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Constructeurs

Une saison Shell Eco en 2005

Publié le 28 mai 2004

Par Alexandre Guillet
7 min de lecture
Rendez-vous incontournable du printemps, le Shell Eco-Marathon s'est déroulé les 15 et 16 mai sur le circuit de Nogaro. Avec un nouveau record et l'annonce d'un élargissement de l'épreuve, le millésime 2004, qui réunissait comme de coutume l'ensemble des filières de formation initiale, a tenu toutes...
Rendez-vous incontournable du printemps, le Shell Eco-Marathon s'est déroulé les 15 et 16 mai sur le circuit de Nogaro. Avec un nouveau record et l'annonce d'un élargissement de l'épreuve, le millésime 2004, qui réunissait comme de coutume l'ensemble des filières de formation initiale, a tenu toutes...

...ses promesses.


Le Shell Eco-Marathon version "circuit Paul Armagnac" a un nouveau record ! 3 410 km/l dans la catégorie reine "supercarburant" ! Grand spécialiste de l'épreuve, le lycée nantais de la Joliverie a encore repoussé les limites de la moindre consommation. La performance mérite d'être soulignée car le nouveau règlement de l'épreuve est devenu plus exigeant. Depuis son entrée en vigueur l'année passée, chaque prototype doit désormais être capable de parcourir sept tours de circuit (contre six auparavant), soit 25,272 km, dans un temps maximal de 50'34'', ce qui induit une vitesse moyenne de 30 km/h (contre 25 km/h auparavant). Cette élévation du niveau d'exigence du Shell Eco-Marathon se révèle positive, puisque loin de nuire aux performances des équipes engagées, elle a eu un effet émulateur. Ainsi, dans la catégorie "Gepel", le team Callo a aussi établi un nouveau record avec un résultat établi à 2 314 km/l. En outre, un véhicule à hydrogène, conçu par l'ETH Zurich en collaboration avec l'université de Valenciennes, s'est hissé à la 9e place du classement général en flirtant avec le cap des 2 000 km/l (1 956 km/l). Enfin, le prototype fonctionnant au gazole du lycée Marcel Callo affiche une carte de 1 554 km/l, tandis que dans la catégorie "Urban Concept", inaugurée l'an passé, le véhicule du lycée Louis Delage a consommé 0,36 l/100 km, un résultat significatif quand on sait que la voiture pèse tout de même 120 kg. Aux âmes chagrines qui objectaient que le Shell Eco-Marathon s'essoufflait dans une course au record trop infime pour être signifiante et dans une recherche absconse de résultats dématérialisés, et qu'un nouveau règlement n'y pourrait rien changer, on peut conseiller un examen attentif du palmarès 2004. Les performances sont bel et bien en progression ! Si les variations d'une année sur l'autre peuvent sembler ténues, il convient de les remettre en perspective sur une durée plus large pour apprécier à leur juste valeur les progrès accomplis. A titre indicatif, lors de la 1re édition, en 1985, la distance de référence était de...680 km/l !

Le Shell Eco-Marathon se déclinera en trois épreuves dès 2005

Par ailleurs, dans un contexte intellectuel de crise des temporalités (réflexion sur l'intermittence dans le spectacle, sur le long terme avec les chercheurs, sur la définition de l'urgence et du flux des durées dans le secteur hospitalier...) les résultats du Shell Eco-Marathon prennent un relief particulier. Sur la base d'un objectif simple, avancer le plus loin possible en consommant le moins possible, l'épreuve met en scène l'enjeu en trompe-l'œil de la durabilité et de ses dilatations techniques et perceptives. De surcroît, elle clarifie le débat actuellement brouillé sur la notion de vitesse. Sur le Shell Eco-Marathon, la vitesse n'est pas assimilée à une valeur morale (peut-on vanter la vitesse du TGV et simultanément asséner que la vitesse tue ?), mais retrouve sa nature de mesure, de variable et de paramètre. Bref, le Shell Eco-Marathon continue d'affirmer sa dimension pédagogique (à la fois pratique et conceptuelle) et sociale (les grandes écoles côtoient les lycées professionnels). Ainsi que sa vocation internationale, puisqu'il rassemblait cette année une quinzaine de nationalités différentes. Et il s'ancre toujours plus profondément dans le cadre du concept du développement durable, comme en témoigne par exemple la participation grandissante d'équipe exploitant les énergies alternatives et la création d'un prix de l'éco-conception. Cependant, le Shell Eco-Marathon ne se fige pas dans une posture et l'épreuve va évoluer dès 2005. "L'an prochain, l'épreuve se déroulera en trois temps et nous pourrons donc parler de saison "Shell Eco-Marathon", déclare Christian Balmes, président du groupe Shell en France, avant de préciser : "La première étape reste le Shell Eco-Marathon tel qu'on le connaît aujourd'hui. Ensuite, les 20 ou 30 meilleures équipes iront sur le circuit Michelin de Ladoux pour participer à une course. Enfin, les trois meilleures équipes iront sur le circuit de Rockingham, en Angleterre, pour tenter de battre le record du monde de l'épreuve". Au terme de la saison, l'équipe lauréate gagnera des places pour un grand prix de F1. Histoire de rappeler que si le Shell Eco-Marathon participe au défi du développement durable, il ne veut pas être assimilé à un forum alter-mondialiste.


