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Constructeurs

Responsable de com’, une vie d’artiste ?

Publié le 3 septembre 2004

Par Tanguy Merrien
9 min de lecture
Travaillant dans l'ombre pour être exposées en pleine lumière lorsque la situation l'exige, les responsables de communication de haut niveau dessinent leur fermeté en un sourire implacable. Femmes de pouvoir, assujetties à "la raison d'état", l'image du groupe, elles puisent dans leurs...
Travaillant dans l'ombre pour être exposées en pleine lumière lorsque la situation l'exige, les responsables de communication de haut niveau dessinent leur fermeté en un sourire implacable. Femmes de pouvoir, assujetties à "la raison d'état", l'image du groupe, elles puisent dans leurs...

...aspirations artistiques la force de leur discrétion volontaire et d'une relation sereine avec leur environnement. Images.

"Les rapports vrais"

Rencontrer un patron de communication, qui plus est en charge de l'organisation de grands Salons professionnels, incite à la prudence ; nul n'efface d'office ce soupçon éprouvé face au détenteur de la puissance du mot et de sa dialectique. Danielle Larrivière dispose de ce pouvoir, de ce don, mais elle le tourne à l'avantage de l'autre. Une histoire de cœur, dit-elle. Communication - Passion.


Lorsqu'on demande à Danielle Larrivière ce qui l'a poussée à entrer "en communication", cela l'étonne tant la question n'a pas lieu d'être. Elle a toujours été dans la communication, aussi loin que se porte son souvenir, et aussi en politique : en communication institutionnelle en somme. Oui, toujours. Bien sûr, il y a eu les études, une licence de droit, une école de journalisme, quelques formations mais, tout de suite, elle se tourne vers ce qui lui plaît, la communication et en particulier la communication politique. Dans un milieu d'hommes. Cela ne la gêne pas, au contraire. Elle découvre les hommes - tous des décideurs - sous un jour nouveau : un brin virils, voire très virils (ainsi en automobile), et terriblement affectifs. "Cette amitié virile me convient bien", reconnaît-elle avant d'ajouter que ce qui la passionne "c'est d'être à l'écoute de l'autre et d'essayer d'apprendre aux hommes politiques à parler vrai, à faire parler leur cœur". Ce qui l'a amenée à prendre ce métier de conseiller en communication politique ? Les hasards de la vie et sans doute aussi, au sortir des études, le goût du pouvoir ? Elle n'en est pas si sûre. Il y avait cette envie, probablement. Mais aujourd'hui, c'est la relation avec autrui qui lui revient comme un moteur de pensée, un vecteur d'énergie. D'ailleurs, elle reprend, comme en passant, sa définition de la communication : "La communication, c'est essayer de transformer les choses en écoutant l'autre, choisir d'établir des rapports vrais, approfondir les relations ; tout le contraire de la superficialité." Et d'en faire un credo : "Si je pensais que ce n'était pas cela la communication, faire ressortir ce qu'ont les gens en eux, je ne ferais plus ce métier."

"Quand je suis arrivée dans le milieu de l'automobile, j'en ai compris rapidement les tenants et les aboutissants, les formidables enjeux"

