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Constructeurs

L’homme automobile du siècle

Publié le 21 avril 2011

Par Ernest Ferrari
4 min de lecture
“SAIC Motor compte vendre 4 millions de véhicules en 2011” (Reuters, 25 mars 2011). “Qui c’est, SAIC Motor ?”, est en droit de se demander l’automobiliste moyen.

C’est, selon la même dépêche, le “numéro un chinois de l’automobile” et le “partenaire chinois de General Motors”. Quant au marché chinois de l’automobile, “En 2010, 13,8 millions de véhicules ont été vendus, une hausse de 33 % par rapport à l’année précédente, montrent les statistiques officielles”. La Chine, qui comptait peu ou pas du tout dans notre microcosme, est aujourd’hui le lieu de tous les records et la source de tous (ou presque) les miracles qui ont tiré hors de l’ornière nombre de constructeurs occidentaux. L’affaire est donc entendue : l’homme automobile du siècle est Deng Xiao Ping, le père de la libéralisation de l’économie chinoise, dont le coup d’envoi remonte à la fin des années 70 du siècle dernier.

Deng Xiao Ping, Henry Ford et les autres

Certes, il y avait d’autres nominés ; par exemple, tous les grands ancêtres, ceux qui ont inventé l’automobile, entre la fin du dix-neuvième siècle et le début du vingtième. Sans eux, l’être humain ne disposerait pas d’un incomparable facteur de liberté individuelle ; on ne choisit pas ses voisins, ni les étapes, ni la durée du trajet, ni même les horaires qui nous conviendraient, lorsqu’on prend le train ou l’avion. Et ni le train ni l’avion ne nous permettent d’aller à peu près partout. Parmi les grands ancêtres, un seul, cependant, pouvait être le challenger du “petit” timonier chinois : Henry Ford I, le fondateur de la dynastie. C’est lui qui a, avant tous les autres, prôné et organisé la diffusion de l’automobile au plus grand nombre. C’est donc en grande partie grâce à lui que l’automobile a cessé d’être un avantage à la seule disposition d’une élite restreinte, pour devenir graduellement un objet utile, à la portée de tous. S’agit-il donc d’un facteur de “moindre inégalité” sociale ? Sans aucun doute, et ceci quelles que soient les objections des adversaires de la motorisation en général et de l’automobile en particulier. Une Dacia n’est pas une Porsche, c’est entendu ; mais l’une et l’autre offrent à ceux qui les utilisent des avantages sans alternative. Le retour aux calèches n’arrangerait rien, la bicyclette n’aime pas la pluie, et les transports en commun sont un pis aller, au sens étymologique de l’expression.

Le podium : 1er Deng Xiao Ping ; 2nd Henry Ford I

La libéralisation de l’économie chinoise a bouleversé le monde de l’automobile et pas seulement celui-ci. Pour commencer, la production mondiale du secteur a explosé en 2010 : 74 000 000 véhicules contre 60 000 000 en 2009. Bien sûr, la Chine n’est pas seule en cause… mais elle est à présent le premier marché mondial. Et elle a indiqué une voie que d’autres pays “émergents” ont déjà suivie ou vont devoir suivre. Non seulement pour des raisons d’orgueil national -qui ne doit pas être sous-estimé- mais aussi parce que l’aspiration à posséder une voiture est commune à l’ensemble de la population mondiale, si l’on exclut les peuplades les plus isolées et quelques esprits tourmentés en Occident. Et comme tous savent par l’Internet ce qui se passe partout dans le monde, on voit mal des gouvernants avisés se désintéresser longtemps du secteur automobile. La motorisation, cette fois au niveau mondial, a donc repris sa marche en avant. Ce n’est pas tout : l’expansion du marché chinois a permis à de nombreux constructeurs, en particulier allemands ou américains, ou encore japonais (pas les français, cependant) de réaliser des bénéfices record, qui pourront être réinvestis dans le secteur. Enfin, de nouveaux constructeurs sont nés, en Chine précisément. L’un d’entre eux, Geely, a acquis Volvo et ne s’en tire pas mal du tout. A plus long terme, les constructeurs chinois viendront en Europe et y stimuleront la concurrence. C’est en soi une bonne chose… Merci, Monsieur Deng. Monsieur Ford, vous n’êtes que deuxième, parce que le monde a changé… mais vous méritiez l’ex aequo.

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