S'abonner
Constructeurs

Thierry Hesse, Commissaire général du Mondial de l’Automobile : Le show le plus prisé au monde !

Publié le 17 septembre 2004

Par Tanguy Merrien
9 min de lecture
Avec plus de soixante "premières", le Mondial de l'Automobile a une fois encore dépassé son propre record. En tête, les constructeurs français qui ont tenu à prouver leur capacité d'innovation sur un marché particulièrement bien fréquenté et fortement concurrentiel. Les constructeurs...

...allemands, américains et asiatiques, pour ne citer qu'eux, n'ayant pas l'intention de faire pâle figure. Etat des lieux avec Thierry Hesse, commissaire général du Salon, un commissaire heureux !.


Journal de l'Automobile. Comment définiriez-vous en quelques mots l'édition 2004 du Salon ?
Thierry Hesse. Incontestablement, je mettrais en avant sa richesse en termes de nouveautés. Nous allons découvrir quelque 60 nouveautés internationales constructeurs et je ne comptabilise pas les innovations "équipementiers", dont les techniques et les équipements les plus récents seront aussi dévoilés pour la première fois. Si je considère qu'à cette époque de l'année, nous comptons déjà près de 5 000 préaccréditations, dont la moitié de journalistes étrangers, nous avons peut-être là un signe du succès de ce Salon.


JA. Vous avez approché un million et demi de visiteurs en 2002, comment le "crû" 2004 se présente-t-il ?
TH. Aujourd'hui, l'objectif n'est plus d'attirer toujours plus de visiteurs. Le chiffre que nous avons atteint nous positionne à la première place de tous les Salons automobiles du monde et de tous les Salons du monde en général ! Il serait difficile de faire mieux. Ceci étant, depuis que nous avons allongé la durée du Salon, accru sa capacité d'accueil, élargi les allées et réalisé une meilleure répartition des constructeurs sur plusieurs halls, nous avons la capacité physique de recevoir plus de visiteurs, dans de bonnes conditions.


JA. Quelles évolutions majeures avez-vous noté en termes de visitorat ?
TH. La réputation de Paris comme "plus grand Salon du monde" a beaucoup influé sur l'évolution du visitorat sur le plan international, tant au niveau des particuliers qu'à celui des professionnels. Nous voyons de plus en plus de visiteurs italiens, anglais, belges, allemands, suisses, hollandais… professionnels et grand public qui n'hésitent pas à venir passer une journée ou un week-end à Paris. Il est vrai que, depuis quelques années, le nombre de premières augmente et la qualité des produits proposés s'améliore aussi. Et cette année, nous avons un record absolu avec 60 premières, ce qui est prodigieux. On peut aussi remarquer que les constructeurs français sont chez eux et qu'ils donnent l'exemple. Que ce soit Renault avec la Modus, Peugeot avec la 1007 ou Citroën avec la C4, ils présentent tous trois des nouveautés très importantes au public français et international. Les constructeurs étrangers ne sont pas en reste puisque nous avons des premières exceptionnelles, en particulier chez les constructeurs allemands, asiatiques ou américains. Le fait d'avoir toutes ces nouveautés, cette vitrine exceptionnelle de toute l'industrie automobile mondiale, donne envie, non seulement aux professionnels qui viennent naturellement, français et étrangers, mais aussi au grand public qui peut se déplacer pour une journée ou un week-end.


JA. Les exposants étrangers et notamment asiatiques sont-ils plus présents pour cette édition ?
TH. Les constructeurs asiatiques ont, aujourd'hui, les mètres carrés qu'ils demandent. Ce n'était pas le cas il y a quinze ans quand je suis arrivé, et je pense que cela va dans le sens de la place du Mondial comme leader des Salons automobiles dans le monde. L'intérêt du Salon, celui des constructeurs français, des visiteurs, l'intérêt de tout le monde, c'est de faire en sorte que tous les exposants et en particulier les constructeurs mondiaux soient satisfaits de leur place à Paris et puissent avoir une vitrine qui leur permette d'exposer leur gamme dans des conditions normales. La difficulté, aujourd'hui, c'est de permettre aux grands constructeurs, notamment étrangers, de regrouper leurs forces et leurs marques côte à côte. Cette année, ce ne sera pas encore le cas pour tous les groupes. C'est pourquoi nous nous sommes fixés comme objectif d'avoir un quatrième hall en 2006.


JA. Un quotidien annonçait récemment que les constructeurs asiatiques, qui sont venus en force, allaient encore se retrouver "au fond"…
TH. Il est vrai que, dans les premières mondiales, on compte beaucoup de modèles asiatiques, notamment coréens, mais quand on lit que les constructeurs asiatiques sont relégués dans le fond, cela me fait sourire. Surtout quand on sait que Nissan est dans le hall 1 à côté de Renault et que Mazda est dans le hall 1 à côté de Ford. Il faut relativiser, être un peu objectif.


JA. Quelles sont les bonnes surprises que vous avez eues en termes d'exposants ?
TH. Nous avons eu de bonnes nouvelles comme le retour de la marque Rolls Royce, marque mythique par excellence. D'autres marques reviennent telles Ssangyong ou Mahindra, et c'est plutôt une bonne chose. Et puis, surtout, nous avons vu arriver de grands acteurs nationaux comme Gaz de France ou Bolloré qui choisissent le Mondial de l'Automobile pour présenter au grand public leurs dernières technologies ou leur nouvelle énergie. De même, Total, le premier pétrolier français, revient pour montrer l'importance qu'il accorde à l'automobile. Cette année est véritablement marquée par la présence de grands opérateurs non automobiles intéressés par le nombre de visiteurs et la visibilité du Salon.