Lorsque Danielle Larrivière fait ses premiers pas dans l'automobile, elle distingue les différents pouvoirs qui se croisent, se rend compte qu'un mot peut entraîner beaucoup de choses et qu'il faut vite se plonger dans le milieu pour pouvoir exercer son métier. Là encore, ce qui l'aide, c'est la relation avec l'autre, fondée sur la franchise, une relation évacuant toute familiarité*, cette attitude qu'elle déteste. "J'ai découvert les pouvoirs et les enjeux dans l'automobile, mais j'ai surtout vu des êtres qui sont vrais, passionnés, qui aiment ce qu'ils font, qui aiment travailler avec leurs mains et aussi avec leur tête. Des êtres de terrain et de réflexion, virils, parfois "bruts de fonderie", et toujours sentimentaux, affectifs." Du coup, elle s'emploie à tirer le meilleur d'eux-mêmes pour les mettre en avant et travaille à ce que l'homme ressorte dans les Salons dont elle s'occupe, aussi bien celui de la carrosserie (Solutrans maintenant) qu'Equip'Auto dont elle est devenue la directrice en charge de la communication, partageant ainsi la direction avec Francis Pegues. C'est pourquoi elle est très fière aujourd'hui d'annoncer le thème général de l'édition 2005 d'Equip'Auto : Des produits, des métiers, des hommes. "Ce qui m'intéresse, c'est de les mettre en avant. J'ai eu envie de donner cette dimension humaine au Salon. On ne peut pas communiquer sur quelque chose sans communiquer sur l'homme qui est en dessous. Equip'Auto sera très beau en 2005 parce que l'homme en sera le centre." Et d'appuyer : "Si les exposants pouvaient relayer sur leurs stands et dans leur communication l'importance que le Salon entend porter aux hommes et aux métiers, ce serait fantastique." Danielle Larrivière ne le cache pas, elle se sent bien dans l'automobile. Mais qu'aurait-elle aimé faire d'autre si les hasards de la vie ne l'avaient pas conduite dans ce milieu ? "Si j'avais eu les moyens d'exercer mes désirs, de mettre ma volonté au service de mes envies, j'aurais voulu être écrivain." Dans l'écriture romanesque, y aura-t-il une place pour l'automobile ? Peut-être pas pour le véhicule, mais pour l'homme qui le construit, nous pouvons l'imaginer. A bientôt au Salon du Livre ?


Hervé Daigueperce


* Cela non sans un certain tempérament !

"Le professionnalisme à visage humain"

Diplômée de l'Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec) et titulaire d'un 3e cycle en Relations économiques internationales effectué à Sciences Po Paris, Fabienne de Brébisson fait ses premiers pas chez Air France. Elle devient rapidement chef de cabinet adjoint du président Marceau Long, fonction qu'elle continuera d'exercer sous la présidence de Jacques Friedman. Sa carrière prend ensuite un nouveau tour et après des expériences diverses, Fabienne de Brébisson part vivre en Suède où elle collabore avec Radio Suède International. Elle travaillera aussi à New-York. Des expériences internationales qui la ravissent. "Enfant, j'ai eu l'opportunité de beaucoup voyager et même de vivre à l'étranger", explique-t-elle, avant d'ajouter : "Ces expériences ont été très enrichissantes. Elles m'ont notamment permis d'aller à la rencontre d'autres cultures." Cette évocation des voyages nous invite dans la sphère des langues étrangères. Une sphère dans laquelle Fabienne de Brébisson évolue avec aisance. Même si Fabienne de Brébisson, modeste, assure "que pour bien parler une langue étrangère, il faut la pratiquer régulièrement". La modestie, un trait de caractère que tous les agissements de Fabienne de Brébisson laissent apparaître avec l'évidence d'une loi naturelle. La discrétion aussi. Mais ne nous méprenons pas, il s'agit d'une discrétion charismatique. Dans le registre "cardinal" des éminences grises. D'aucuns concèdent d'ailleurs à demi-mots qu'ils la trouvent trop distante… Mais ceux qui disent la trouver froide sont pourtant désarmés par son sourire. Mais ceux qui lui reprochent une fermeté métallique reconnaissent sa douceur. Dans un roman, Fabienne de Brébisson serait un personnage linéaire traité en focalisation externe. Avec des prises de parole posées. Exactement comme lorsqu'elle explique à la presse les raisons de certaines suppressions de postes au sein de Michelin ou quand elle défend le groupe face aux salves d'un ancien critique du Guide Michelin. Sans effet de manches, sans laisser la polémique s'installer, sans hausser le ton. Une communication efficace.

