Mitsubishi : Gamme Over

50 %. Ce sont les pertes de volume que déplorent les concessionnaires sur ce premier semestre. Le réseau Mitsubishi tire la sonnette d'alarme. Le constructeur n'apporte pas encore de réponse. Concrète tout du moins. Si un plan produit prévoit la commercialisation d'un véhicule électrique pour 2010 et entretient les espoirs de quelques concessionnaires, nombreux sont ceux qui envisagent de rendre le panneau. D'autant que ces derniers disent commercialiser Mitsubishi comme un "complément d'activité", une "valeur ajoutée" pour laquelle ils ne sont pas prêts à perdre indéfiniment de l'argent. Une approche de la marque à ce propos contestée par l'autre partie du réseau, composée de passionnés de la première heure. "Mais comment en sommes-nous arrivés là ?", s'interrogent-ils tous. "Erreur stratégique de la direction commerciale", répond un distributeur originaire du Golfe de Gascogne. Partenaire de Mitsubishi depuis 2000, il dresse le portrait d'un réseau "obsolète", "non fédéré" et "manquant de proximité". "Mitsubishi est une marque exclusive qui nécessite une connaissance parfaite du produit avant l'aspect financier", insiste-t-il. Avant l'application de l'écotaxe, il affichait de bons résultats. Assez pour attirer l'attention d'un autre géant japonais en recherche de partenariats sur la zone. Depuis, il a divisé par 10 ses ventes, table désormais sur une quarantaine d'immatriculations et a licencié 3 salariés. Mêmes échos en région ouest-parisienne où un concessionnaire enregistre - 1,2 point de part de marché, à 0,8 %. Malgré un mix des ventes qui s'appauvrit, "Mitsubishi persiste à maintenir un stock minimal, s'insurge le directeur du site, et ce, malgré une rotation moyenne de 6 mois".

En attendant le cap 2010, tant attendu, la direction commerciale demande à son réseau de maintenir à flot les ventes de 4x4 et de jouer à fond le va-tout Colt. "Certes, nous sommes prêts à suivre, mais dans ce cas, il faut resserrer la gamme, la remettre en phase avec le marché français, rétorquent les concessionnaires, quitte à supprimer quelques modèles". "Au vu de l'offre disponible au Japon, les choix sont mauvais en Europe", lance un directeur champenois, expliquant que la sportive Lancer est "sous-équipée" face aux berlines allemandes de catégorie identique ou que l'Outlander, sans aide à la vente, ne peut rivaliser avec ses cousins de chez PSA. Les professionnels reconnaissent que la maîtrise du parc roulant constitue un avantage certain pour les affaires. Aussi bien pour l'offre VO, qui ne s'essouffle pas, que pour le service après-vente, qui ne désemplit pas. Là, les avis sur le constructeur divergent, sauf sur la grande fiabilité des produits. "Manque de formation technique", disent les uns. "SAV trop procédurier dans le but d'imputer les frais au concessionnaire", se plaignent les autres. "En revanche, le taux de satisfaction sur les PR atteint 96 %, grâce à une très bonne logistique", souligne le directeur ouest-parisien. Comme pour beaucoup d'autres constructeurs, 2008 sera une année charnière pour le réseau Mitsubishi. Un exercice durant lequel les moins solides et les moins engagés disparaîtront des tablettes pour ne garder que les membres de confiance, prêts à investir pour qu'après la tempête, la barque puisse repartir de l'avant.