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Altarea, une gestion de flotte pragmatique

Publié le 2 octobre 2025

Par Damien Chalon
6 min de lecture
Face à la flambée des coûts, aux nouvelles contraintes fiscales et à la pression environnementale, le groupe immobilier Altarea redéfinit de fond en comble la gestion de sa flotte. Entre réaffectations millimétrées, allongement des contrats de LLD et déploiement du crédit mobilité, la responsable de la mobilité Nadjia Dahamni se démène pour trouver les meilleures alternatives.
Le siège parisien du groupe est déjà équipé en bornes de recharge, ainsi que certaines agences sur le territoire. ©AdobeStock

Chez Altarea, la flotte au­tomobile ne se résume pas à une ligne budgé­taire. C’est un casse‑tête stratégique, un sujet RH, une question sociale. Et dans un secteur immobilier particulière­ment secoué, la rationalisation des coûts est une nécessité. "Nous gérons aujourd’hui 550 véhicules pour l’en­semble des entités du groupe, mais cela fait deux ans que nous n’avons passé aucune commande", confie Nadjia Dahamni, responsable de la mobi­lité.

 

Face à l’incertitude économique et à la hausse des coûts, les renouvel­lements ont été mis sur pause. Résul­tat, chaque départ de collaborateur devient l’opportunité d’une réaffecta­tion. "C’est une vraie gymnastique. Il faut prendre en compte le kilométrage, la localisation du véhicule, le modèle souhaité… et surtout éviter de créer de la déception. Un véhicule mal af­fecté peut engendrer des surcoûts ou du mécontentement", ajoute‑t‑elle.

 

Pour préserver l’expérience des col­laborateurs, tout est fait "en bonne intelligence", dans une logique de maîtrise budgétaire avec, en ligne de mire pour les salariés, le sujet épi­neux des avantages en nature (AEN). Rappelons que depuis le 1er février 2025, les véhicules réaffectés au‑delà de cette date sont soumis au nouveau calcul des voitures de fonction, peu favorable aux modèles thermiques.

 

 

Nadjia Dahamni, responsable de la mobilité du groupe Altarea.

 

Prolongation systématique

 

Avant même de généraliser les ré­affectations, Altarea a lancé une première vague d’optimisation en procédant à l’extension des contrats de location longue durée, initia­lement de 48 mois et 80 000 km. "Nous avons poussé nos contrats au maximum, jusqu’à 72 mois et 160 000 km chez les loueurs qui l’au­torisent. Cela nous a permis de garder des loyers raisonnables et de préser­ver le niveau de confort des conduc­teurs", précise Nadjia Dahamni.

 

Pour ceux qui souhaitent conser­ver leur véhicule au‑delà du terme initial, des avenants sont proposés, le surcoût étant en partie absorbé par l’entreprise. Les collaborateurs les plus sensibles au sujet des AEN peuvent aussi choisir un modèle al­ternatif, plus économique.

 

Quoi qu’il en soit, la responsable de la mobilité doit composer avec les contraintes d’une flotte multiloueur, où les géné­ralistes (Ayvens, Arval, Alphabet) et les captives se côtoient. "Certaines captives ne permettent pas de prolon­gation et stoppent les prestations des contrats à la date d’échéance. Nous essayons progressivement de les sor­tir", concède‑t‑elle.

 

Alors que la fiscalité 2025 se durcit et que la loi d’orientation des mobi­lités (LOM) impose des quotas de véhicules à faibles émissions, Alta­rea prépare prudemment sa future car policy. "Nous avons déjà exclu le diesel depuis quatre ans, confie Nadjia Dahamni. Notre parc est principalement composé de véhicules essence et hybrides, mais nous ne sommes pas encore prêts pour un pas­sage en 100 % électrique."

 

 

À ce jour, une dizaine de véhicules électriques sont sous contrat. La bascule vers le tout électrique, potentiellement agrémentée d’hybrides rechar­geables, soulève bon nombre d’interrogations et de sujets que l’entreprise entend bien résoudre d’ici le premier trimestre 2026 et la reprise d’un rythme de commande normal.

 

Le passage à l’électrique n’est pas qu’une question d’infrastructures ou de coûts. C’est aussi une équation sociale. "Comment expliquer à un collaborateur qui roule 400 km par mois ou plus qu’il n’est pas éligible à un véhicule électrique et que son AEN va augmenter significativement ? Il y a un vrai sujet d’équité à traiter avec les RH", admet la responsable de la mobi­lité.

 

Pour répondre à ces défis de l’élec­trique, Altarea est prêt à explorer de nouveaux formats comme la location moyenne ou courte durée, plus souple, mais potentiellement plus coûteuse.

 

 

Le crédit mobilité trouve son public

 

En guise de véritable alternative aux voitures de fonction, l’entreprise pro­pose depuis 2020 le crédit mobilité. D’abord lancé à petite échelle, ce dis­positif a pris son envol avec l’appui de RoadMate et ce, depuis 2023. "Le crédit mobilité nous permet d’accom­pagner des profils très divers : des col­laborateurs qui ne roulent pas assez, d’autres qui n’ont même pas le permis ou encore ceux pour qui la voiture est devenue inutile en milieu urbain", explique Nadjia Dahamni.

 

Aujourd’hui, près de 80 employés l’ont adopté et la dynamique est en­clenchée. "C’est un dispositif, ajoute la responsable de la mobilité, qui permet à l’entreprise de maîtriser ses coûts puisqu’il n’y a pas de sinistres, pas de frais de restitution, pas d’excé­dents kilométriques. La réduction des dépenses est de 15 %."

 

Grâce à Road­Mate, les utilisateurs bénéficient d’une carte de paiement dédiée à la mobilité (vélo, train, transports en commun, autopartage, etc.) avec un plafond défini selon la catégorie du véhicule auquel ils auraient eu droit.

 

 

Un cadre strict est néanmoins ap­pliqué. Tous les déplacements ne sont pas éligibles. "Pas question de réserver un vol pour Tahiti ou New York !", plaisante Nadjia Dahamni, la limite fixée étant les déplace­ments réalisés en train ou en avion qui auraient pu être effectués avec une voiture de fonction.

 

Mais pour le reste, la flexibilité est de mise. Le crédit mobilité s’utilise pour des déplacements privés, par exemple en réservant des billets de train pour un week‑end ou un départ en vacances en famille.

 

Altarea estime qu’une centaine de collaborateurs pourraient à terme basculer vers le crédit mobilité. Mais là aussi, la démarche se veut pragma­tique. "On n’impose rien, temporise la responsable de la mobilité. On sen­sibilise, on propose. Certains collabo­rateurs sont très attachés à leur voi­ture de fonction, d’autres découvrent qu’ils peuvent très bien s’en passer."

 

L’autre possibilité est d’associer un crédit mobilité à une voiture de fonc­tion électrique plus petite que celle à laquelle le salarié a droit du fait de son statut. Alors que la flotte repré­sente le deuxième poste de dépenses de fonctionnement du groupe après l’immobilier, toute optimisation est bonne à prendre.

 

 

"Initialement, nous voulions apporter une solution à nos collaborateurs. Aujourd’hui, c’est devenu une évidence : le crédit mobi­lité de RoadMate permet de maîtriser notre budget flotte de bout en bout", se félicite Nadjia Dahamni.

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