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Constructeurs

Sylvia Gotzen : L’indépendance a un nom

Publié le 3 septembre 2004

Par Tanguy Merrien
8 min de lecture
Secrétaire générale de la Figiefa, Sylvia Gotzen avoue sans complexe sa passion pour le monde de l'automobile. Pour défendre les intérêts des indépendants, elle nous livre son secret : être tenace, un atout précieux pour évoluer dans les hautes sphères de la machinerie législative européenne. Menue,...
Secrétaire générale de la Figiefa, Sylvia Gotzen avoue sans complexe sa passion pour le monde de l'automobile. Pour défendre les intérêts des indépendants, elle nous livre son secret : être tenace, un atout précieux pour évoluer dans les hautes sphères de la machinerie législative européenne. Menue,...

...souriante et attentive, Sylvia Gotzen vous reçoit simplement et chaleureusement dans son bureau de Bruxelles. Cette jeune femme de 39 ans est la secrétaire générale de la Fédération internationale des grossistes, importateurs et exportateurs en fournitures automobiles (Figiefa). Elle exerce cette fonction depuis bientôt six ans, après avoir été secrétaire générale adjointe au Mouvement européen allemand, en rapport direct avec le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Hans Dietrich Genscher. Autant dire qu'elle connaît bien les instances européennes, les débats entre parlementaires et le monde diplomatique en général. D'ailleurs, confie-t-elle, son travail consiste à faire le lien entre tous ces groupes : "J'agis entre les parlementaires et fonctionnaires européens, et les fédérations automobiles, je leur donne à chacun des informations et j'en reçois de leur part." Elle l'avoue, la gestion d'une fédération internationale telle que la Figiefa n'est pas une mince affaire tant l'organisation est complexe car composée de tout un ensemble d'organismes dédiés à la défense des intérêts des indépendants. Ainsi, 27 fédérations sont réparties dans 21 pays, toutes avec des spécificités et des cultures différentes. Alors, pour gérer l'ensemble, un seul mot d'ordre : la capacité d'adaptation. "Je recueille des informations sur le terrain et je les répercute au niveau politique européen. Je suis la charnière entre tous ces intervenants. En fonction de mes interlocuteurs ici à Bruxelles, je m'adapte pour que chacun comprenne les tenants et les aboutissants du marché, avec un angle juridique ou plutôt technique, ou bien encore économique." Lorsque l'on parle avec Sylvia Gotzen, on s'aperçoit bien vite que son métier a pris une part considérable dans sa vie, il revient d'ailleurs comme un boomerang à chaque détour de la conversation. Demandez-lui s'il la passionne et elle vous répond d'emblée : "Définitivement oui. Car ce que je défends, c'est simplement le droit à la libre concurrence. Nous ne demandons pas de subsides ou de faveurs particulières, nous voulons faire partie du marché comme n'importe quel acteur." Et voilà, la secrétaire générale est déjà partie en campagne, sans même sans rendre compte. "L'après-vente est un secteur qu'il faut faire connaître au public, poursuit-elle, car il faut lui faire comprendre qu'il n'y a pas que les constructeurs et leurs réseaux derrière un véhicule. Il y a tout un univers qui s'appelle la rechange indépendante, le monde de la pièce comme on dit, et il faut lui donner une image, une identité afin de montrer qu'il existe." Petit clin d'œil : parmi les 5 000 lobbyistes errant dans les couloirs du parlement européen, circule  celle que l'on nomme désormais "Miss Spare Parts" (Mademoiselle Pièces Détachées).





Curriculum Vitae
Nom Gotzen
Prénom Sylvia
Diplômée en sciences politiques, Sylvia Gotzen a étudié à Berlin, Paris et Tours dans les années 90. Elle a également effectué un Master of European Studies au Collège d'Europe de Bruges. En 1993, elle a 28 ans et décroche son premier poste en Allemagne en tant que secrétaire générale adjointe au Mouvement européen, une association de 130 organisations (fédérations, partis politiques...), sous la direction de Hans Dietrich Genscher, ministre des Affaires étrangères. En 1999, elle devient la secrétaire générale de la Figiefa (Fédération internationale des grossistes, importateurs et exportateurs en fournitures automobiles).

"Quel que soit le poste, c'est la compétence qui prime avant tout"

