Peugeot revient sur ses positions
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Il y a tout juste un an, interrogé sur l'avenir du réseau de 2 900 agents, Peugeot assurait : "il n'est pas question de proposer un contrat de réparateur agréé secondaire". A l'après-vente, les agents devaient donc être logés à la même enseigne que les concessionnaires (JA n°809). Toutefois, sachant que tous ne pourraient satisfaire aux critères de sélection du contrat de réparateur agréé Peugeot, le constructeur expliquait : "Afin qu'ils [les agents] puissent garder un lien avec Peugeot, nous proposerons une nouvelle licence de marque d'entretien et de réparation courante, indépendante de Peugeot Rapide." Un projet finalement abandonné au profit de l'élaboration d'un contrat de réparateur agréé... secondaire. "Lorsque nous nous sommes prononcés, nous n'en étions qu'aux prémices de nos études, le règlement venait tout juste de paraître, n'évoquait pas clairement le cas des agents, qui restent une spécificité française, et la brochure explicative n'était pas encore parue", rappelle Jean Guillaunnet, responsable développement et animation réseau Peugeot.
En théorie, l'idée de la licence de marque avait pourtant de quoi séduire, tant elle permettait de conserver l'ensemble des effectifs. "Notre objectif numéro un a toujours été de poursuivre notre partenariat avec nos 2 900 agents afin de maintenir une capillarité réseau essentielle pour nos clients", insiste ainsi Jean Guillaunnet. Mais en pratique, selon Gérard Molines, président du groupement des agents Automobiles Peugeot, "ceux qui seraient entrés dans ce système de licence de marque auraient signé leur arrêt de mort à plus ou moins long terme".
Sous la licence de marque d'entretien et de réparation courante, la pérennité de 2 500 agences était compromise
Le principal point d'achoppement, selon le groupement des agents Peugeot ? Les opérations de maintenance et de réparation sous garantie que les ex-agents licenciés n'auraient pas été autorisés à assurer. Ainsi, alors que les agents Peugeot réalisent 20 à 25 % des ventes VN de la marque, en tant qu'apporteurs d'affaires pour le compte des concessionnaires, "sous cette licence de marque, pendant deux ans, la période de la garantie probablement amenée à s'allonger, ils n'auraient pas pu intervenir à l'après-vente sur les véhicules qu'ils vendent". Les clients auraient été réorientés chez le réparateur agréé Peugeot le plus proche, et lui seraient restés naturellement fidèles au terme de la garantie. Peugeot
Pour le groupement, il était d'autant plus impératif de trouver une autre alternative que ce projet de licence allait concerner un nombre important d'opérateurs. "A l'origine, nous estimions
que 500 à 600 agents seraient susceptibles de devenir réparateurs agréés Peugeot, explique Gérard Molines. Mais plus le constructeur avançait dans l'élaboration des critères de sélection, plus ces derniers se sont avéré être d'un niveau élevé." Au point que seuls 200 agents Peugeot devraient effectivement les satisfaire et signer avec le constructeur, le 1er octobre, un contrat de réparateur agréé Peugeot (CDD de 6 ans).
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Ainsi, au total, si l'on tient compte de la défection naturelle de 200 opérateurs, c'est la pérennité de 2 500 affaires qui allait être compromise par le projet de licence de marque d'entretien et de réparation courante. Peugeot a donc revu sa copie. "Nous avons obtenu que Peugeot opte pour un contrat de réparateur agréé secondaire permettant aux agents souhaitant poursuivre avec la marque de continuer à faire de la garantie", se satisfait Gérard Molines. "Proposer un contrat de réparateur agréé secondaire s'est révélé être la meilleure solution pour préserver la stabilité du réseau, explique Jean Guillaunnet. Nous avons préféré préserver l'ancien système tout en intégrant les modifications imposées par la nouvelle réglementation." A la différence des réparateurs agréés Peugeot de niveau 1, les réparateurs agréés secondaires n'auront pas l'obligation d'assurer 100 % des opérations de maintenance et de réparation prises en charge par le constructeur.
Avec le contrat de réparateur agréé secondaire, les agents pourront faire de la garantie et conserver leur clientèle VN
L'agent signera le contrat de réparateur agréé secondaire, un CDD de 6 ans, avec le distributeur VN et PR de sa région, sous réserve de remplir les critères de sélectivité, dont la base est commune avec le contrat de réparateur agréé Peugeot de niveau 1 : le respect des cinq engagements Peugeot dédiés à la satisfaction client, le bandeau de façade, l'outillage, la formation, l'interconnexion à l'extranet constructeur... Pour le reste, les standards sont allégés, principalement au niveau du matériel de réparation ou du degré de compétence des équipes. "Par exemple, alors que le réparateur agréé Peugeot doit disposer d'un conseiller technique, le constructeur ne demande au réparateur agréé secondaire qu'un référent technique", explique Gérard Molines. Lorsque les agents ne pourront intervenir sur un véhicule, le client sera réorienté chez un réparateur agréé Peugeot.
Les agents pourront également poursuivre une activité de vente VN dans le cadre du contrat d'apporteur d'affaires signé avec les distributeurs VN Peugeot. A ce niveau, les agents devront respecter les normes qui étaient demandées dans l'ancienne configuration du réseau secondaire et qui étaient liées au volume VN annuel. En moyenne, 10 à 12 VN pour les agents Services, 60 à 70 VN pour les agents généraux et 100 à 200 VN pour les vendeurs agréés Peugeot. Cette dernière catégorie, qui concerne 45 affaires, implique de répondre aux standards les plus élevés (trois véhicules d'exposition dans un hall de 90 m2 et un vendeur VN salarié), et "contrairement aux pratiques passées, les ventes ne seront plus réalisées au nom de l'agent, mais du distributeur VN", précise Gérard Molines.
Au terme d'une année de négociations, le groupement des agents Automobiles Peugeot se félicite d'avoir obtenu à l'après-vente "un contrat viable offrant à chaque agent une réelle opportunité de poursuivre avec la marque", tout en développant une activité VN, même si celle-ci n'est pas leur cœur de métier. Le bilan est d'autant plus positif que, parallèlement, le groupement a obtenu "une revalorisation à la hausse de la grille de rémunération VN et du taux de main-d'œuvre garantie", annonce Gérard Molines. Seules les conditions tarifaires applicables aux pièces de rechange garanties n'ont pas évolué, elles restent remboursées au prix net : "Accorder des remises risquerait de créer un business sur le remboursement des pièces garanties", conclut Gérard Molines.
Annabelle Avril
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