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Constructeurs

Quel potentiel après-vente en Europe de l’Est ?

Publié le 14 octobre 2005

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Pour connaître le potentiel après-vente d'un pays il faut disposer d'un portrait fidèle de son parc automobile, en répondant notamment aux questions suivantes : Quelle est la taille du parc ? Quel est son âge ? De quel segment de véhicules et de quelles marques est-il composé ? Autant de questions...
Pour connaître le potentiel après-vente d'un pays il faut disposer d'un portrait fidèle de son parc automobile, en répondant notamment aux questions suivantes : Quelle est la taille du parc ? Quel est son âge ? De quel segment de véhicules et de quelles marques est-il composé ? Autant de questions...

...auxquelles les analystes de R. L. Polk, spécialistes des bases de données automobiles, ont bien voulu répondre pour nous permettre d'analyser les opportunités au sein des 5 grands marchés d'Europe Centrale.


Les acteurs du marché automobile, qu'ils soient constructeurs ou équipementiers, regardent avec de plus en plus d'intérêt les pays de l'Europe Centrale et Orientale. Cette zone constitue en effet un débouché important en termes de vente de véhicules mais aussi en termes d'après-vente. R.L. Polk nous donne quelques pistes pour mesurer le potentiel existant au sein des "Big Five", les 5 plus grands marchés entrés dans l'Union européenne en 2004, la Pologne, la République Tchèque, la Hongrie, la Slovaquie et la Slovénie.

Les véhicules les plus âgés en Pologne et en République Tchèque

Au 31 décembre 2003, les parcs de ces 5 pays cumulés représentent 20 millions de véhicules particuliers, soit un peu plus des deux tiers du parc automobile français. La Pologne avec 11 millions de véhicules contribue pour plus de 56 % à la structure de ce marché potentiel en termes d'après-vente. Il est toutefois nécessaire d'approfondir l'analyse et de s'attarder sur la structure de ce parc roulant pour apporter des éléments plus significatifs.
La Pologne et la République tchèque présentent un paysage automobilistique "daté" : environ 40 % de leur parc est constitué de véhicules de plus de 15 ans. Ce ratio passe à un tiers pour la Hongrie et la Slovaquie et à seulement 11 % pour la Slovénie, qui présente le profil le plus proche du parc français. Si on élargit le spectre, les ratios se resserrent : de l'ordre de 55 % du parc des 4 premiers pays (jusqu'à 60 % pour la République Tchèque) est âgé de plus de 10 ans. Là encore, la Slovénie se distingue avec un ratio de 36 %. Un quart de son parc à moins de 5 ans, contre respectivement 14 % et 15 % pour la Pologne et la République Tchèque.

Les plus petites motorisations en Pologne

Un autre angle d'analyse consiste à étudier le parc roulant en prenant en compte la répartition par catégorie de cylindrée des véhicules. Nous pouvons observer des situations très différentes dans les cinq pays étudiés. Le fait le plus marquant est la très forte proportion de véhicules de petite cylindrée circulant en Pologne : 42,1 % du parc est composé de véhicules dont la cylindrée est inférieure à 1100 cc. Il faut naturellement rapprocher ce phénomène à la présence historique du constructeur Fiat dans ce pays. Il représente toujours plus de 40 % du parc. Les autres pays se situent au maximum à 18 % de cylindrées de moins de 1100 cc pour la République Tchèque et au minimum à 6,9 % pour la Slovénie. La Slovaquie révèle, pour sa part, une forte présence de voitures de la classe de cylindrée comprise entre 1100 cc et 1499 cc avec une valeur proche de 60 % de son parc roulant. Dans ce cas, nous pouvons probablement interpréter cette réalité en s'appuyant sur le patrimoine Skoda (57,4 % du parc !) et sur la suprématie du groupe Volkswagen dans cette nation.
Les plus grosses cylindrées sont à mettre à l'actif de la Slovénie, avec presque 48 % des véhicules circulant dans ce pays qui appartiennent à la catégorie 1500 cc et plus. Là encore, la ressemblance avec le parc français est remarquable. On peut sans doute y voir l'influence de Renault, première marque représentée dans le parc avec 17 % de parts de marché.

Seulement 3 % de Diesel en Pologne

Nous pouvons déceler dans le parc slovène les prémices d'un rapprochement avec l'attitude occidentale. Reste que, pour des raisons essentiellement économiques, l'utilisation de l'automobile dans les Pays de l'Est est encore à un niveau bien inférieur à celui des autres membres de l'Union européenne. Avec seulement 900 000 VP en circulation, on pourrait en conclure que seules les classes sociales slovènes aisées possèdent un véhicule, et que leurs moyens financiers les autorisent à choisir parmi l'offre occidentale. Il n'en est rien, au regard de la densité de voitures particulières pour 1 000 habitants. La Slovénie est un petit pays où près d'un habitant sur deux possède un véhicule… comme en France. La Pologne qui affiche le parc le plus important en est encore aux prémices de l'ère automobile avec moins d'un véhicule pour 3 habitants. Le potentiel de développement y est d'autant plus important.
Les axes d'analyse et réflexion au sujet de l'évolution industrielle et économique dans le secteur de l'automobile de l'Europe de l'Est sont encore loin d'être abordés dans leur intégralité. A titre d'exemple, pour un taux de diésélisation de 44 % en France, nous observons un taux de 12 % en République tchèque et de 3 % en Pologne. Il faudra suivre avec attention dans les années qui viennent cette réalité pour se trouver préparé à en relever les défis et apporter les réponses les plus adaptées en terme de stratégie.


Marco Soldi, analyste R.L. Polk,
et Xavier Champagne

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