Logistique : l’automobile recrute
...En revanche, les entreprises automobiles ont été plus nombreuses à recruter qu'en 2002.
En guise d'introduction à la 10e enquête réalisée par l'AFT-Iftim sur les besoins en emplois et en formations dans les fonctions de la logistique, Jean-André Lasserre, directeur adjoint de l'Institut pédagogique du transport et de la logistique de l'AFT-Iftim et responsable des Etudes et Recherches du groupe, dresse un bilan sans concession de l'exercice écoulé : "Dans un contexte morose, il s'agit de "réduire la voilure"… tout en préparant une sortie de crise incertaine." Dès lors, il n'est guère surprenant de constater que la réduction des coûts arrive en tête des objectifs mentionnés par les entreprises interrogées (34,2 %). Bien que dans une proportion moindre (26,8 %), c'est aussi le cas des entreprises automobiles qui attachent par ailleurs un soin particulier à la réduction des délais (26 %). En outre, l'enquête indique que "pour les industries de l'automobile et de la pharmacie, deux secteurs parmi les plus avancés en termes de logistique, l'amélioration du service et la réduction des stocks, sont aussi des objectifs très importants". Ces données sont à mettre en relation avec les tendances qui se détachent en matière d'approvisionnement et de sous-traitance. En effet, pour la seconde année consécutive, la sous-traitance des opérations logistiques baisse en moyenne de 11 points par rapport au précédent exercice (73 % en 2003 contre 84 % en 2002). Cette baisse touche particulièrement l'industrie automobile : - 40 %, avec un recul du niveau de sous-traitance de 70 % en 2002 à 50 % en 2003. Ce phénomène s'accompagne notamment d'une accélération du processus de réorganisation de la logistique au sein des entreprises industrielles. Par exemple, 79 % des entreprises automobiles affirment avoir réorganisé leur logistique au cours des trois dernières années. Elles étaient 66 % en 2002.
Le nombre d'entreprises automobiles ayant effectué des recrutements logistiques a augmenté de 19 % entre 2002 et 2003
Ces grandes tendances, qui ont caractérisé le secteur de la logistique en 2003, sont révélatrices d'un climat économique dégradé. Il en va de même sur le front de l'emploi, même si la diminution des effectifs a été légèrement enrayée par rapport à 2002. Le nombre d'entreprises qui annoncent une réduction de leurs effectifs est donc moindre cette année : 4,3 % contre 10,7 % en 2002 pour les cadres et 5,4 % contre 11,3 % pour les techniciens et agents de maîtrise. Concernant les opérateurs, les résultats n'évoluent pas : 20 % des sociétés constatent une augmentation de leurs effectifs, 14 % une diminution d'iceux. "Nous sommes dans un scénario de sortie de crise, mais les perspectives ne sont pas suffisamment claires pour pouvoir envisager une évolution plus dynamique des effectifs", expliquent Jean-André Lasserre et Bernard Prolongeau, président délégué général du groupe AFT-Iftim. Dans ce contexte, l'industrie automobile fait figure de locomotive. En effet, le pourcentage des sociétés ayant effectué des recrutements augmente de 19 % pour s'établir à 45 % en 2003, tandis que la moyenne globale du secteur logistique est de 37 %. Pour expliquer ce dynamisme, les analystes mettent en avant l'intense phénomène de renouvellement des gammes chez les constructeurs. On peut souligner que la conjoncture, c'est-à-dire la gestion RH des pics et des creux d'activité, joue à hauteur de 46,9 % dans les motifs de recrutement pour les opérateurs, alors que la réorganisation des services logistiques est le plus souvent invoquée pour l'embauche de cadres. Par ailleurs, Jean-André Lasserre stigmatise que "même sur un marché moins tendu, les difficultés de recrutement persistent". Ainsi, 30 % des entreprises concèdent avoir rencontré des difficultés de recrutement en 2003. Parallèlement, l'utilisation de personnel intérimaire reste aussi à un niveau très élevé, tendant à se banaliser. En 2003, 64 % des entreprises affirment avoir recours à l'intérim, contre 42 % en 1996 ! Enfin, Jean-André Lasserre met en garde contre "l'absence de politiques suffisamment audacieuses face au vieillissement programmé de la population", tout en se réjouissant de voir que "les chiffres de 2003 font apparaître l'amorce d'une prise de conscience". Aujourd'hui, 23 % des entreprises déclarent désormais prendre en compte les problèmes liés au vieillissement des effectifs, contre 13 % en 2002. Un enjeu qui se proposera aux entreprises avec une acuité croissante au fil des années et qui concerne principalement l'automobile et la pharmacie.
Alexandre Guillet*L'enquête est basée sur une population de référence constituée en 2003 de 5 600 établissements. Le champ recouvre les secteurs d'activité qui relèvent de la nomenclature NAF 700 de l'Insee. Menée en janvier 2004, elle porte sur 603 établissements de 100 salariés et plus, et représente 6 secteurs d'activité (industrie agroalimentaire, pharmacie-parfumerie, automobile, chimie, commerce et prestataires de services en transport-logistique). *Ndlr : La semaine prochaine, retrouvez dans votre rubrique le volet "formation" de l'enquête AFT-Iftim.
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