MG Rover : entre incertitudes et interrogations
...que MG Rover devrait signer un accord d'ici quelques semaines avec Shanghai Automotive Industry Corporation (SAIC), les rumeurs vont bon train au Royaume-Uni quant à l'avenir même du dernier constructeur indépendant 100 % britannique. Selon les termes du préaccord, la SAIC injecterait un milliard de livres, soit 1,42 milliard d'euros, dans un joint-venture qui serait détenu à 70 % par le groupe chinois et à 30 % par MG Rover. D'après ce préaccord, MG Rover assemblera une partie de sa gamme en Chine dans les usines de la SAIC. Les véhicules seront vendus en Chine, mais également destinés à l'exportation. Kevin Howe, le P-dg de MG Rover, a expliqué qu'en contrepartie, son entreprise va fournir des droits d'exploitation sur les licences de MG Rover. En d'autres termes, il s'agit bien de transferts de technologies. Rob Oldaker, directeur du développement produit, a tenu à rassurer en soulignant que MG Rover poursuivra une partie de la production en Grande-Bretagne. Pour le président du constructeur, John Towers, l'avenir de MG Rover se joue en Chine. Mais nombreux sont ceux qui se montrent prudents, voir très prudents ou bien franchement pessimistes. Nick Matthews, chercheur au Warwick Manufacturing Group qui conseille les constructeurs automobiles en Grande-Bretagne, pense que "ce rapprochement est une fiction". "Longbridge est en train de fermer petit à petit depuis quatre ans, explique-t-il. La fermeture va s'accélérer et je ne pense pas que le groupe soit encore debout après le premier semestre 2005."
Préservation des emplois en Grande-Bretagne
La faiblesse fondamentale de MG Rover réside dans le niveau de ses ventes. Celles-ci sont régulièrement en baisse et ce depuis une vingtaine d'années. Sa part de marché n'est plus que de 2 % en Grande-Bretagne alors qu'elle était de 3 % sur l'ensemble du marché européen dans les années 80. "Aucun constructeur n'est parvenu à se sortir d'une situation comparable, à l'exception peut-être de Skoda, parce que Volkswagen y a mis les moyens. La SAIC est loin de disposer des moyens et du savoir-faire de Volkswagen", poursuit Nick Matthews. Cette sombre analyse n'est pas partagée par un autre expert britannique, Peter Cook, de la Nottingham Trent University. "Ce qui se passe avec les constructeurs chinois n'est pas sans rappeler ce que les Américains ont fait dans le passé en se développant en Europe, suggère-t-il. On peut très bien imaginer que MG Rover continue d'assembler des voitures de prestige et des grosses berlines en Europe, tandis que les voitures d'entrée de gamme à petits prix seraient construites en Chine." Selon un scénario catastrophe des syndicats, seules les activités de recherche et développement resteraient à Longbridge. Pour sa part, John Towers, le président du constructeur, s'est voulu rassurant quant à la préservation des emplois en Grande-Bretagne : "Personne ne promet jamais rien dans cette industrie, mais le fait que des voitures seront toujours assemblées dans notre usine de Longbridge, sans doute en plus grande quantité, est la meilleure garantie que l'on puisse donner."
Cyril André
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