout juste âgé de 35 ans, le secrétaire d’État aux Affaires sociales, en charge des problèmes d’emploi au sein du gouvernement Pompidou IV, se met en scène dans le magazine Paris Match réparant une Peugeot 403.

 

Il choisit Peugeot pour sauver Citroën

 

Un an plus tard, alors que le pays est paralysé par les grèves de mai 68, il prend part aux accords de Grenelle et contribue notamment à désamorcer le blocage de l’usine Renault de Billancourt. En 1974, Georges Pompidou décédé, Valery Giscard d’Estaing arrive à l’Elysée et nomme Jacques Chirac  Premier ministre. L’occasion pour lui d’aider un autre constructeur français. Aux abois suite au premier choc pétrolier, Citroën, alors détenue par Michelin, cherche un repreneur. Si certains ministres penchent pour Renault, Chirac retient finalement l’offre de Peugeot. Son gouvernement prête un milliard de francs pour financer ce rachat qui donne naissance à PSA.

 

Nouvel édile de Paris depuis un an, Jacques Chirac est victime d’un grave accident de voiture le 26 novembre 1978 sur une route de Corrèze. Il en ressort sérieusement touché aux jambes et au dos mais n’en perd pas sa verve. Quelques mois plus tard, il lance ainsi une célèbre diatribe qui lui coûtera moqueries et critiques 25 ans plus tard. « Lorsque je vois avec quelle fureur on traque l’automobiliste, au lieu de traquer les gangsters… En mettant des forces de l’ordre – d’ailleurs de grande qualité – sur les routes où les autoroutes pour verbaliser, avec du matériel moderne, des radars… Et ceci simplement pour empêcher que les gens aillent au-delà de 120 ou 130 km/h. »

 

Le président des radars automatiques

 

Une prise de position qui ne manque pas de sel lorsqu’on se remémore, et on a tendance à l’oublier, l’ambition de Chirac entre ses premiers et seconds mandats de faire diminuer le nombre d'accidents sur les routes françaises, « les plus dangereuses en Europe », dit-il à l’époque. Un vaste chantier s’ouvre et aboutira au déploiement des premiers radars automatiques dans tout l’Hexagone dès 2003. Lui qui à ses débuts expliquait apprécier « plus le pain, le pâté, le saucisson, que les limitations de vitesse » amorce ainsi un élan qui permettra en dix ans de diminuer de moitié le nombre de morts sur les routes tricolores.

 

CX, SM, C6...

 

Mais comment évoquer Chirac sans son élection de 1995 ? Les images rassemblant la France et le président sont légions mais l’une des plus fameuses remonte au 7 mai 1995. Elu depuis deux heures, il quitte l’Hôtel de Ville de Paris pour rejoindre son QG de campagne à bord d’une Citroën CX Prestige. Dix jours plus tard, lors de la cérémonie d’investiture, c’est encore un modèle de la marque aux chevrons qui est à l’honneur.

 

Pour défiler sur les Champs-Élysées, Jacques Chirac choisit une SM décapotable qui avait été commandée en 1972 au carrossier Henri Chapron par le président Georges Pompidou, rendant ainsi hommage à l’un de ses mentors politiques. S’en suivront pendant ses 12 ans à Élysées des Renault Safrane, Peugeot 607 et Citroën C6. C’est d’ailleurs à bord de celle-ci qu’il quitte le palais présidentiel pour la dernière fois, le 16 mai 2007, laissant sa place à Nicolas Sarkozy.

 

Jacques Chirac bricolant une Peugeot 403 (Paris Match, 1967).

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