Olivier Mélis plaide pour la clause de réparation
...est un terme qu'Olivier Mélis aimerait sortir de son vocabulaire, c'est bien celui de "contrainte". "Nous ne sommes pas obligés d'agir toujours par contrainte", rappelle l'un des directeurs généraux et membre du directoire du groupe Norauto qui explique : "Nous n'avons pas arrêté de vendre des pare-buffles parce que c'était interdit, nous l'avons fait pour la sécurité des personnes, parce que nous estimons que ce sont des accessoires dangereux. De la même façon, nous recyclons les pneumatiques depuis plus de 10 ans dans le cadre de notre programme pour l'environnement alors même que les manufacturiers faisaient du lobbying pour aller à l'encontre de cette démarche." Aussi, ne comprend-il pas les allégations des constructeurs qui prônent le refus de la clause de réparation (pour les pièces de carrosserie) au nom de la sécurité. Le résultat s'avère, en fait, inverse nous précise Olivier Mélis : "Le monopole sur les pièces des constructeurs favorise le recours à la contrefaçon quelle qu'elle soit. Des pièces défectueuses voire dangereuses peuvent donc aussi se glisser sur notre marché. A l'inverse, si nous ouvrons le marché, nous pouvons mettre en place des règles de traçabilité." En clair, ce que propose Olivier Mélis, c'est de replacer le débat de la clause de réparation sous l'angle de la protection de l'usager et non des intérêts du constructeur. D'autant, commente-t-il à nouveau, que "l'absence de concurrence sur ce marché permet au constructeur de conserver des prix très élevés sur ces pièces et donc encourage les automobilistes à devenir des clients des contrefacteurs."
Et l'Europe ?
Le débat s'avère de plus en plus d'arrière garde eu égard aux disparités européennes que sous-tend la non transposition de la clause de réparation. Bruxelles, en effet, l'année dernière, avait tranché pour une directive transitoire qui, tout en rappelant les acquis de la notion de pièce d'origine ou de qualité équivalente à l'origine, ouvrait à la concurrence les pièces dites visibles (vitres, phares, rétroviseurs, feux, carrosserie…). Restait aux Etats membres de transposer cette directive dans leurs lois. Ce qu'ont fait une grande partie de nos voisins européens mais pas la France. Autrement dit, en franchissant une frontière, si vous changez votre rétroviseur avec une pièce d'origine non constructeur, vous devenez importateur de pièces contrefaites en rentrant en France. L'expression "Europe à deux vitesses" prend donc tout son sens et rend incohérente toute démarche commerciale européenne. L'élection d'Angela Merkel comme nouveau Chancelier allemand va, selon la Figiefa, changer la donne, puisqu'elle pourrait ne plus soutenir l'Allemagne à la France dans les joutes Bruxelloises et amener le vote définitif de l'adoption de la directive. Est-ce que cela changerait beaucoup pour le marché ? "Cela lutterait contre la contrefaçon, réduirait les coûts de ces pièces de 25 à 30 % pour le consommateur mais ne créerait pas de révolution", souligne Olivier Mélis qui rappelle que son groupe lutte pour la libéralisation des marchés plus par principe que dans l'objectif de l'accroissement d'un chiffre d'affaires qui n'est pas significatif pour eux : "Nous demandons seulement à exister", précise-t-il en appelant à plus de bon sens et de morale : "Je préfère le respect de la morale plus que de la loi." Nous respectons la loi mais pas sous l'angle de la contrainte. Rappelons qu'Olivier Mélis est membre du directoire du groupe Norauto, fondé en 1970 par Eric Derville, un groupe comprenant aujourd'hui un millier de points de vente en Europe (Norauto, Midas, Maxauto et Auto 5) et réalisant un chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros HT sur 11 pays, à l'aide de 7 800 collaborateurs directs.
Hervé Daigueperce
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.