L’union et la force
Groupements, Conseils, Comités, Amicales… Quels que soient les noms que les organes de représentation empruntent, tous tendent vers un même but. Celui d’échanger d’une voie unique, représentative et, tant que faire se peut, constructive. Un besoin que l’on pourrait estimer vital pour toute corporation. De surcroît dans une relation contractuelle de cette nature. Pourtant, à faire un rapide tour d’horizon des différents réseaux de marques, on observe que tous ne disposent pas d’une structure légitime. Par incapacité à s’entendre, par volonté du constructeur, par le fait de péripéties contraires, ou pour toutes ces raisons à la fois.
En témoignent les difficultés de Kia, par exemple, à voir poindre un réel organe de représentation. Durant le 1er semestre 2009, sous l’impulsion de la marque, des élections avaient eu lieu, mais le quorum n’ayant pu être atteint, celles-ci avaient été invalidées. D’autres élections devaient se tenir, mais certains distributeurs mécontents de voir le constructeur orchestrer les choses avaient fini par boycotter l’initiative et entrepris une démarche indépendante qui avait conduit, elle, à la création d’un comité. Un groupement finalement tué dans l’œuf par son 1er président, suite à un conflit personnel avec la marque (voir article intitulé “Kia : des grêles qui font pschitt…” du 29/01/2010 sur www.journalauto.com). Depuis cette tentative avortée, le constructeur coréen ne dispose donc pas d’une délégation représentative de son réseau. Chez son cousin coréen, Hyundai, il n’existe pas de groupement non plus, mais “des partenaires de discussions privilégiés”. Sans doute intéressant pour une marque en construction. “Insuffisant”, diront certains, pour un réseau mature. L’importateur officiel de la marque en France n’y serait pas opposé. Un bon point. Car, “si un constructeur ne veut pas qu’un groupement existe, il n’a aucune chance d’exister”, nous confie un distributeur, autrefois impliqué dans un conseil de marque. Chez Chevrolet, Eric Wépierre, président de la marque en France jusqu’au 31 janvier prochain, lui préférerait justement un “franchise board”. Un comité de réflexion et de négociation, non représentatif, puisque les membres sont nommés par le constructeur lui-même. Certains distributeurs se sentiraient d’ailleurs lésés… Les conditions pour l’émergence d’un organe légitime ont parfois bien du mal à être réunies.
Changement de rôle
Cela étant, même lorsque l’organisation existe, certains problèmes demeurent. Qui pour prendre la tête du cortège ? Avec quel but et quels moyens ? Pour faire passer quels messages ? Pas ou peu de remous au sein des groupements des marques françaises. Ce n’est pas le cas partout. Récemment, BMW a par exemple eu son lot de difficultés. La faute à des points de vue dissonants entre différents membres du bureau. Des divergences conduisant notamment Jacques Tiriau, membre historique du groupement, à démissionner de son poste de co-président. Problèmes résolus avec l’élection d’un nouveau bureau et d’une nouvelle présidence voilà quelques mois. Chez Audi, c’est la difficulté de tenir un rôle “ingrat” face à un constructeur exigeant qui a privé le réseau de représentation durant six mois. Depuis l’élection du nouveau bureau, en mai 2010, le nombre d’adhérents est en “sensible hausse”. Preuve que ce n’est pas tant l’organe que la difficulté de la tâche qui rebutait les éventuels candidats. Des questions qui ne se posent pas dans le réseau de la marque à l’étoile. Chez Mercedes, 100 % des investisseurs adhèrent, en effet, au GCMB et 65 % des opérateurs siègent dans l’une de ses commissions.
Ces derniers mois, de manière générale, les différents groupements nous ont assurés d’un réel regain d’intérêt pour leur mission. Un succès traduit dans leur représentativité. Tous, ou presque, ont reconnu avoir gagné de nouveaux adhérents. Comme celui de Toyota, qui a même enregistré une croissance de 10 % l’an dernier. Une marque de reconnaissance, mais surtout d’utilité, dans une période où l’incertitude frappe les showrooms. “Le groupement doit être un moyen, pour le distributeur, de prendre un peu de recul. Nous avons tous besoin de prendre parfois un peu de hauteur pour prendre les bonnes décisions et s’offrir une vision “long terme” un peu plus claire. Car, avec le constructeur, nous ne discutons que de priorités à court terme”, nous confiait l’an dernier Jean-Paul Lempereur, président du GNCO. Alors, les groupements ont troqué leurs habits d’avocats pour ceux de coach personnel, accompagnant désormais la professionnalisation de certains métiers et s’immisçant parfois dans la gestion quotidienne des affaires.
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Suite à cet article, Chevrolet France a souhaité s'exprimer :
"“Nous estimons que l’article avançait des éléments malheureusement en contradiction avec la réalité quant à la position de Chevrolet et de son choix de travailler avec les représentants de son réseau. Permettez-nous d’aborder l’éclairage suivant sur ce point très important.
En mettant en place un Franchise Board particulièrement représentatif, Chevrolet estime donner le meilleur outil à son réseau pour travailler de concert à une véritable réussite commerciale. Organe légitime s’il en est, le Franchise Board Chevrolet est composé à parité de 8 membres de Chevrolet France et de 8 membres de son réseau représentant chacun une région. Ces derniers sont élus et renouvelés par moitié chaque année. Concrètement, cela signifie donc que chaque concessionnaire souhaitant s’investir et représenter ses pairs a les moyens de le faire… à condition d’être démocratiquement élu ! Tout au long de l’année, trois rendez-vous fixes précédés de deux commissions, une vente et marketing et une après-vente et formation, ce ne sont pas moins de 9 occasions distinctes de suivre le pouls du business et de prendre des décisions concertées qui sont données à ses différents membres. Avec ensuite la mission de diffuser les messages, décisions et/ou questions auprès de l’ensemble des distributeurs.
Chevrolet sait combien le travail fourni par son Franchise Board a su aider l’ensemble du réseau à opérer sur le long terme pour le bien commun de la marque et des investisseurs qui croient en elle.”
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