JA. Avez-vous eu des déceptions ?
TH. Ma déception, comme celle de mes confrères de Francfort, se fonde plutôt sur l'absence de quelques grands équipementiers qui privilégient des Salons exclusivement professionnels comme Equip'Auto ou Automechanika et hésitent à venir dans des Salons mixtes comme les nôtres, c'est-à-dire à la fois grand public et professionnel. C'est un choix que je respecte même si je pense que la présence de grands équipementiers, notamment en première monte, à côté des constructeurs est un moyen, pour eux, en termes de communication, d'utiliser l'événement, d'apporter un plus aux entreprises. L'évolution du Salon nous permettra peut-être d'établir une différenciation entre des moments grand public et d'autres réservés aux professionnels, ce qui favoriserait leur retour. Ceci étant, de grands équipementiers comme Michelin, Valeo, Delphi ou Bridgestone par exemple, sont présents.


JA. Y a-t-il des stands de constructeurs réservés à leur réseau de réparation ?
TH. Les constructeurs organisent leurs stands comme ils l'entendent dans la mesure où ils respectent leur voisin et le règlement du lieu. Par ailleurs, les constructeurs utilisent aussi le Salon pour recevoir leur réseau dans les meilleures conditions. Je vous rappelle que nous organisons un événement, baptisé "soirée réseau", qui devient incontournable depuis quelques années. Il a lieu le 24 septembre au soir et c'est un véritable espace professionnel dont tous les constructeurs et exposants peuvent profiter pour recevoir leur réseau ou leurs invités quels qu'ils soient. C'est quelque chose qui marche bien et c'est aussi une façon de rendre hommage à ceux qui font le travail sur le terrain. C'est réellement une grande soirée de motivation et cela a été pris comme tel par les exposants. Au regard du nombre d'invitations vendues à ce jour, nous pouvons envisager un succès encore plus grand que dans les années passées.


JA. Concernant votre option d'animation sur le thème de la bande dessinée, c'est pour prouver que les enfants sont prescripteurs dans le choix d'une automobile ou pour faire plaisir aux adultes qui ont une âme d'enfant ?
TH. Il y a toujours eu une grande exposition sur le Salon. Sur la voiture de James Bond et ce qui tourne autour, sur les voitures stars de films, le centenaire de l'histoire du Salon, l'an dernier sur les voitures mythiques de Monaco, les voitures des Grands Prix... Cette année, nous avons choisi le thème de la bande dessinée. Le Salon s'adresse effectivement aux adultes, cependant les visiteurs viennent en famille, pour rêver et pour faire le choix des véhicules qu'ils vont acheter. J'ai toujours fait attention à ce que les enfants ne se sentent pas exclus d'un Salon qui serait trop traditionnel et qui, peut-être, ne s'adresserait pas assez à eux. Nous avons toujours pris garde à cela et c'est d'ailleurs ce qui a présidé à la création, il y a quelques années, du secteur du sport et de la compétition automobiles. Il s'agissait vraiment de se dire que les jeunes qui regardent les Grands Prix de F1 à la télévision avaient aussi envie de trouver des stands avec des F1, où ils puissent rencontrer des pilotes. Bref, des stands sur lesquels il y ait autre chose qu'une voiture et une présentation de gammes. Les constructeurs automobiles français ont d'ailleurs joué le jeu, à plein et depuis le début.


JA. Où en sont vos Salons à l'étranger ?
TH. Sur ce plan-là aussi nous avons de très bonnes nouvelles : la première, c'est que nous avons re-signé avec l'association des constructeurs argentins, la situation économique du pays s'améliorant lentement mais sûrement. Nous allons donc réaliser la troisième édition du Salon international de l'automobile de Buenos Aires en juin 2005. Deuxième bonne nouvelle : nous avons été choisis dans le cadre d'un appel d'offres international par l'association des constructeurs mexicains pour organiser le Salon international de l'automobile de Mexico qui aura lieu du 11 au 19 décembre prochain.


JA. A quand un Salon à Pékin ?
TH. Ah, j'attendais cette question ! Quand on voit les capacités de développement de ce pays, de ce continent, on a bien sûr envie d'y aller, mais ce gigantisme, à la limite, peut aussi devenir un frein à notre venue. Où organiser un Salon ? Il en existe dans la plupart des grandes villes. Il faut faire preuve de prudence et, de toute façon, nous n'irons pas en Chine sans être accompagnés de manière très forte par les constructeurs français.


Propos recueillis par Hervé Daigueperce





Curriculum vitae

Nom : Thierry
Prénom : Hesse

Docteur en droit et diplômé de Sciences-Po, Thierry Hesse approche l'automobile très tôt en devenant directeur général de Touring Secours au Touring Club de France. Puis il occupe, au sein de la Mutualité Agricole de Groupama, les fonctions de directeur de la Prévention Rurale (l'équivalent de la Prévention Routière pour le monde agricole et rural). Après un passage éclair chez Bernard Krief, il entre en 1989 aux Salons de l'automobile, du cycle et du motocycle. Il fête aujourd'hui, à 55 ans, sa quinzième année consacrée au Salon.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle