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Le marché de l'éthylotest cherche son souffle

Publié le 12 juillet 2017

Par Gredy Raffin
4 min de lecture
Le mois de juin a marqué le début d'une campagne de communication et de sensibilisation sur les risques de l'alcool au volant, orchestrée par le Synpad, le syndicat des fabricants d'éthylotests. Un projet mené dans un contexte particulièrement flou pour les acteurs du secteur.

 

IIl y a quelques jours a débuté une campagne de communication destinée à sensibiliser les conducteurs sur les risques de l'alcool au volant. Celle-ci est menée par le Synpad, le Syndicat des acteurs de la Prévention des risques de l'alcool et des drogues. A cette occasion, le Synpad édite le livre blanc de l'éthylotest qui sera également distribué aux organismes tiers dont l'Afnor (certification), la DSCR (Sécurité Routière), l'INC (consommateurs) qui pourront se faire les relais de ce support d'information, notamment par le biais de leurs sites Internet.

 

La fenêtre de tir a été choisie par Tony Soldevilla, le président du Synpad. "Nous estimons que le moment est venu de reprendre la communication, de sensibiliser le public", a-t-il expliqué au Journal de l'Automobile. Le document, un livre blanc de l'éthylotest, servira à rappeler le cadre législatif et les sanctions encourues, la définition d'un éthylotest, les différences entre les produits, les solutions technologiques, leur utilisation dans le monde du travail. "Nous attirons aussi l'attention sur l'absence d'offre des assureurs", liste aussi Tony Soldevilla.

 

C'est en effet là que le bât blesse. Les lieux stratégiques manquent à l'appel pour les éthylotests. Les canaux de distribution se sont fermés. Physiques tout du moins, telles que les pharmacies et les grandes surfaces, car Internet continue son office. Aujourd'hui, la DSCR estime à 11 millions le nombre d'unités annuelles. Un chiffre que conteste le président du Synpad. En cumulant les éthylotests et les embouts, son association, constituée de huit des onze acteurs majeurs du marché hexagonal, table sur un volume de 8 millions de pièces. 95 à 98% de ce total concerne des éthylotests à usage unique, par opposition aux électroniques, réutilisables, qui oscillent entre 2 et 5%.

 

Le fléau des arnaques

 

Les éthylotests, de fait, ne représentent que peu de chose en France. Moins de 5% du parc roulant français en serait équipé, d'après le Synpad. "La non-détention n'est plus sanctionnée, regrette-t-il. Le précédent gouvernement a détricoté la législation sur la base de doutes émis par des associations." Ce qui n'était qu'une problématique de stock au départ a pris une autre tournure bien plus lourde de dommages pour l'industrie. La quasi-totalité des fournisseurs du Synpad sont placés en sauvegarde ou en redressement. 1500 emplois directs et indirects ont été supprimés, pour tomber à 500 personnes, à ce jour, selon Tony Soldevilla.

 

Et comme un malheur ne vient jamais seul, les le discrédit est jeté sur le produit en lui-même. La filière française fait l'objet d'une concurrence de "produits exotiques" à prix cassés, jamais homologués, sinon d'arnaques pures et simples. Le dernier cas remonte au printemps. Un site en ligne a écoulé des éthylotests pour un montant estimé à plus de 600000€. "Ils étaient vendus 36 à 79€ alors qu'en Asie, ils sont facturés 3,56 dollars, commente Tony Soldevilla. Très peu ont été livrés et les Internautes se sont retournés contre nous, en tant que commerçant, raconte-t-il. Dans le même registre, la filiale allemande d'un site d'achats groupés a réalisé une opération éclair de 10000 unités à 9,90€ en deux jours sur notre territoire", déplore le président du Synpad.

 

La connectivité comme ressort ?

 

La connectivité des produits peut être un remède à l'atonie du marché. La société de Tony Soldevilla, Alcopass, s'apprête à commercialiser un produit communicant. Il doit débarque cet été, a priori. A défaut d'homologation en France, il s'est tourné vers les instances européennes pour délivrer un certificat de conformité. Pour concevoir son produit, il a fait appel au même partenaire qu'un de ses concurrents, entré, lui aussi, sur le créneau par l'argument de la connectivité.

 

Objectivement, les éthylotests connectés n'auront qu'un effet levier, éphémère comme une mode. "Il y aura ensuite un tassement. Seules les applications, l'écosystème et l'esprit communautaire pourront pérenniser. Raison pour laquelle nous allons proposer notre SDK et notre API aux développeurs", promet le dirigeant d'Alcopass. Des valeurs que l'instigateur, Karl Auzou, chez Good Angel, défend depuis ses débuts également, à titre de comparaison. Durant ce laps de temps, ill faudra être en mesure de baisser les coûts de production. Tony Soldevilla pense que le prix acceptable d'un éthylotest se situe à hauteur de 69€ pour un consommateur, or il reste impossible pour les fabricants de facturer moins de 100€ à l'heure actuelle.  

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