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Constructeurs

No cars without ESP*

Publié le 4 février 2005

Par Tanguy Merrien
8 min de lecture
A l'occasion des 10 ans de l'ESP (Electronic Stability Programm), la direction générale de la division châssis et systèmes du groupe Bosch, direction présidée par Jean Dufour, a réussi à persuader les ermites du centre de recherche et développement et d'essais du centre de Vaitoudden, au Nord de...

...la Suède, de nous ouvrir leurs portes. Récit.


Obtenir cette autorisation n'était pourtant pas chose aisée, les ingénieurs qui occupent cette contrée de Laponie craignant plus le froid dans le dos que leur procurent nos appareils photo et autres enregistreurs que le froid polaire qui les entoure. En effet, pour les néophytes en géographie, le cercle polaire se situe à peine à 100 km de cette charmante presqu'île hantée pas les rennes, quelques Lapons et les ingénieurs de chez Bosch. Un lieu très étudié pour des tests grandeur nature en freinage d'urgence et dérapage, stabilité et tenue de route ! Bosch dispose d'ailleurs de sept autres centres d'essais dont le groupe s'enorgueillit à juste titre et qui répondent à deux critères essentiels et principaux : tester la saison froide comme la saison sèche jusqu'aux conditions les plus extrêmes et être présents au plus proche de leurs marchés. D'où l'implantation aux USA, au Japon, en Europe ou encore en Chine. Les pistes d'essais des constructeurs s'ajoutant à leurs terrains de "jeux" ! Alors pourquoi fêter les 10 ans de l'ESP à Vaitoudden, à 10 km d'Arjeplog ? Tout simplement parce que ce centre d'essais de Bosch est tout nouveau et offre désormais des combinaisons beaucoup plus variées.

Le centre d'essais de Vaitoudden

C'est en décembre 2003 que Sa Majesté le Roi Charles XVI Gustave de Suède inaugura les nouvelles pistes d'essais de Bosch en présence de nombreux visiteurs tels les constructeurs automobiles, sans doute plus friands des perspectives offertes par le complexe que par les royales allocutions. Ceci pour préciser l'importance accordée aux investissements réalisés (20 millions d'euros) et aux résultats attendus dans le cadre des innovations technologiques de sécurité et de confort pour l'automobiliste. Le site, s'étendant sur 4,2 km2, comprend le centre lui-même qui abrite les travaux de 400 ingénieurs et techniciens de la seule division châssis et systèmes, ainsi que les pistes tracées à la fois sur terre et sur un lac dont l'épaisseur de glace peut atteindre les 1,20 mètre. Chaque hiver, en effet, dès le début du gel, des techniciens dessinent les pistes et offrent un nouveau paysage éphémère propice à leurs besoins. Tous les tests de freinage, d'antipatinage, de résistance et bien sûr de contrôle de stabilité sont effectués quotidiennement par des ingénieurs secondés par leurs ordinateurs portables qu'ils connectent directement aux capteurs du véhicule. Chaque test est enregistré, analysé, et comparé avec les calculs effectués au préalable. Sur terre, des parties d'asphalte sont chauffées pour permettre de tester le comportement des véhicules dont les roues reposent à la fois sur partie sèche et sur partie glissante. Différentes inclinaisons sont données aux pistes pour multiplier les conditions auxquelles seront soumis les véhicules. Un centre d'essais comme celui-ci a pour principal objectif de tester et d'élaborer les produits de sécurité comme l'ESP ou l'ABS dans toutes les conditions possibles, mais aussi de "programmer" ces équipements en fonction du souhait du client, à savoir le constructeur. En effet, la personnalisation s'avère possible et le client peut ainsi s'assurer que son véhicule sera plus sportif, plus sécurisant, plus réactif... Les équipements seront donc réglés en fonction, grâce à l'intervention sur les centaines de paramètres qui entrent en jeu dans la conception de l'ESP, l'ABS ou l'ASR. Le plus délicat étant de combiner entre eux tous les systèmes et bien sûr tous les langages. Compte tenu des enjeux, les réglages prennent beaucoup de temps, mais rappelons que la décision d'apporter tel équipement à un véhicule est prise 3 ans avant la sortie officielle de l'auto !

