Ravy sur orbite
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"Le développement économique se mesure désormais à l'échelle mondiale. Mais selon nous, plus la compétition est mondiale, plus il faut faire valoir des compétences spécifiques. Etant entendu qu'il est difficile d'être performants dans tous les domaines. D'où l'importance des pôles de compétitivité. Et d'où la volonté de la Chambre d'identifier des filières dans lesquelles elle excelle pour mieux les promouvoir. Dans cette optique, l'automobile s'impose comme une évidence", indique en guise de préambule Jean-François Bernardin, président de la Chambre de commerce de d'industrie de Versailles Val d'Oise/Yvelines. Un simple chiffre suffit à illustrer cette assertion : l'automobile représente environ 75 000 emplois dans cette zone, soit près de 15 % du total des emplois salariés. Un poids qui s'explique notamment par la présence des sites de production de Flins (Renault) et de Poissy (PSA), pour une production journalière de plus de 3 000 véhicules. Ancrages de production (20 % de la production automobile française et 60 % de production exportée) auxquels viennent
FOCUSLes entreprises du Ravy Abmi, Air Liquide, Assystem, BMW France, Bureau Ecccil, Cergi SA, CMH, Comau Système France, DaimlerChrysler France, Delphi France, Dupont, ECM, Edag, Fiat France, Ford France, PSA Peugeot-Citroën, GKN Driveline, Gruau, Idestyle, Ikhalo, Johnson Controls Automotive, Kayaba Europe, Lear Corporation, Lisi Automotive Rapid, NCS Pyrotechnie et Technologies, OEA Europe, Onyx Industries Services, Renault, Renosol, Rousseau Automobile, Sedoc, Siemens VDO Automotive, Soufflerie Climatique IDF, Tyco Electronics France, Usitech 3D, Valeo. |
La volonté de créer et de bénéficier d'un effet système
Le secteur automobile joue donc un rôle prépondérant dans le tissu économique des Yvelines et du Val d'Oise. Une influence qui rime aussi avec défi aux yeux de Jean-François Bernardin : "La bataille de l'industrie est capitale à plus d'un titre, mais principalement parce que l'industrie est un domaine qui entraîne et dynamise l'emploi. Face à cet enjeu, il est logique que notre Chambre de commerce et d'industrie cherche à valoriser la filière automobile et fasse office d'écrin pour le Ravy". A titre indicatif, on peut noter que le panier "achats" lié à la filière automobile représente un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 500 millions d'euros, tous prestataires confondus (nettoyage, maintenance, transports, restauration…). La Chambre se positionne en fait comme le coordinateur, l'animateur du réseau. "Nullement axé sur le business, mais très volontiers lobbyiste", dixit Yves Fouchet, président de la délégation des Yvelines à la CCI. Le Ravy trouve son impulsion maîtresse dans les deux têtes de pont que sont PSA et Renault, renforcées pour l'heure par une trentaine d'entreprises (voir encadré). "C'est toujours le principe des pôles de compétitivité et le nôtre pourrait à l'avenir légitimement s'étendre jusqu'à Rouen", indique Jean-François Bernardin en précisant que la limite géographique desdits pôles est une erreur conceptuelle, uniquement liée au jeu des subventions. Selon Tristan Lormeau, directeur des ressources humaines de l'usine Renault de Flins, "le Ravy trouve son origine dans une réflexion sur la compétitivité face à la mondialisation. Or, on ne peut pas être compétitif tout seul. Je m'explique : bien entendu, il y a la compétitivité intrinsèque, via les produits ou les process, mais cela ne suffit pas. Il nous faut travailler tous ensemble sur certains dossiers pour créer et bénéficier d'un effet système". Gérard Castori, directeur des relations sociales et humaines du site de PSA Poissy et membre de la CCI Versailles Val d'Oise/Yvelines, tient un langage similaire : "PSA, Renault et d'autres entreprises ont des préoccupations et des besoins communs puisque nous partageons le même bassin d'emploi. Et d'une manière plus générale, il ne faut pas perdre de vue que l'industrie automobile est l'un des derniers bastions de forte concentration de main-d'œuvre, de la fabrication à la R&D".
Un programme fortement axé sur les ressources humaines et les besoins en infrastructures
Fort de cette volonté de "traiter collectivement des problématiques communes", le Ravy s'est fixé quatre axes de travail. Primo, les ressources humaines. Avec pour ambition la création d'une cartographie de l'emploi sur le territoire, d'une base de données emploi accessible à toutes les entreprises adhérentes via un extranet, et d'un passeport Ravy principalement destiné aux intérimaires. Des intérimaires dont le profil serait ainsi qualifié selon un système assez voisin de la VAE (validation des acquis et des compétences). Secundo, les infrastructures et l'aménagement du territoire. Avec l'objectif de mutualiser les moyens dédiés aux lignes de bus privées pour le personnel (plus de 150 lignes pour Flins et Poissy !) et la ferme intention de mieux exposer les besoins de la filière aux élus. Sur ce dernier point, Jean-François Bernardin s'insurge face à "l'immobilisme ambiant" et stigmatise "l'importance de construire des routes pour desservir correctement les usines et ainsi améliorer la qualité de vie des employés et la rentabilité des sites". Tertio, l'environnement, par l'intermédiaire d'une mutualisation des efforts et des compétences. Enfin, un important travail de communication afin de donner une image homogène de la filière et de la promouvoir, notamment auprès des élus, des pouvoirs publics et du monde de l'éducation. Après l'acte de naissance du Ravy l'an passé, ce programme sera déployé sur un mode pleinement opérationnel en 2006. Un programme ambitieux et pertinent dont on espère simplement qu'il ne se muera pas en dispositif d'épicier visant à mieux gérer la variable de l'intérim ou à gagner secrètement quelques bonnes grâces haut placées.
Alexandre Guillet
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