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Constructeurs

De l’importance de l’invisible

Publié le 29 mars 2012

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
Si les résultats financiers du groupe Volkswagen peuvent impressionner, ils sont, en grande partie, la conséquence d’un outil industriel très performant conjugué à une politique de plates-formes toujours plus efficace et flexible. La preuve avec la nouvelle plate-forme modulaire MQB, qui ouvre de nouvelles possibilités d’économies tout en offrant plus.
Avec cette nouvelle plate-forme, le groupe Volkswagen a évoqué une baisse du coût unitaire de 20 % et un gain de 30 % en temps de conception.

Le groupe Volkswagen n’aura bientôt plus qu’une seule plate-forme capable de se plier aux impératifs d’une très large partie de la gamme. En effet, de la Polo à la Passat en passant par la Golf et le Tiguan, ainsi que leurs équivalents techniques dans les gammes d’Audi, Seat et Skoda, tous utiliseront la nouvelle plate-forme modulaire maison baptisée “MQB”. Autant dire que les économies vont être encore plus substantielles. Dans cette même logique de standardisation, le constructeur a réduit de 88 % le nombre de variantes de moteurs et de boîtes qui seront disponibles sur cette plate-forme MQB. Cependant, cette rationalisation ouvre également une porte sur le futur puisque cette nouvelle architecture peut d’ores et déjà accueillir les systèmes hybrides et électriques. Ainsi, la Golf Blue-e-motion, attendue pour 2013, reposera-t-elle sur cette plate-forme. Mais, en attendant, cette MQB, que les nouvelles A3, Leon et Golf VI vont inaugurer cette année, permet aussi de revoir complètement les modèles en les rendant plus légers, mais aussi plus sûrs et mieux équipés grâce aux économies d’échelle. Volkswagen annonce déjà jusqu’à 20 nouveautés liées à la sécurité et à la connectivité sur la prochaine Golf. Cette gestion des plates-formes voulue et initiée par Ferdinand Piëch constituait déjà un avantage pour le groupe Volkswagen, mais là, il reprend une longueur d’avance. D’autant que la MQB n’est pas seule, elle vient en fait quasiment boucler la boucle. En effet, avec elle, qui est réservée aux véhicules compacts avec moteur transversal, il existe la MLB, pour les architectures longitudinales, qui est déjà utilisée par Audi sur les A4, A5 ou Q5 notamment, et la MSB, qu’utilisent déjà les up!, Mii et Citigo. Une petite partie de la New Small Family du groupe. Enfin, une dernière plate-forme est destinée aux véhicules sportifs du groupe.

Inversion de la courbe de poids

Avec cette nouvelle plate-forme, le groupe va mettre au régime l’ensemble de ses modèles. En effet, le constructeur annonce que les futurs véhicules seront plus légers de 40 kg, malgré les améliorations en termes de sécurité ou d’équipements. La plate-forme en elle-même est plus légère de 18 kg, grâce notamment à l’utilisation de 85 % d’aciers hautement résistants. Des aciers qui pourront, à terme, être remplacés par de l’aluminium. Mais la chasse au poids ne se limite pas à la structure puisque les futurs composants intérieurs seront également plus légers de 10 kg. Même le circuit électrique perdra 3 kg. Ainsi, la nouvelle A3, dévoilée à Genève, est au final plus légère de 80 kg, dont 40 sont à mettre à l’actif de cette nouvelle approche. Une bonne nouvelle pour l’efficience globale des modèles, mais aussi et surtout pour la flexibilité et la rentabilité du groupe Volkswagen. En effet, en plus de faire baisser le coût unitaire de 20 %, cette plate-forme MQB va également permettre une flexibilité inédite dans les usines grâce à une large réorganisation des tâches que le constructeur a regroupées sous le nom de plate-forme de production modulaire (MPB). A l’image de la plate-forme qui sera utilisée pour une Golf, une Passat ou un Tiguan, la standardisation dans les usines sera également la règle ouvrant de nouvelles possibilités. Un nouveau process de fabrication qui va des ateliers de presses à l’assemblage final. Cette philosophie servira de fondements pour les usines à venir et sera progressivement mise en place dans les existantes. Ainsi, la dernière usine chinoise du groupe, à Foshan, sera le premier exemple montrant les possibilités qu’offre la conjugaison des MPB et MQB puisque le site va produire la nouvelle Audi A3 et, d’ici mi-2013, la nouvelle Golf.

Même démarche modulaire pour les mécaniques

Ce travail sur la structure n’est pas le seul engagé par le constructeur, qui lance, avec cette nouvelle politique de plates-formes modulaires, de nouvelles mécaniques. Aussi bien essence que Diesel. Et là encore, les changements sont tout aussi importants que pour la plate-forme. Il ne s’agit pas d’une simple amélioration de l’existant, les ingénieurs ont revu l’implantation de nouvelles pièces, mais aussi l’angle de montage sous le capot, etc. Noms de code de ces nouvelles familles : EA 211 et EA 288. Ainsi, les nouveaux blocs essence de la famille EA211 vont-ils remplacer ceux de la famille EA 211 que nous connaissons aujourd’hui. Inaugurée par la up! et son trois cylindres, cette lignée va se poursuivre avec des quatre cylindres. L’A1 et la Polo sont les premières à avoir bénéficié du nouveau 1.4 TSi 140 ch avec la gestion active des cylindres (ACT). L’offre s’élargit au fil des lancements avec le 1.4 TSi 122 ch, mais aussi un bloc 1.2 TSi disponible en deux puissances, 85 et 105 ch.

Quant aux blocs Diesel, ils vont eux aussi faire leur révolution avec la famille EA 288 qui reposera sur des 1.6 90 ch et 2.0 pouvant aller jusqu’à 190 ch. Ces mécaniques respecteront la norme Euro 6 avec adjonction ou non de l’AdBlue, selon les modèles. Pour mémoire, Audi vient de signer un contrat de 500 millions avec Plastic Omnium pour la fourniture, chaque année à partir de 2015, de 500 000 systèmes de dépollution fonctionnant avec l’AdBlue. Toujours au chapitre mécanique, la plate-forme MBQ est naturellement apte à accueillir des propulseurs hybrides ou électriques. Ces deux nouvelles familles reprennent donc la même philosophie, notamment de partage systématique de composants. Ainsi, pour les moteurs essence, culasse, bloc cylindres, bielles, vilebrequin, mais aussi collecteur d’admission, filtre à air, papillon, refroidisseur d’air de suralimentation, tout est standardisé. En plus d’un évident intérêt économique, tout ceci permet un gain de poids puisque le nouveau bloc 1.4 TSi 140 ch pèse 22 kg de moins que la précédente génération.

Le groupe Volkswagen prouve, si besoin était, que les succès n’entament en rien sa détermination et sa volonté de toujours faire mieux. “Une entreprise qui pense être installée est une entreprise dont le déclin a commencé”, nous avait confié un jour Louis Schweitzer, alors président de Renault. Parions que Martin Winterkorn et les membres du directoire partageraient volontiers cette citation.

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