La décision idéale

A soixante-cinq kilomètres à l'heure sur une route verglassée, si vous donnez un coup de volant et que vous ne vous vous appelez pas Sébastien Loeb, vous partez dans le décor ou dans la voiture d'en face. Version sans ESP. Avec ESP, la voiture se redresse et conserve sa trajectoire. Pourquoi 65 km/h ? Parce que c'est la vitesse que l'on a tentée, un brin soucieux, pour réaliser l'exercice. Dans le même esprit, peu de temps après, à 100 km/heure sur le lac gelé, nous avons pu avec l'ESP redresser le véhicule et en reprendre la maîtrise . Sans ESP, le véhicule devenait incontrôlable ! Parallèlement, nous avons freiné brutalement à différentes vitesses : quand l'ABS se déclenche, la voiture reste sur son axe, le gain de mètres supplémentaires n'étant pas l'objectif recherché, au contraire de la maîtrise du véhicule. C'est pourquoi l'ESP est également muni de l'ASR, c'est-à-dire le système de régulation antipatinage. En effet, l'ESP comprend les trois systèmes ! Autant dire une triple sécurité qui devrait être obligatoire. Le problème, c'est que, même si la Commission européenne a décidé de prendre comme priorité la sécurité routière pour diviser le nombre de morts par deux d'ici à 2010, les choses ne sont pas aussi simples. Des signes montrent cependant que l'on va dans le bon sens : Erkki Liikanen, membre de la Commission, a déclaré l'année 2005 année de l'ESP ; le commissaire européen dédié au transport et le vice-président de la Commission, Jacques Barrot, a rappelé lors de sa visite à Vaitoudden l'importance qu'il accorde à cet équipement de sécurité - une charte sur la sécurité a d'ailleurs été signée par Bosch et par 38 autres sociétés pour faire baisser le nombre d'accidents mortels. Mais il faut la volonté des constructeurs automobiles pour qui l'ESP reste cher. Plus exactement, son coût sur un segment très concurrencé a une incidence non négligeable et s'avère difficilement négociable commercialement . Reste que les 50 % de réduction d'accidents que l'on peut espérer avec le système sont une donnée qu'il faudra bien prendre en compte un jour. Jean Dufour ne désespère pas que, d'ici à deux ou trois ans, les constructeurs d'automobiles décident de concert de le mettre en série sur des gammes plus larges de véhicules, à l'instar de ce qui a été fait pour l'ABS. Un fait significatif doit être mentionné : l'ABS a mis vingt ans pour que l'ensemble des véhicules immatriculés en soient équipés en Europe alors que l'ESP équipe déjà 15 millions d'automobiles, dix ans après son lancement. Il convient désormais d'accentuer la communication sur ses bienfaits. Un programme appelé ESPérience, comprenant une formation en salle et sur pistes sur l'ABS et l'ESP, est dispensé auprès des concessionnaires avec un plus : comment expliquer de façon simple à l'automobiliste l'intérêt de cet équipement. Il s'agit juste de le faire savoir !


Hervé Daigueperce

*Pas de voitures sans ESP


 





ZOOM

Comment fonctionne l'ESP ?


Qu'est-ce qu'ESP ? Vous êtes sur l'autoroute, un objet tombe devant vous. Vous êtes obligé de faire un brusque écart qui vous déporte sur la voie de gauche... Au cours des situations de conduite de tous les jours, le véhicule est soumis à des forces latérales. Si on roule un peu trop vite ou si on donne un brusque coup de volant, ces forces ont tendance à déstabiliser le véhicule ; le contrôle dynamique de trajectoire ESP s'oppose à cette tendance dès son apparition. A cet effet, il intervient sur les freins, éventuellement sur le moteur (en réduisant le couple moteur et en influençant la sélection des rapports de la boîte de vitesses automatique) et même aussi sur la boîte de vitesse. L'ESP comprend les composants suivants : un capteur de vitesse au niveau de chaque roue, le capteur de lacet mesure la vitesse de rotation du véhicule autour de son axe vertical. Le capteur d'angle de volant enregistre le souhait de braquage du conducteur. A partir des signaux des capteurs, le calculateur détermine l'instant et le mode des interventions. Le groupe hydraulique fait monter et baisser la pression de freinage au niveau des freins de roue.


Que se passe-t-il lors de la première manœuvre de braquage ? Le conducteur doit obliquer rapidement vers la gauche, le capteur d'angle de volant signale cette manœuvre au calculateur E.S.P. Le capteur de lacet signale toutefois que le véhicule tend à sous-virer et vise tout droit sur l'obstacle. En quelques fractions de secondes, l'ESP freine très vite et très énergiquement la roue arrière gauche, cela produit la contre force voulue et le véhicule suit alors l'attente du conducteur.


Que se passe-t-il en cas de contre braquage ? Au moment du contre braquage pour rester sur la voie de gauche après la manœuvre d'évitement, le véhicule tend à sur-virer c'est-à-dire que sa partie arrière risque de chasser vers la gauche. Le couple de rotation vers la droite est plus fort que celui souhaité par le conducteur. Dans ce cas, l'ESP freine alors la roue avant gauche, le couple de rotation diminue ; au lieu de partir en dérapage, le véhicule reste stable grâce à l'ESP. Et bientôt les nouvelles versions, l'ESP Premium doté en plus du régulateur de vitesse et d'espacement ainsi que du freinage d'urgence automatique. L'ESP Plus qui comprend l'essuyage des disques de frein, le pré-remplissage du circuit de freinage et l'assistance circulation dense.


Texte de la division Châssis et Systèmes de Bosch.

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