Records battus en 2008
"Pour la première fois, le groupe Volkswagen atteint le top 3 de l'industrie automobile", a lancé Martin Winterkorn lors de la présentation des résultats du groupe à Wolfsburg. Même les chiffres records de l'exercice 2007 ont été effacés malgré un 4e trimestre difficile. "Nous n'avons pas patiné sur le sol glissant" image le président. Effectivement, chiffre d'affaires, ventes et profits sont une nouvelle fois en hausse et établissent une nouvelle marque historique. Pour autant, le patron du groupe a immédiatement insisté sur le fait que l'année 2009 serait difficile et que le groupe ne pourra réitérer les mêmes résultats sur l'exercice en cours. En 2008, le chiffre d'affaires du groupe a progressé de 4,5 % pour atteindre 113,8 milliards d'euros. Avec 6,3 millions d'unités, les ventes ont grimpé de 1,3 % et enfin, le résultat opérationnel a augmenté de 3 %, à 6,3 milliards d'euros. La recette du succès ? Les produits bien évidemment, avec près de 52 nouveaux modèles en 2008 toutes marques confondues, mais aussi et surtout un travail permanent sur les process, la réduction des coûts et la productivité des usines sans cesse améliorée. Par ailleurs, le groupe a su tirer profit des marchés en croissance comme en Asie et en Chine, tout particulièrement, où les ventes du groupe ont dépassé pour la première fois le million d'unités, soit une hausse de 12,5 %. Dans les zones où la croissance n'était pas au rendez-vous, comme en Europe de l'Ouest ou aux Etats-Unis, le groupe a fait mieux que le marché, gagnant ainsi des parts de marché. Pour la première fois de son histoire également, le groupe affiche un ratio de retour sur investissement à deux chiffres, avec 10,9 %.
+ 39,9 % pour le résultat opérationnel de la marque Volkswagen
Si la marque fondatrice, Volkswagen, affiche des ventes en léger repli, à 3,648 millions (-0,4 %), son résultat opérationnel fait un bond de 39,9 % à 2,715 milliards d'euros. Un chiffre proche de celui d'Audi qui propose un résultat opérationnel de 2,772 milliards d'euros. 2008 marque également le 13e record consécutif en volume de ventes (voir P12&14). La nouvelle A4 avec plus de 250 000 commandes aura été le fer de lance de la marque. Quant à Skoda, si la majorité des indicateurs marquent une amélioration, le résultat d'exploitation recule de 20,6 % à 565 millions d'euros. Toutefois, l'avenir de la marque tchèque n'est en rien hypothéqué car son plan produits s'étoffe, avec notamment le Yéti en 2009. Surtout, ses progressions sur de nombreux marchés en développement laissent augurer de bons résultats. Ainsi, Skoda a vu ses ventes doubler en Chine, progresser de 84 % en Russie et de 32 % en Inde. Une diversité de marchés qui manque cruellement à Seat. "Seat n'a pas un problème de produits, mais un problème de marchés", a d'ailleurs affirmé Martin Winterkorn. En effet, très dépendante de l'Espagne, la marque enregistre logiquement une mauvaise année 2008. Les ventes sont en repli de 8,7 %, à 375 000 unités, mais surtout, après avoir dégagé 8 petits millions de résultat d'exploitation en 2007, Seat replonge avec un solde négatif de 78 millions. Le pôle luxe, quant à lui, ne dépend pas de l'Espagne, mais cela ne l'a pas empêché pas de connaître une année plus difficile, notamment pour Bentley. Pour sa 10e année dans le groupe, la marque anglaise a vécu un exercice difficile avec des ventes en repli de près de 20 % et un résultat opérationnel qui a fondu comme neige au soleil à seulement 10 millions d'euros (- 93,5 %). L'effondrement du marché américain, où la marque écoule environ 50 % de sa production, explique en large partie ce recul. Cette situation a également touché Lamborghini qui a toutefois compensé cette érosion des ventes transatlantiques avec de fortes croissances au Moyen-Orient et en Asie. 2 430 Gallardo et Murcielago ont été livrées, faisant de Lamborghini "l'un des constructeurs les plus rentables en 2008", s'est réjoui Martin Winterkorn.
