S'abonner
Constructeurs

QUESTIONS À Gilles Simon et à Pascal Vasselon

Publié le 21 décembre 2007

Par Marc David
4 min de lecture
"Nous devons maintenir la compétition technique en maîtrisant les coûts."Journal de l'Automobile. Comment en êtes-vous arrivés là ?...

...
Gilles Simon. Après 5 ans passés chez Peugeot Sport en tant que responsable de projet moteur sur les programmes Le Mans (moteur V10 de la 905, vainqueur des 24 Heures du Mans en 1992 et 1993) puis F1 (la 1re version du moteur qui équipera la McLaren de 1994), j'ai commencé à travailler chez Ferrari le 1er janvier 1994, dans le département Formule 1 (Gestione Sportiva). De là, j'ai été successivement responsable du projet 046, soit le premier moteur V10 Ferrari, puis responsable Etudes et Développements Moteurs en 1997 et enfin, directeur Moteurs depuis la fin de l'année dernière.
Pascal Vasselon. Lorsque j'étais plus jeune, je n'imaginais pas faire un travail qui ne s'apparente pas aux loisirs et à la passion. Et comme à cette époque je passais déjà des week-ends sur des circuits, je me suis dit que je pouvais concilier l'utile à l'agréable. En d'autres termes, ce n'est pas par hasard que je me suis retrouvé dans le secteur de la compétition, j'ai orienté ma scolarité et mon parcours professionnel en ce sens, avec l'objectif d'être en F1 et de faire ce que je fais actuellement. Bien sûr, on ne peut jamais être sûr que les choses aboutissent. Maintenant, pour ce qui est du choix Toyota, il s'agit d'une fantastique opportunité, qui correspondait en tous points à mon profil. Il faut dire aussi que j'ai retrouvé chez Toyota l'approche que j'avais connue chez Michelin. Ces deux entreprises ont la même éthique.

JA. En quoi consiste exactement votre fonction ?
GS. En tant que directeur du département Moteurs F1, j'ai la responsabilité du processus qui va de la définition des moteurs à leur utilisation en essais puis en course. Plus concrètement, notre groupe de travail définit le moteur et ses évolutions en assurant la performance et l'intégration dans l'auto, le développement et la garantie de la fiabilité requise, cette dernière étant elle-même issue d'un process de qualité complexe. Au global, cela passe par les essais au banc et en piste, sachant que le niveau de fiabilité doit se gérer durant les courses. Mon rôle consiste donc à garantir ce processus.
PV. A l'usine, mon travail consiste à superviser les activités châssis du Team Panasonic Toyota Racing, travail englobant la R&D, le design et l'aérodynamique ainsi que les études avancées qui vont même jusqu'à la boîte de vitesses. Sur la piste, je suis responsable de l'ensemble des opérations, soit du Race engineering et du team management. Il faut savoir en effet que, si les départements moteurs et châssis sont séparés à l'usine, ils sont regroupés sur la piste sous une seule hiérarchie, pour être plus opérationnels.

JA. Votre regard sur la F1 actuelle ?
GS. Les Formules 1 actuelles sont extrêmement complexes. C'est captivant et c'est ce qui m'a poussé personnellement à m'investir dans ce domaine. Reste que, nous devons être conscients que les budgets nécessaires au fonctionnement d'une équipe et à son niveau de performances ont atteint une limite. Les évolutions de règlement cherchent à contrôler ces dépenses pour que notre sport reste viable. Si nous arrivons à maintenir une compétition technique en maîtrisant les coûts, nous aurons demain une Formule 1 passionnante et équilibrée.
PV. En F1, on ne sait jamais bien de quoi demain sera fait. Ce sport est tiraillé entre deux exigences assez contradictoires. Etre et rester une vitrine technologique dans la mesure où cet élément a fait son image et une bonne partie de son succès, et le risque que cette vitrine technologique devienne à ce point coûteuse que plus personne ne puisse se permettre d'y accéder. En fait, aujourd'hui, et le sujet a fait l'actualité au cours de ces dernières semaines, nous sommes en plein dans cette recherche du compromis idéal qui est de rester une vitrine technologique en mesure d'intéresser le spectateur, tout en maîtrisant les coûts afin qu'il subsiste quelques acteurs désireux de se présenter au départ. Nous sommes relativement confiants, la F1 ayant toujours été assez réactive et prompt à corriger les éventuelles erreurs d'orientations.

JA. Existe-t-il une vie après la F1 ? Eventuellement, qu'aimeriez-vous faire ou entreprendre ?
GS. La question n'est pas d'actualité, je continuerai à faire des moteurs le plus longtemps possible. PV. Pour le moment, je n'imagine pas la vie sans la F1. Dans la période de transition entre mon précédent employeur (Michelin, NDLR) et Toyota, j'ai eu une période de quelques mois durant laquelle j'avais envisagé de ne plus pouvoir travailler en F1… C'était terrible ! Bon, maintenant, si cela arrive un jour, je me rapprocherais sûrement du monde du bateau (à moteur, bien sûr !), en m'installant à proximité d'un océan ou même d'un grand lac. Mais cela reste encore très flou.

Photo : Pascal Vasselon Directeur Général châssis de Toyota.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle