VE : l'intérêt est là mais pas les moyens
Les Européens sont globalement partisans du véhicule électrique (VE). C'est en tout cas ce que révèle la dernière étude de l'Observatoire Cetelem de l'Automobile (6 000 personnes interrogées en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Belgique, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Pologne, en Russie et en Turquie). Les sondés se sont dits intéressés par cette technologie à 71 %, les plus enthousiastes étant à rechercher du côté de la Turquie (93 %) et les plus sceptiques du côté de l'Hexagone (54 %). "Les consommateurs français sont aussi ceux qui disposent de beaucoup d'informations sur les VE", nuance Flavien Neuvy, le responsable de l'Observatoire Cetelem.
Rien d'étonnant donc s'ils font aussi partie de ceux qui sont les moins disposés à acquérir un VE parmi ceux qui se sont dits intéressés : seulement 57 % d'entre eux sont prêts à franchir le pas, contre 82 % en Turquie pour 93 % de sondés intéressés et 76 % en Russie pour 87 % d'intéressés (30 % au Royaume-Uni avec des sondés qui se disent intéressés à 56 %). Tous ces décalages entre les manifestations d'intérêt et les désirs d'achat ne doivent bien sûr rien au hasard.
Si les sondés de tous les pays considèrent que les VE sont une solution d'avenir pour l'environnement (84 % pour l'ensemble et 75 % en France) et qu'ils affichent un bilan carbone nul ou inférieur à celui des véhicules thermiques en termes de GES (93 % pour le panel et 97 % en France), ils sont aussi très nombreux à estimer que la production et le traitement des batteries pose un problème environnemental mais aussi et surtout que les prix de vente de ces véhicules restent encore trop élevés.
Pour preuve : 49 % des Européens n'envisagent aucun effort financier pour acquérir un VE, les Français étant franchement majoritaire avec un taux de 57 %. Dans l'Hexagone, ils ne sont que 31 % à accepter un effort supplémentaire de 1 à 9 %, 10 % un surcoût de 10 à 30 % et enfin 2 % un effort supplémentaire supérieur à 30 %. Bref, les tarifs actuels ne correspondent pas franchement à leur pouvoir d'achat. Pour preuve : les sondés français estiment que le VE sera rentable pour eux lorsque le prix du carburant atteindra 2,9 euros le litre (3,4 euros pour l'ensemble des Européens mais 5,4 euros en Turquie et 5,7 euros en Pologne).
Les Français ont en outre beaucoup de mal à accepter le principe de la location de batteries à l'acquisition d'un VE, et ce, à l'instar de tous les autres consommateurs sur le Vieux Continent. Les Français ne sont pas intéressés par ce type de solution - achat + location - à hauteur de 69 % (63 % en Europe, avec un scepticisme moindre à rechercher pour l'essentiel du côté de l'Italie et du Royaume-Uni car ce type de solution n'intéresse pas leurs populations à hauteur de "seulement" 53 %). Autre barrière à lever, d'après l'étude : l'autonomie des batteries.
Ces dernières, que nombre de consommateurs jugent comme non fiables sur une longue période, doivent afficher des niveaux d'autonomie plus importants si les constructeurs souhaitent accroître le potentiel d'acquéreurs de VE sur le Vieux Continent. En effet, si 82 % des Européens et 77 % des Français parcourent moins de 100 kilomètres par jour, 55 % des Européens et 71 % des Français n'envisagent pas l'achat d'un VE ayant une autonomie inférieure à 250 kilomètres. "La mise en place de bornes de recharge rapide sur la voie publique est jugée indispensable par 59 % des Européens et 61 % des Français", ajoute Flavien Neuvy. Les sondés considèrent aussi que la filière de la voiture électrique n'est pas suffisamment soutenue par les pouvoirs publics (64 % en Europe et 71 % en France).
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