Rover : To be continued...
...demeure" nous avait confiés Michel Falvo, président de l'association des distributeurs MG Rover (JA n° 917) lors de la mise en faillite du constructeur britannique en avril dernier. En effet, à peine trois mois plus tard, les administrateurs provisoires de Rover, PriceWaterHouse Cooper, ont choisi de céder les actifs du constructeur et, l'usine de transmission Powertrain aux chinois de Nanjing Automobile. Le montant de l'opération n'a pas été dévoilé cependant, celui-ci serait estimé outre-Manche aux alentours des 50 millions de livres (72 millions d'euros). Le choix du constructeur chinois peut surprendre d'autant qu'il coiffe notamment sur le poteau leurs rivaux et compatriotes de Shanghai Automotive Industry Corporation (SAIC) pressentis jusqu'au dernier moment pour reprendre la marque au Drakkar.
L'annonce de la faillite du dernier constructeur britannique indépendant avait plongé en émoi tout le bassin industriel des Midlands, à quelques jours des élections législatives britanniques. Le site historique de Longbridge, lieu de production des MG Rover employait jusqu'ici 6 100 personnes. Depuis, 5 000 d'entre elles ont été licenciées. Dès lors, au regard de la dette de Rover envers ces créanciers évaluée à 1,4 milliard de livres (2 milliards d'euros), on craignait une vente du groupe "par appartements" avec 200 sociétés candidates pour acheter un constructeur britannique morcelé, d'autant plus qu'aucune offre n'avait été jugée viable jusque-là par l'administrateur. Toutefois, en quelques jours, 3 candidats potentiels se sont manifestés et se sont montrés intéressés pour se saisir du "patient anglais", sobriquet affublé par la presse germanique du temps où Rover se trouvait sous le giron de BMW. En premier lieu, SAIC était le grandissime favori pour acquérir Rover. La situation de la marque britannique constituait, en effet, un formidable cheval de Troie pour un constructeur se montrant de plus en plus ambitieux en Europe. C'est d'ailleurs dans cette optique que SAIC avait déjà acquis pour 67 millions de livres (94 millions d'euros) les droits de fabrication de deux Rover, la 75 et la 25. En plus de SAIC, un homme d'affaires anglais, David James, s'est par ailleurs manifesté avant que Nanjing Automobile ne rafle la mise.
Une production délocalisée ou renaissance de Longbridge ?
Le choix de ce dernier a toutefois surpris l'ensemble des observateurs. Nanjing Automobile est peut-être le plus ancien des constructeurs chinois mais il n'est pas soutenu par l'Etat comme Dongfeng, FAW et SAIC et ne possède pas non plus le dynamisme des deux constructeurs privés Chery et Geely. En outre, le fait que les droits de fabrication des Rover 25 et 75 appartiennent à SAIC minimise la marche de manœuvre du nouveau propriétaire de la marque britannique. D'autant plus que SAIC a, un temps, menacé Nanjing Automobile de lancer une procédure judiciaire en cas de violation de ses droits de propriété intellectuelle.
Les nouveaux repreneurs avaient annoncé d'emblée "qu'ils déplaceraient en Chine l'usine de moteurs Powertrain et une partie de l'usine d'assemblage des voitures", suscitant un certain trouble outre-Manche. Plus rassurant, Nanjing Automobile a cependant l'intention de reprendre la production de voitures de sport, la gamme MG notamment, à Longbridge. Pour cela, le constructeur chinois aurait passé un accord avec la société britannique GB Sports Car qui assurerait l'emploi de quelque 2 000 personnes dans l'agglomération de Birmingham.
Un réseau toujours dans l'expectative
La reprise de Rover vient également rassurer un réseau français quasiment condamné il y a peu, même si les semaines qui vont suivre risquent d'être longues. "La nouvelle a été vécue comme un soulagement par l'ensemble des distributeurs mais une grande partie d'entre eux s'interrogent encore sur leur avenir immédiat car quelques zones d'ombres restent à éclaircir", rappelle Michel Falvo. Parmi celles-ci, la vente de véhicules neufs.
Sur les 1 200 voitures en stock à écouler, il ne resterait plus que 300 voitures disponibles. "Jamais notre réseau n'a vendu autant de voitures et beaucoup d'entre nous ont fait de bonnes affaires. Mais rapidement, nous n'aurons plus rien à vendre et la situation va devenir inquiétante", poursuit Michel Falvo.
En outre, si les nouveaux propriétaires ont l'intention de produire MG à Longbridge, c'est le sort de la marque Rover qui inquiète le plus les distributeurs. Le redémarrage de sa production en Chine pourrait, de plus, tarder à venir.
Toutefois, alors que l'on s'interrogeait sur le nombre de distributeurs qui allait mettre la clé sous la porte, le réseau a pour l'instant tenu le choc. "Seuls trois distributeurs ont fermé. Certains ont préféré mettre l'accent sur l'activité VO ou s'orienter vers la franchise D.car (JA n°924)", concède le président de l'association des distributeurs. Ce dernier devrait passer les prochaines semaines à rencontrer le groupement européen, mais également les représentants de Nanjing Automobile espérant un peu plus de réponses à ces nombreuses questions.
Tanguy Merrien
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