...la tempête qu'essuyait GM était principalement concentrée sur les Etats-Unis. Bien que ce n'était pas rose pour autant en Europe. Mais depuis la semaine dernière, les vents ont touché notre Continent. En effet, Saab, dans le giron de l'américain depuis 1990, ne l'est plus ! Enfin en voie de ne plus l'être. Quant à Opel, filiale européenne de GM depuis 1929, elle passe aujourd'hui, 27 février, son grand oral, devant le gouvernement allemand afin d'obtenir notamment des garanties publiques. Le Blitz aurait besoin de 3,3 milliards d'euros selon la presse allemande. Par ailleurs, dans ce plan de viabilité qui sera discuté par le conseil de surveillance d'Opel, l'option d'une séparation avec GM ne sera pas exclue. Une possibilité qui a d'ailleurs été envisagée par le siège à Detroit. Si pour Opel, le conditionnel et la prudence restent de mise, en revanche le cas Saab a le mérite de s'être décanté. En effet, le 20 février dernier, le constructeur suédois a demandé sa mise en redressement à la justice suédoise suite au choix de GM de se désengager. Dans la journée, le tribunal de Vänersborg a approuvé "la requête de réorganisation et de restructuration" déposée par le constructeur. "Nous allons recréer Saab Automobile comme unité indépendante. Le chemin devant nous n'est pas facile, a déclaré
Jan Aake Jonsson, dg de Saab, après une période de décisions difficiles, nous allons poser les fondations pour prendre un nouveau départ." GM considère que la création d'une telle entité commerciale indépendante est un gage de viabilité pour le constructeur suédois qui serait ainsi susceptible d'attirer de nouveaux investisseurs. Il semble d'ailleurs que ce soit le cas, puisque seulement deux jours après l'annonce de l'acceptation de la réorganisation par la justice, le gouvernement suédois a confirmé qu'il y avait déjà des candidats sérieux. "Il y a plusieurs noms intéressants" a lancé sans plus de détails
Jöran Hägglund, secrétaire d'Etat.
Mais dans l'immédiat, GM a précisé que l'Etat suédois devra lui aussi apporter son aide à la réorganisation pour qu'elle réussisse. Pour Guy Lofalk, l'administrateur désigné par le tribunal, "avec trois nouveaux modèles à l'horizon, cela aurait été un gâchis de ne pas essayer de trouver une solution à long terme." D'autant que Saab devrait être en quelque sorte "relocalisé", puisque GM a en effet déclaré que le processus de réorganisation, "inclura le regroupement des activités de création, d'ingénierie et de fabrication en Suède."
La vaste réorganisation de GM touche donc de plein fouet la vieille Europe. Si l'avenir de Saab semblait effectivement s'écrire sans GM, et avec de plus en plus de force depuis le début de la crise, il est en revanche difficile d'envisager celui d'Opel sans ce lien fort, tissé durant plus de 80 ans. A moins que GM ait choisi d'écarter ce qui pouvait encore l'être avant un placement sous Chapitre 11.
Photo : Deux jours après l'acceptation de la réorganisation de Saab par la justice suédoise, le Gouvernement a affirmé qu'il y avait des candidats sérieux à un investissement dans Saab.