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Industrie

Comment les Français changent leurs habitudes à la pompe

Publié le 23 octobre 2018

Par Alice Thuot
4 min de lecture
L’évolution des comportements d’achat des automobilistes, conjuguée à la pression sur les prix des carburants, commence à transparaître à la pompe. L’usage de l’essence, et plus particulièrement du SP95-E10, n’a jamais été aussi important.
La hausse du prix de l'énergie plonge les ménages et les TPE/PME dans une situation d'urgence.

 

Ce n’est pas un scoop, les ventes de diesel s’érodent au fil des mois en France, avec une proportion historiquement basse de 36 % en septembre 2018 et de 40 % depuis le début de l’année. Une évolution logiquement favorable à l’essence, avec des conséquences, dans une moindre mesure, mais déjà visibles, à la pompe. Selon les derniers chiffres de l’Ufip, la part du gazole dans la consommation de carburants routiers en France en septembre est certes largement restée majoritaire – à 78 % –, mais a affiché un recul de 1 % par rapport à la même période de 2017. Depuis le début de l’année, cette baisse a atteint 3,3 % pour le diesel avec, parallèlement, une hausse de 3 % pour l’essence. Avec, pour ce carburant, une part toujours plus importante du SP95-E10 contenant jusqu’à 10 % d’éthanol, première essence en France depuis 2017. Sa part de marché atteint désormais 42,7 % en septembre 2018 contre 32,3 % pour le SP95.

 

Cette montée en puissance peut s’expliquer par plusieurs paramètres : d’une part, logiquement, par le recul dans le parc français, mais surtout dans les ventes de véhicules neufs des diesel au profit des essence, désormais quasiment tous compatibles avec le SP95-E10, d’autre part, parce que certaines stations ont fait purement et simplement le choix de supprimer les pompes de SP95 et de SP98. Enfin, à noter que le SP95-E10 apparaît le moins cher au litre, soit 4 à 5 centimes en moins par rapport à un litre de SP95. Et ce, alors que la grogne commence à monter du côté des automobilistes, pris en étau par le coût toujours plus important des carburants.

 

La grogne des automobilistes monte

 

Les prix du carburant ont connu une hausse record à la rentrée 2018, qui devrait se poursuivre en janvier 2019 avec une nouvelle augmentation de 6,5 centimes sur le diesel. Le prix du litre de gasoil a ainsi augmenté de 25 % en deux ans. C’est dans ce contexte que les pétitions dénonçant cette inflation à marche forcée fleurissent. Avec, en tête, celle lancée par 40 millions d’automobilistes proposant aux Français d’écrire à Emmanuel Macron en joignant à leur lettre leurs tickets de caisse. Les divergences se font même clairement entendre au niveau du paysage politique. 

 

Ségolène Royal a dénoncé hier, lundi  22 octobre, cette fiscalité sur le carburant, estimant que le ministre de l’Economie Bruno Le Maire "cherche a justifier un matraquage fiscal par l’écologie". L’ancienne ministre de l’Environnement à jugé "non légale" cette hausse de taxe, estimant que "le gouvernement ne respecte pas l’obligation de l’article 1 de la loi de la transition écologique de 2015". Cette dernière prévoit en effet qu’un centime de plus généré par la fiscalité écologique doit se traduire par un centime de baisse ailleurs pour parvenir à une neutralité fiscale.

 

"L’Etat n’a jamais fait autant", selon le porte-parole du gouvernement

 

Une grogne qu’entend certes bien Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. Le litre de gasoil a ainsi augmenté de 25 % en deux ans pour atteindre jusqu’à 1,53 euro le litre. "Je sais que c’est beaucoup", a-t-il reconnu sur France 2. Mais le porte-parole a aussi fait savoir qu'il trouvait incohérente cette grogne des automobilistes. Selon ce dernier, "les Français sont aussi responsables : quand on a aimé Nicolas Hulot, on assume d’avoir une fiscalité comportementale. Ceux qui s’alarment de ça sont les mêmes qui, la larme à l’oeil, nous disaient : Nicolas Hulot s’en va, c’est terrible. On ne peut pas avoir dans notre pays un combat sincère pour l’écologie, contre le réchauffement climatique, et dire, on ne change rien à nos comportements", a complété le porte-parole qui a rappelé que la hausse du prix du diesel faisait partie du programme du candidat Macron lors de sa campagne présidentielle, et les aides que débloquait l’Etat via la prime à la conversion notamment. "L’Etat n’a jamais fait autant", a-t-il conclu.

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