Radioscopie d’une révolution trop lente
A y réfléchir, la radio numérique terrestre (RNT) est l'alter ego de la TNT. A ceci près qu'elle aura mis plus de temps à se mettre en place. Plus de quinze ans. Et la route qui mène à son implémentation en France semble encore longue. Une perspective qui a le don d'agacer les acteurs concernés par ce marché. Tous s'impatientent. Tous lorgnent sur cet énorme gâteau dont chacun veut bien évidemment une part. Car il ne faut pas s'y tromper, le marché de la radio numérique sera sans conteste l'un des plus importants de l'histoire de l'électronique embarquée. En somme, il s'agit potentiellement de renouveler l'intégralité du parc. Nous nous trouvons dans la même situation qu'à l'époque où il a fallu remplacer les autoradios à cassettes contre les produits supportant le CD.
Les fabricants sont évidemment les premiers à se frotter les mains. Lors de notre étude de marché, il y a de cela un an, les grands se disaient déjà opérationnels. Ils s'impatientent désormais. Ce délai offre néanmoins un avantage : il laisse le temps aux négociations. Ainsi des marques comme Alpine, qui réalise 60 % de son activité auprès des constructeurs tente de placer ses pions sur ce nouvel échiquier. Le but est de continuer d'assurer sa présence sur les chaîne de montage en usine.
On s'intéresse à sa qualité
Les constructeurs justement, se livrent à une course non médiatique. Qui de Renault, de Nissan, de PSA, ou encore de BMW sera le premier à proposer une solution ? La marque à l'hélice s'est livrée à une batterie de tests, il y a quelques mois. "Les résultats étaient relativement concluants", rapporte des sources proches du dossier. Pourtant à la communication France, personne ne peut nous renseigner sur l'avancée du projet. Chez Renault, les ingénieurs ont équipé un SUV Koleos. Ils profitent de l'expérience engrangée en Corée, l'un des pays les plus matures en matière de RNT. "La radio numérique nous intéresse pour sa qualité", confie Bruno Moreau, porte-parole de Renault sur la question.
PSA Peugeot Citroën, moins communicatif sur le sujet, ne serait pas en reste. Et à en croire son équipementier, Continental, des productions de série sont à venir au cours de l'année prochaine (voir encadré ci-dessous). Le groupe de Philippe Varin aurait également d'autres projets avec Magneti Marelli, selon une source proche du dossier.
Les normes, ce casse-tête
Un avenir brouillé
Se pose donc la question du matériel. Entre la solution du décodeur intégré et celle du module annexe, entre un bi-tuner et un tri-tuner, et être capable de faire la passerelle entre la RNT et la FM, sont autant de choix que doivent faire les fabricants qui ont un cahier des charges international, comme le répète Nicolas Mougenot. "Nous avons des contraintes en émission et réception, souligne pour sa part Bruno Moreau, de Renault. Nous adopterons donc la double antenne". Rien n'est fait et l'échéance du 1er septembre 2013, date à laquelle toutes les nouvelles voitures seront obligatoirement équipées, approchera à grand pas.
Reste encore à clarifier certains points cruciaux : Des services sont prévus, mais le modèle économique n'est pas arrêté. Quel coût pour le consommateur final ? Quel type d'informations visuelles peut-on envoyer au conducteur sans risquer de la mettre en danger ? Et plus étrange encore, comment une nouvelle technologie peut-elle s'installer et s'affirmer, si la fin de l'ancienne n'est pas programmée ? Autant de questions auxquelles personne n'est pour l'heure capable de répondre. La route est encore longue…
QUESTIONS ÀGilles Mabire, Responsable pôle Infotainment & Connectivity. "Une production de série dès 2010 chez Peugeot et Citroën" Journal de l'Automobile. Comment un équipementier tel que Continental se positionne-t-il sur une telle technologie ? JA. Il n'y a pas de calendrier, mais d'ici à 2013, l'automobile doit être équipée, où en êtes-vous de votre développement ? JA. Vous est-il possible de fournir un produit multistandard à un moindre coût ? JA. Quelles sont les autres contraintes auxquelles vous faites face ? |
Photo : Au dernier Mondial de l'Automobile, en 2008, Renault et RTL exposait un Koleos équipé de la radio numérique. Une première étape pour les constructeurs, en attendant une concrétisation l'an prochain.
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