Scania : la 9e marque du groupe
Bien que ce ne soit pas le record le plus étonnant du groupe, la branche véhicule utilitaires de Volkswagen a, pour la première fois, franchi la barre symbolique des 500 000 livraisons. Une performance qui lui permet d'améliorer ses comptes et d'afficher un résultat d'exploitation de 375 millions, en hausse de 23 %. Toutefois, cette division ne pourra plus compter sur la forte croissance des trucks et des bus enregistrée en 2008. En effet, cette division poids lourd a été vendue à MAN, dont le groupe détient 28,67 % du capital et 29,9 % des droits de vote. Toujours dans cet univers du poids lourd, Scania a rejoint le groupe le 22 juillet dernier lorsque Volkswagen AG a porté sa participation à 68,6 %. Aujourd'hui, le groupe possède 72 % des droits de vote. Le groupe a donc consolidé les 30 500 ventes de Scania réalisées après cette date. Une activité qui a dégagé un résultat d'exploitation de 417 millions d'euros. Hors marques, parmi les autres contributeurs d'envergure, il ne faut pas oublier Volkswagen Finance Services. En effet, sur l'exercice 2008, elle a dégagé un résultat opérationnel de 893 millions contre 957 en 2007.
"2009 sera l'une des années les plus difficiles de l'histoire de notre entreprise"
Mais 2008 est déjà le passé lointain et 2009 ne sera pas du même ordre. C'est une certitude. "La crise que nous vivons actuellement dépasse tout ce que j'ai pu vivre en 30 ans d'automobile, a prévenu le président du groupe. Nous devons faire preuve de réalisme et de lucidité face à elle." Volkswagen entend tout mettre en œuvre pour traverser cette tempête en gardant "tout l'équipage à bord". L'adaptation à la demande, la gestion des stocks et des liquidités font partie des points importants à surveiller. L'augmentation de la productivité sera également au centre des préoccupations. Martin Winterkorn affirme qu'elle sera améliorée de 10 % et même les postes administratifs sont concernés. Quant aux investissements, certains vont être repoussés voire annulés, mais ils ne seront jamais en lien direct avec les produits. Le groupe va continuer d'investir 8 milliards d'euros par an dans ce domaine. La nouvelle usine en Inde, celle des Etats-Unis et les 20 nouveaux modèles qui seront lancés d'ici 2010 en témoignent. Puis, début 2010, ce sera au tour de la New Small Family, issue des concepts car Up, de débarquer sur le marché des citadines.
De plus, la politique des plates-formes va prendre une nouvelle dimension avec les systèmes modulaires comme celui déjà mis en œuvre chez Audi. En plus de ce système modulaire longitudinal, le groupe en développe un autre, transversal, pour ses futurs véhicules des segments A0, A et B. Cette nouvelle structure devrait équiper 40 modèles d'ici quelques années et représenter 3 millions d'unités par an. Une réponse aux besoins de mobilité qui, malgré la crise, ne sont pas prêts de disparaître. La voiture électrique pourra d'ailleurs être une réponse, Martin Winterkorn l'admet, mais "l'industrie automobile doit dire la vérité à ce sujet". Pour lui, les annonces n'ont jamais fait avancer un véhicule dans la rue. Ceci étant, Volkswagen travaille sur le sujet, notamment avec Sanyo et Toshiba. La première Volkswagen électrique produite en grande série, basée sur la New Small Family, sera une réalité durant la prochaine décade a indiqué le président. "Nous ne travaillons pas sur la plus rapide des solutions, mais sur la meilleure pour nos clients."
Même si ce sera plus compliqué en 2009, "l'une des années les plus difficiles de l'histoire de notre entreprise", a prévenu Martin Winterkorn, le groupe se positionne pour tirer le meilleur parti de la sortie de crise. L'objectif étant toujours de devenir le numéro 1 à l'horizon 2018.
Photo : Le groupe n'a pas connu la crise en 2008, ses résultats le prouvent. En revanche, 2009 sera une année plus difficile, mais cela ne remet pas pour autant en cause l'objectif à long terme du groupe, qui vise la première place mondiale en 2018.
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