L’impossibilité d’une faillite
"La survie de Chrysler serait très difficile sans une aide de l'Etat Fédéral américain", dixit Bob Nardelli le patron du groupe. "Nous sommes convaincus que les conséquences d'une faillite seraient terribles et dépasseraient largement GM, et donc nous allons prendre toutes les mesures possibles pour l'éviter", a déclaré Rick Wagoner, patron de GM. Pour ceux qui en doutaient encore, les Big Three sont au plus mal. Si pour Chrysler, qui ne publie peu, voire pas de chiffres, nous savons seulement qu'il détiendrait 11 milliards de liquidités, pour GM, son président a été clair : à moins d'une reprise vigoureuse du marché et sans une aide de l'Etat américain, le constructeur ne devrait plus avoir assez de liquidités pour assurer son fonctionnement dès le début de l'année 2009. Ainsi à fin juin dernier, GM affichait une cassette de 21 milliards de dollars. A fin septembre, il ne lui restait plus que 16,2 milliards. A peu près le même constat chez Ford, en moins dramatique. En effet, le constructeur de Dearborn a dépensé 7,7 milliards au 3e trimestre, lui laissant environ 29 milliards, soit bon an mal an une année de fonctionnement dans ces conditions. La situation n'est donc franchement pas bonne et la classe politique américaine s'est emparée du dossier car l'effondrement de l'un des Big Three aurait des conséquences énormes sur l'économie du pays. L'administration Bush a déjà annoncé un vaste plan de 25 milliards de dollars mais ce dernier, qui n'est d'ailleurs pas encore débloqué, servirait à financer la réorientation de l'outil industriel des constructeurs vers le production de véhicules plus efficaces. Rien pour régler la crise de liquidités actuelle. Pour Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants américains, il est urgent de "modifier la législation" pour que les constructeurs aient accès aux 700 milliards de dollars du plan Paulson, "afin d'éviter la faillite d'un, voire de plusieurs constructeurs automobiles américains, ce qui aurait un impact dévastateur sur l'économie." Toutefois, Henry Paulson ne semble pas prêt à cela. "Je sais que les constructeurs automobiles sont importants pour les Etats-Unis" a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, mais pour lui le plan du Trésor américain est centré sur le système financier. "Je ne peux rien imaginer qui ait un plus grand effet sur l'ensemble de l'économie qu'un marché du crédit fonctionnant de nouveau normalement" a conclu le Secrétaire au Trésor. Si cette bataille, qui va se jouer au Congrès américain peut paraître très américaine justement, il ne faut pas oublier les conséquences en Europe.
Déjà des conséquences en Europe
Opel, filiale de GM, mais également Ford Europe, ont ainsi appelé l'Etat Fédéral allemand à l'aide. En effet, le 10 novembre dernier, l'état major de GM Europe et d'Opel a écrit à la Chancelière allemande, Angela Merkel, pour lui faire part de leur inquiétude sur la situation du secteur automobile. En plus de plaider pour une relance de l'activité grâce à l'appui d'aides fiscales ou la création d'une prime à la casse, les responsables du constructeur souhaiteraient également la mise en place d'un plan européen de 40 milliards d'euros pour des crédits bon marché auprès de la Banque Européenne d'investissements. Opel demande même aux autorités publiques allemandes (Etat Fédéral et Länder où sont situés les usines de la marque) qu'elles se portent caution afin de garantir son financement. En effet, selon le magazine allemand Focus, il manquerait 2 milliards d'euros à Opel que GM, sa maison-mère, ne peut lui verser compte tenu de sa situation. Peer Steinbrück, ministre des finances de l'Allemagne, a confirmé, en marge du sommet du G20, "s'occuper de ce dossier". D'ailleurs, l'ensemble des protagonistes se sont retrouvés à Berlin pour une réunion de crise portant notamment sur la possible demande de garanties publiques d'Opel. Opel emploie plus de 25 000 personnes en Allemagne et le secteur automobile totalise dans son ensemble près de 750 000 employés. A suivre.
FOCUSGM sort du capital de Suzuki Le constructeur japonais Suzuki vient d'annoncer qu'il allait racheter les 3,2 % de son capital jusqu'ici détenu par GM. Cette transaction porte sur 16,413 millions d'actions et un total proche de 180 millions d'euros. De l'argent frais dont GM a besoin. Pour Osamu Suzuki, le président de Suzuki, "je comprends la nécessité pour GM de se défaire de ses actions pour obtenir des fonds et j'y ai répondu. Cette vente ne remet pas en cause le partenariat entre les deux groupes" a également précisé le dirigeant japonais. Les deux groupes collaborent depuis 1981 et possèdent même une usine commune en Ontario. Rappelons que GM, qui a détenu jusqu'à 20 % de Suzuki, avait déjà vendu la majeure partie de ses actions en mars 2006. |
Photo : Naturellement, les difficultés de GM aux Etats-Unis ont une influence sur ses filiales. Opel n'y échappe pas et vient de demander l'aide de l'Etat allemand où la marque emploie plus de 25 000 personnes.
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