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Distribution

Agents Citroën : force vive d’un réseau

Publié le 30 juin 2006

Par Tanguy Merrien
5 min de lecture
Agent Citroën depuis 30 ans, Daniel Goumault porte un jugement tranché sur son métier : difficile mais passionnant… Aujourd'hui, le chef d'entreprise n'a qu'un seul objectif : transmettre une belle affaire à ses enfants. Portrait.  Daniel Goumault a...
Agent Citroën depuis 30 ans, Daniel Goumault porte un jugement tranché sur son métier : difficile mais passionnant… Aujourd'hui, le chef d'entreprise n'a qu'un seul objectif : transmettre une belle affaire à ses enfants. Portrait.  Daniel Goumault a...

...rejoint Citroën au début des années 70. Il voulait être mécanicien. Pendant 8 ans, il a appris les bases du métier dans la succursale de Caen, en Basse-Normandie, puis a évolué au fil du temps : mécanicien, chef d'atelier et enfin responsable de site. A la fin des années 70, Daniel Goumault voulait être son propre patron. Avec sa femme, il a acheté à Thaon, petite bourgade de la région, un atelier couplé avec une station-service (celle d'antan, lorsque le pompiste faisait lui-même le plein et vérifiait les niveaux). Les débuts sont difficiles. Avec l'aide d'un apprenti, le couple travaille d'arrache-pied pour faire tourner l'affaire. C'est à ce moment que Daniel Goumault fait appel à Citroën et devient agent de la marque. Un retour aux sources en somme. "C'était en 1978, se remémore-t-il, et ce qu'il y a d'extraordinaire dans cette histoire, c'est que Francis, mon ouvrier de l'époque, travaille toujours avec moi. Nous ne nous sommes plus jamais quittés". Un an plus tard, l'atelier intègre dans ses prestations de la carrosserie et le dépannage 24 heures sur 24. En 1986, les affaires marchent bien. A tel point qu'il faut déménager, non loin de là d'ailleurs, sur un terrain nu. "Je l'ai construit de mes propres mains cet atelier, sauf la charpente. A cette époque, je ne possédais qu'une caisse à outils et des dettes. Nous n'avions même pas les moyens de payer un entrepreneur. Nous travaillions le jour à la construction du site et au développement de l'agence, et la nuit, nous effectuions nous-mêmes les dépannages. Une vraie vie de fous". En 1994, la concession de Caen fait une proposition à Daniel Goumault : prendre en charge la préparation des VN et des VO, ainsi que la tôlerie et la peinture VO. Une sous-traitance qu'il accepte immédiatement. Pendant des années, sept préparateurs se sont activés autour des véhicules neufs et d'occasion qui entraient dans l'atelier (15 VO par semaine en moyenne). Le site totalisait alors 17 salariés en comptant les mécaniciens et le service administratif. La notoriété de l'agent Goumault se développe dans la région. "Passer de la petite entreprise familiale au stade de société, ce n'est pas facile", admet le dirigeant. Les responsabilités sont en effet différentes, les décisions prennent une tout autre ampleur, et la gestion des hommes est un exercice difficile. Aujourd'hui, l'agent possède deux baies Chronos Service, écoule 24 VN et 10 VO par an et possède un atelier de carrosserie couplé depuis peu avec le panneau Axial. "Il est vrai que l'adhésion à un réseau représente un coût supplémentaire, avoue-t-il, mais celui-ci m'a apporté des outils et des moyens qui me permettent de toucher les flottes par exemple ou bien les loueurs… une clientèle inconnue pour moi jusqu'à présent. Et Axial nous a donné une image plus professionnelle et sérieuse dans le domaine de la carrosserie. Faire parti d'un réseau est, selon moi, incontournable". Daniel Goumault ne garde comme seul objectif que celui de transmettre une affaire saine et rentable à ses fils qui se destinent au même métier que leur père. L'aîné sera préparateur, le second se voit plutôt dans la gestion de l'entreprise. Le dirigeant reconnaît volontiers que sans la volonté de ses enfants de reprendre le flambeau, il aurait tout arrêté. "Je me bats aujourd'hui pour que mes enfants reprennent dans 4 ou 5 ans, une affaire pérenne. Je mets tout en œuvre pour cela".

Le service au cœur des préoccupations 

 Après avoir investi 150 000 euros pour être aux normes Citroën, dans le cadre du nouveau règlement, Daniel Goumault se retrouve à la tête d'une agence agrandie et embellie. Les nouveaux clients affluent et l'impact publicitaire sur la population environnante est plus que sensible. L'agent se dote même en 2004 d'un technicien expert reconnu par la marque. Lorsque Citroën a fait savoir qu'en 2007, un second technicien expert devait être embauché, Daniel Goumault reconnaît s'être un peu énervé. "Ma première réaction fut assez vive dans la mesure où cela représente un coût supplémentaire. J'ai ensuite réfléchi. Je me suis dit qu'après tout, deux experts valaient mieux qu'un. En cas d'absence de l'un, l'autre prendra le relais. C'est à moi de leur trouver du travail au sein de mon agence. Je leur en trouverai". Le nouveau règlement a valorisé la profession et légitimé leur existence. Et le rajeunissement "phénoménal" de la gamme Citroën a incité certains clients à entrer pour la première fois dans une concession ou chez un agent de la marque. "Prenez la C3 par exemple. Nous voyons arriver de jeunes couples intéressés par ce modèle. Des jeunes qui ne venaient jamais chez nous auparavant". Sans parler de l'effet Loeb. L'agent Goumault est-il un agent heureux finalement ? La réponse est définitivement affirmative. "Notre force, c'est le réseau". Malgré son ascension, Daniel Goumault sait reconnaître les erreurs du passé. Des erreurs qu'il tente de mettre en évidence aujourd'hui auprès de ses enfants afin que ces derniers ne les répètent pas. "Le fait d'avoir du travail pendant des années, sans véritablement le chercher, nous a fait oublier à tous certaines priorités comme le service et le commerce, qui doivent être les bases de notre métier. Et je reconnais également que j'ai cruellement manqué de motivation pour m'impliquer dans le tissu économique local et développer ainsi mon relationnel. Ce sont des leçons pour l'avenir : ne jamais se reposer sur ses lauriers". Selon lui, les réseaux constructeurs se sont trop appuyés sur leur notoriété et n'ont pas su anticiper les attaques successives des centres autos. "Ces derniers sont des commerciaux depuis toujours car c'est leur culture. Nous, nous apprenons encore à l'être".


 Muriel Blancheton

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