Acouphènes
Il faut reconnaître que la crise ne cessant d'enfler, le théâtre des opérations se précarise fortement. Le marché ouest-européen pourrait bien glisser de 8 % sur l'exercice, alors que tout le monde tablait sur un marché à -4%. Stratèges et analystes n'avaient vraisemblablement pas anticipé l'effondrement espagnol, pas plus que les trous d'air anglais et italien. Aux Etats-Unis, JD Power a encore révisé à la baisse ses prévisions pour 2008, à environ 13,6 millions d'unités. Et les prévisions sont très sombres pour 2009. Ainsi JD Power et Global Insight n'excluent pas "un possible effondrement du marché mondial l'an prochain", quand Ferdinand Piëch prédisait récemment dans les colonnes du Bild Zeitung "une traversée du désert" pour l'automobile. Dès lors, les fanfares militaires des plans de croissance prennent le ton plus adagio de certaines veillées. On a laissé la pression des stocks atteindre son climax (ce qui fragilise aussi fortement les concessionnaires…), et il faut désormais prendre des mesures radicales (voir page 12). On raccompagne les intérimaires à la porte, on ferme une usine, puis des usines, dix jours, puis quinze puis vingt.
Les majorettes du Mondial sont allées se rhabiller, place aux costumes rayés, lèvres pincées pour annoncer des révisions spectaculaires de marge opérationnelle. Les actions dérapent, les marchés eux-mêmes déboussolés n'ayant pas l'heur d'attendre. Voilà pour la partie audible du spectacle actuel, en temps réel, en économie bien réelle.
Reste le concert d'acouphènes qui doit hanter bien des dirigeants. On n'entend rien, mais on devine. Et c'est parfois cacophonique.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.