PSA renonce partiellement à faire venir des ouvriers polonais
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PSA a fait machine arrière, samedi 13 juin 2020, sous la pression du gouvernement quant à sa décision de faire venir en France certains de ses ouvriers polonais pour renforcer les équipes de son usine d'Hordain, dans le Nord. "Compte tenu de l'émotion que ce sujet suscite", ce que "nous comprenons dans le contexte actuel du pays", "nous avons travaillé à une solution alternative", permettant "de monter cette équipe supplémentaire" finalement constituée "majoritairement d'intérimaires", a déclaré à l'AFP le responsable communication de PSA Hordain, Jean-Pierre Papin.
Cette équipe, qui sera composée de quelque 530 personnes, comprendra toutefois "quelques collègues" d'usines PSA européennes "qui continuent de subir les effets de cette crise et pour qui il s'agit d'une solution solidaire afin de leur permettre d'avoir une activité", a-t-il ajouté. Il y aura finalement 124 salariés de l'usine de Gliwice dans la troisième équipe ainsi que 235 intérimaires et la direction recherche encore 174 salariés dans ses usines européennes mais aussi des intérimaires.
Cette prise de parole est intervenue de longues heures après l'annonce par Bercy d'un renoncement pur et simple à ce projet par le patron du groupe, Carlos Tavares, au terme d'un entretien avec le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, dont le ministère a fait part à l'AFP. "Le ministre a eu Carlos Tavares ce matin, les deux hommes s'entendent bien, ça a été une discussion constructive et M. Tavares s'est engagé à revenir sur cette décision", a déclaré Bercy.
Le gouvernement était monté au créneau vendredi 12 juin au soir pour déminer ce sujet sensible, au lendemain de l'annonce par l'Insee de la destruction de près d'un demi-million d'emplois dans le secteur privé, un drame social provoqué par un effondrement de 40 % de l'intérim sous l'effet des mesures de confinement prises pour lutter contre l'épidémie de Covid-19. Les ministres du Travail et de l'Economie, Muriel Pénicaud et Bruno Le Maire, avaient alors demandé à PSA "d'embaucher en priorité les intérimaires" et de "renoncer" à ce projet annoncé la veille par la direction à l'issue d'un CSE. La direction avait fait savoir aux élus syndicaux qu'un "premier contingent" de 120 Polonais de l'usine de Gliwice (produisant des Opel Astra) allait arriver, puis que 150 autres les rejoindraient la semaine suivante, tous pour une mission de trois mois, logés par l'entreprise dans la région et payés selon la convention collective française du secteur.
Solidarité européenne
"Dans la situation actuelle, les entreprises doivent tout faire pour protéger l'emploi en France", a estimé le gouvernement. Un CSE extraordinaire doit entériner cette nouvelle option, lundi matin, dans le Nord, a indiqué Franck Théry secrétaire général de la CGT PSA d'Hordain. La CFE-CGC PSA a salué une solution "socialement responsable", tout en soulignant que l'usine Gliwice de PSA "est la seule usine du groupe qui n'a pas encore retravaillé suite au confinement". "Il ne faut pas non plus laisser ces salariés dans une situation de précarité. Le groupe PSA est une entreprise avec une forte empreinte européenne, la responsabilité sociale au niveau européen en découle", a conclu le syndicat.
Une vision européenne également mise en avant par le Medef. "Je comprends l'émotion que ça a pu susciter (...). Mais c'est un sujet complexe, parce que c'est un sujet de solidarité européenne", a déclaré Geoffroy Roux de Bézieux, interrogé dans l'émission Le Grand Jury. "Ces salariés-là, ils sont en sous-activité en Pologne et le risque c'est qu'il y ait un plan de licenciement en Pologne", a-t-il expliqué. "Si chacun se replie sur son égoïsme national, on n'y arrivera pas", a-t-il affirmé, en soulignant que le projet de PSA prévoyait de payer les salariés polonais aux salaires français, donc sans dumping social. "On serait en France, il y aurait une usine en sous-activité à Montbéliard et une usine en suractivité à Hordain, on déplacerait les gens pour trois mois, ça ne poserait pas de problème. Là, c'est parce qu'il y a des frontières entre les deux...", a-t-il développé.
"Réagir avec agilité et efficience"
"C'est une victoire mais elle doit en appeler d'autres. On va rester hyper vigilants. La venue des travailleurs polonais à PSA Hordain est annulée, (...) mais on va continuer à se battre pour que ce soit le cas aussi ailleurs", en Moselle par exemple, a déclaré à l'AFP Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord. Dans l'usine mosellane de Trémery, qui emploie "une quinzaine" de salariés du site de Mulhouse en renfort, "on a annoncé qu'on réfléchissait à faire venir des employés d'autres sites PSA de France et de l'étranger" sur la base du volontariat, notamment des ouvriers allemands, a indiqué à l'AFP une porte-parole de l'usine PSA de Tremery et du site voisin de Metz, qui fait travailler 50 ouvriers polonais de l'usine de Gliwice.
PSA avait justifié sa décision de faire appel à ses salariés polonais en expliquant que la "crise économique brutale" générée par l'épidémie de Covid-19 nécessitait "de réagir avec agilité et efficience, afin d'assurer la pérennité du groupe PSA". "On est au stade de chercher des solutions pour trouver des gens pour rejoindre nos équipes qui ne sont pas au complet, sans faire appel à des intérimaires" puisqu'il y a encore des mesures de chômage partiel dans le groupe, selon les fonctions et les sites, a indiqué la porte-parole de Metz. (avec AFP)
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