Alexandre Guillet





questions à

Didier Miraton : directeur de la recherche du groupe Michelin

"Le Shell Eco-Marathon est avant tout pédagogique"

JA Quelles impressions vous inspire cette 17e édition du Shell Eco-Marathon ?
Didier Miraton Tout d'abord, je dois préciser qu'il s'agit de ma première venue sur le Shell Eco-Marathon ! Bien que je connaisse bien l'événement, ce sont donc à proprement parler mes premières impressions. Je trouve la course enthousiasmante, mais je suis surtout frappé par la motivation des jeunes concurrents et par leur créativité. Au fil des stands, on perçoit qu'ils ont intégré l'importance des enjeux mécaniques, aérodynamiques et pneumatiques. Bref, le Shell Eco-Marathon confirme sa réputation de laboratoire.


JA Un laboratoire qui doit cependant vous sembler un tantinet artisanal et amateur, non ?
DM Il ne faut pas se méprendre ; le Shell Eco-Marathon n'est pas un bureau d'études et n'a pas vocation à le devenir. La principale mission de l'épreuve est de nature pédagogique. L'essentiel réside dans le fait que les jeunes font les choses par eux-mêmes. On connaît leur âge et on sait qu'ils sont en formation, il serait donc absurde de leur demander de faire des découvertes révolutionnaires. En revanche, ils redécouvrent des avancées techniques et technologiques de façon expérimentale. Cette dimension empirique est très précieuse car, dans nos secteurs d'activité et nos métiers, l'excellence théorique ne suffit pas.


JA Au niveau du traitement des pneumatiques, capital pour briller dans cette épreuve, quels sont les progrès que peuvent encore accomplir les concurrents ?
DM Pour les équipes les plus performantes, qui ont des objectifs de classement élevés, trois grands axes de progrès peuvent être mis en avant au niveau des pneumatiques : la forme de l'aire de contact, la gestion de la pression et des matériaux, et les techniques de prise de virages. Par ailleurs, ces équipes ont aussi une marge de progression intéressante par rapport à l'aérodynamisme.


JA Michelin parraine le Shell Eco-Marathon et organise régulièrement le Challenge Bibendum. Quelle est l'articulation qui relie les deux épreuves ?
DM Comme je l'indiquais tout à l'heure, le Shell Eco-Marathon est avant tout une compétition pédagogique. De son côté, le Challenge Bibendum représente la maturation des techniques. Les deux événements sont donc très complémentaires. D'une manière générale, Michelin veut et doit être présent sur tous les lieux dédiés à l'innovation.


JA Michelin est aussi très impliqué dans la Formule 1. N'y a-t-il pas une certaine antinomie entre l'investissement du groupe dans des épreuves "environnementales" et sa présence sur le grand cirque dévoreur de carburant de la F1 ?
DM De prime abord, peut-être... Mais il faut prendre garde à ne pas tout réduire à une seule dimension. La F1 est une arène technologique indispensable. Michelin doit s'exposer à tous les usages du pneumatique pour trouver ensuite des compromis innovants et des applications positives pour le plus grand nombre. En outre, la F1 est porteuse de spectacle et de "fun", et dans l'automobile il ne faut pas bouder sa passion.


JA Pour conclure, pensez-vous que les nouvelles générations sont plus sensibles que les précédentes à la notion de développement durable ?
DM Assurément, et on peut d'ailleurs le vérifier ici ! Le concept du développement durable est ancré chez les jeunes de manière authentique. L'équilibre climatique global de la planète revient ainsi souvent dans les conversations. De toute façon, la notion de pénurie va bientôt nous rattraper et ces jeunes y sont préparés. C'est donc très positif. Les récentes avancées technologiques réalisées par les uns et les autres vont aussi dans le bon sens.

Propos recueillis par Alexandre Guillet

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