Véhicules militaires : Opération PVP
...Peugeot P4 arrivent en fin de carrière après de longues années de bons et loyaux services. Pour remplacer une partie des 11 000 exemplaires équipant l'armée française, la Délégation Générale pour l'Armement (DGA) finalise le développement de sa remplaçante. Baptisé PVP, ce Petit Véhicule Protégé pèse tout de même 5 tonnes et répond à de nouvelles conditions d'engagement sur le terrain. Sur les plus récents théâtres d'opérations, ces 4x4 se sont retrouvés au plus prêt des combats, conditions pour lesquelles ils n'ont pas été conçus. Leur bâche rendait leurs occupants vulnérables et les quelques exemplaires munis de kits de protection commandés en urgence restaient insuffisants. L'arrivée d'un modèle répondant à ces nouvelles exigences devenait urgente.
Une base civile adaptée à un usage militaire
Le cahier des charges imposé par le ministère de la Défense était clair et témoignait d'un changement de mentalité. Le tout-terrain recherché devrait non seulement être blindé mais aussi utiliser des organes mécaniques issus de véhicules civils produits en grande série. L'appel d'offres a vu s'affronter le groupe anglais Vickers, Panhard, la Sofram et Auverland mais c'est le projet de ce dernier qui a été retenu. "Parmi ces quatre finalistes, le prototype présenté par Auverland a devancé assez nettement ses concurrents. Il répondait aux spécificités demandées et possédait une modularité intérieure très intéressante", explique Christophe Ramaen, ingénieur responsable du projet PVP au sein du service des programmes d'armement terrestre (SPART). Sur la base du châssis de l'un de ses modèles civils, Auverland a greffé un moteur Iveco turbodiesel de 2,8 l développant 145 chevaux, ainsi qu'une transmission automatique ZF. Comme le précise Christophe Ramaen, "les coûts de développement de ce 4x4 ont été réduits de moitié grâce à l'emploi d'organes mécaniques de série. De plus, cette définition technique facilitera l'entretien et en allégera le coût". Malgré ces économies, la valeur du contrat atteint tout de même 110 millions d'euros pour 933 véhicules commandés, soit un prix unitaire supérieur à 110 000 euros. Les 314 premiers exemplaires seront livrés en juin 2007 et les 619 autres arriveront progressivement dans les régiments jusqu'à mi-2012. L'accord prévoit également la fourniture des pièces de rechange pour les deux premières années ainsi que la formation des utilisateurs et des mécaniciens. Parallèlement à cette commande, d'autres armées étrangères ont exprimé leur intérêt pour le PVP. L'Allemagne représenterait notamment un marché de 2 000 exemplaires, pour une évolution quatre portes fabriquée sous licence par une entreprise locale. Plusieurs représentants du corps des "Marines" américains sont également venus jauger le tout-terrain français pour épauler leur célèbre Hummer, peu adapté aux conditions de combat rencontrées en Irak. De telles opportunités réjouiraient un constructeur qui a beaucoup investi pour industrialiser son prototype.
Le rachat de Panhard pour produire le PVP
Pour Auverland, l'attribution de ce marché a entraîné d'importants changements puisqu'il lui a permis de racheter son concurrent Panhard en 2005. Fort d'une longue histoire et d'une notoriété supérieure à celle de son acquéreur, le nom du doyen des constructeurs automobiles remplacera celui de son nouveau propriétaire sur les carrosseries du PVP. La fabrication du véhicule débutera dans l'usine Auverland de Saint-Germain Laval et l'assemblage final aura lieu sur les chaînes de l'unité Panhard installée à Marolles-en-Hurepoix (91). Autre conséquence pour Auverland, le choix de son projet a permis le dépôt d'un brevet concernant un nouveau blindage, plus léger que les protections traditionnelles.
De type "sandwich", il se compose de trois éléments. Une épaisseur d'aluminium recouvre une couche de céramique et un matériel dur sur lequel les projectiles viennent s'écraser. Ce blindage résiste au calibre d'une kalachnikov et aux munitions perforantes. Cette solution technique permet de gagner une tonne sur un tout-terrain qui en pèse cinq. Une telle masse classe officiellement le PVP comme un poids lourd qui possède donc une dérogation pour atteindre une vitesse limitée électroniquement à 110 km/h. Même si le moteur Iveco de 145 chevaux pourrait emmener le véhicule jusqu'à 160 Km/h, cette performance ne figure pas parmi les plus importantes pour l'armée. L'accent a été mis sur les capacités d'accélération du 4x4, sur ses qualités de franchissement et sa modularité qui a particulièrement intéressé les responsables militaires. Grâce à un système de rails disposés sur le sol et les parois, la cabine peut passer d'une version Rang (transport) à une version Commandement (communications) en moins d'une heure. En plus de ces avantages, l'un des principaux impératifs techniques du PVP se situait "dans sa capacité à boire des carburants exotiques", explique Christophe Ramaen, raison pour laquelle "le véhicule reste aux normes Euro 3 et bénéficie donc d'une dérogation qui l'autorise à rouler légalement", poursuit le responsable du projet. "Les injections haute pression de dernière génération sont trop capricieuses pour ingurgiter des mélanges de mauvaise qualité, très courants lors d'opérations en Afrique. Nous menons donc des essais pour mesurer le rendement et l'endurance du moteur avec ces carburants", précise l'ingénieur. Elément capital pour des véhicules appelés, en moyenne, à une carrière d'une trentaine d'années au sein de l'armée française. En espérant qu'ils n'aient pas trop souvent l'occasion de prouver leur efficacité au combat.
Frédéric Marty
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