De l'avion à la voiture

Fabienne de Brébisson est entrée en communication en retournant chez Air France, où elle a exercé le poste de chef du service de presse, avant de prendre la direction de la communication externe chez Péchiney. Puis Michelin. Depuis 2001, elle exerce donc les fonctions de directeur des relations avec la presse pour le groupe. Avec la découverte du milieu automobile. "Un milieu très masculin mais nullement sectaire", assure-t-elle avant de poursuivre dans un enthousiasme étale : "C'est un domaine passionnant, comme celui des transports aériens, car il est très mouvant. Il rassemble aussi beaucoup de passionnés et c'est un bonheur que de travailler avec des passionnés !". Inutile de préciser que sa condition de femme dans un milieu majoritairement masculin ne la dérange guère. "Je n'ai jamais eu aucun problème lié au fait d'être une femme. D'ailleurs, dans l'industrie en général, vu que nous sommes peu nombreuses, le fait d'être une femme serait plutôt un atout, glisse-t-elle. Interrogée sur son avenir, elle affirme ne pas faire de projections. Sur le métier de ses rêves, elle reconnaît qu'elle aurait aimé avoir un talent et pouvoir être écrivain, peintre, comme son grand-père, ou encore musicienne. "Pour le livre, il n'est peut-être pas trop tard", confie-t-elle, en souriant. Nous avons trouvé le titre : le professionnalisme à visage humain.


Alexandre Guillet

Marie-Pierre Ygrié, la passion créatrice

Marie-Pierre Ygrié fait partie de ces femmes arrivées totalement par hasard dans l'automobile, qui aujourd'hui avouent un intérêt grandissant pour ce milieu. Après avoir terminé une école de commerce, elle débute sa carrière en Allemagne, dans une société de fabrication d'ordinateurs.
En 1991, elle intègre la société Delphi, alors ACG, en devenant chef de produits junior pour les produits DeCarbon. A l'époque, la jeune femme découvre un milieu très masculin, mais réussit très rapidement à se faire respecter et accepter : une démarche essentielle, d'après elle, pour ne pas avoir à subir l'hostilité des hommes. D'ailleurs, Marie-Pierre Ygrié avoue aujourd'hui qu'elle préfère travailler avec des hommes plutôt qu'avec des femmes "qui ont, paraît-il, tendance à se crêper le chignon". En 1995, la marque Delphi est créée pour fédérer sous un seul nom l'ensemble des produits du groupe (Lockheed, Freedom, DeCarbon, etc.). Quatre ans plus tard, en 1999, Marie-Pierre Ygrié, alors chef de produits senior, obtient pour mission de lancer la marque sur le marché de la rechange au niveau européen et ce, pour toutes les lignes de produits. En 2000, fidèle au développement du groupe, elle devient adjointe du directeur de la communication de Delphi Europe, poste qu'elle occupe encore aujourd'hui, en plus de sa fonction de responsable de la communication de Delphi France, qu'elle assume depuis juin 2004.

Un profil d'artiste

Il est bien loin le temps où Marie-Pierre Ygrié rêvait de faire une carrière artistique et internationale. Pourtant, même si sa vie n'est pas faite de tableaux ou de sculptures, la jeune femme reconnaît avoir trouvé, dans l'automobile et à plus forte raison dans les fonctions qu'elle occupe, une sorte de palliatif à sa fibre artistique : "Je ne pense pas, finalement, m'être si éloignée que ça de mes premières aspirations puisque, en tant que responsable de communication, je relève tous les jours le challenge de réussir à parler d'un produit automobile complexe plutôt que d'un pot de yaourt. Cela est passionnant et finalement m'oblige à créer pour convaincre." Quant à l'aspect international qu'elle souhaitait donner à sa carrière, là encore, Marie-Pierre Ygrié fait le lien avec Delphi : "L'international, je l'ai tous les jours en allant au bureau. Le groupe Delphi est international et mes collègues sont tous de nationalités différentes."


Ambre Delage

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