Bon, l'enthousiasme de Sylvia Gotzen est contagieux et je ne résiste pas à la tentation de lui demander comment elle se sent dans cet univers si masculin. Elle me répond en évoquant un souvenir : "Il y a longtemps, à la fin d'un dîner, nous nous sommes tous retrouvés dans un salon pour un dernier verre et pour fumer le cigare. A ce moment-là, c'était drôle car je me suis dit que j'étais vraiment dans un monde d'hommes. Mais je m'y sens parfaitement à l'aise", conclut-elle. Même si les femmes sont encore trop peu nombreuses à son goût dans l'univers automobile, Sylvia Gotzen observe une évolution. Elle voit en effet de plus en plus de femmes qui dirigent à Bruxelles des associations et des groupements spécialisés. En attendant, il n'est pas rare qu'en réunion, le chef de file débute l'ordre du jour en saluant les participants par un "Lady and gentlemen" (Madame et messieurs), soulignant ainsi la présence de la seule et unique femme. Preuve qu'il y a encore des efforts à faire. Mais Sylvia Gotzen a confiance en l'avenir. Elle est loin d'avoir un discours ultra féministe et reconnaît volontiers que le monde du travail a évolué favorablement. Elle n'a jamais rencontré de difficultés particulières dans ce milieu qu'elle qualifie d'équilibré, du moins dans ses rapports avec les hommes. "Il y a de moins en moins de machos dans le monde du travail car ils n'y trouvent plus leur place. Je pense que, progressivement, ils vont disparaître." Dès son arrivée, en 1999, Sylvia Gotzen s'est rapidement adaptée à ses fonctions et semble avoir rallié favorablement l'opinion. Pourtant la nomination d'une femme d'une trentaine d'années à ce poste aurait pu en déconcerter quelques-uns. Mais, dans l'ensemble, tout s'est bien déroulé. "Je pense que, de toute façon, quel que soit le poste, c'est la compétence qui prime avant tout. Et puis, vous savez, lorsque vous faites correctement votre travail, vous n'avez pas à recevoir de lauriers en plus parce que vous êtes une femme." Ce dont elle est sûre également, c'est que sa sensibilité féminine lui permet de faire passer des informations pouvant sembler ardues de prime abord. "Nous évoluons tous dans un monde émotionnel. Je sais que certains sujets abordés sont très techniques et peuvent paraître rébarbatifs pour ceux qui ne connaissent pas notre secteur. Concernant l'OBD (On Board Diagnostic) et l'accès aux informations techniques, il a fallu que je capte l'attention des politiciens, qui ne connaissaient pas tous le sujet, en adaptant mon discours et mes arguments. Il faut savoir travailler sur tous les niveaux, en permanence. Le monde de l'automobile est en mouvement perpétuel et les défis sont nombreux à Bruxelles, il faut donc être réactif."





Qui est la Figiefa
Les thèmes de prédilection de la Figiefa (Fédération internationale des grossistes, réparateurs et exportateurs en fournitures automobiles), sont l'application du nouveau règlement d'exemption, la promotion de la pièce de rechange et sa certification, l'accès aux informations techniques, l'accès des indépendants aux pièces captives des constructeurs...

Pour elle, le non est un défi qui la pousse à aller encore plus loin

Active, passionnée par l'automobile - elle ne se voit d'ailleurs pas faire autre chose -, toujours sur le terrain… comment fait-elle pour avoir une vie privée ? "Je n'ai pas encore d'enfants, mais j'ai une admiration sans bornes pour celles qui assument leur travail dans la journée et les enfants le soir." Son hobby, c'est la cuisine : elle avoue avoir un faible pour l'art culinaire, une réminiscence de son enfance très certainement, du temps où sa mère était restauratrice. "J'adore essayer des recettes nouvelles, en plus c'est vraiment facile aujourd'hui de les réaliser, avec toutes ces boutiques qui vendent des épices, des senteurs. Je fais des sushi par exemple. Je n'ai plus une cuisine, mais un véritable laboratoire, avec quantité d'accessoires. J'aime expérimenter." Quand on aime, on ne compte pas, affirme le dicton. Cela pourrait être le credo de Sylvia Gotzen. On vient de le voir avec son passe-temps favori et surtout avec son métier. Elle est passionnée, définitivement, et un dernier exemple va, je pense, balayer à jamais les doutes. Elle n'hésite pas à se rendre dans les ateliers afin de voir les réparateurs à l'œuvre, leur poser des questions sur ce qu'elle n'a pas compris et avoir une vision ainsi plus globale - et plus concrète - du métier dans tous ses aspects. "J'aime bien aller voir sur place, en effet. J'aime savoir et comprendre ce qui se passe à la base. C'est pour moi la seule façon d'apprendre. Et puis, c'est important car ainsi je suis capable d'expliquer plus facilement les choses ici, à Bruxelles. Un jour, un parlementaire européen m'a demandé de lui expliquer le diagnostic à bord des véhicules… et si je n'avais pas su lui expliquer, cela aurait été problématique, non ?" Sa ténacité est récompensée lorsqu'elle obtient gain de cause pour ses membres. Pour Sylvia Gotzen, le non est un défi qui la pousse à aller encore plus loin. 


Muriel Blancheton





FOCUS

  • Etes-vous passionnée d'automobile : Oui, définitivement
  • L'automobile, hasard ou choix : Un hasard au début, un choix dorénavant
  • Un autre secteur vous plairait-il : Peut-être l'hôtellerie
  • La marque de votre véhicule : Une Golf 5
  • L'avantage d'être une femme : On apporte une touche féminine dans ce monde si masculin
  • Inconvénient d'être une femme : Il n'y a pas d'inconvénient, il suffit d'être compétente
  • La voiture la plus féminine : La mini ou la C2
  • La voiture la plus masculine : L'Audi TT
  • A choisir, week-end shopping ou F1 : F1
  • Jupe ou pantalon : Pantalon, peut-être est-ce seule ma concession faite à l'univers masculin dans lequel j'évolue.
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