L’heure du multimarquisme a sonné
...n'ont jamais été aussi nombreuses et les distributeurs si désireux de se lancer dans de nouvelles aventures.
Qu'elle est loin l'époque où nous assistions aux départs à grande échelle des opérateurs. En 2001, nous déplorions 261 départs, 93 l'année suivante et 166 autres en 2003. La mise en place du nouveau règlement européen était passée par là. Mais l'an passé, nous constations pour l'année 2004 que 104 opérateurs étaient venus grossir les rangs des différents réseaux. Ce constat prévaut une fois de plus pour 2005 qui affiche un solde positif de 91 nouveaux investisseurs (186 nouveaux opérateurs pour 95 sortants), ce qui est plutôt rassurant pour les concessionnaires et l'ensemble de la profession. Toutefois et paradoxalement, les nominations n'ont pas été aussi nombreuses qu'il n'y paraît pour les réseaux français et les importateurs historiques. Ces réseaux préfèrent faire appel aux investisseurs en place pour développer de nouveaux points de vente si nécessaire ou demandent à ces mêmes opérateurs de reprendre l'activité d'un confrère dont l'activité serait en péril. Mais ces réseaux sont aujourd'hui passés à autre chose.
Développer les services
Après les années de troubles provoquées par la mise en place du nouveau règlement européen, les distributeurs peuvent voir l'avenir plus sereinement et consacrer les années futures à développer les services. C'est d'ailleurs la volonté de nombreux dirigeants. Lors du Salon de Genève (JA n°953) , François le Clec'h, directeur de Mercedes Car Group nous confiait "que le réseau doit désormais se consacrer à la satisfaction client". Objectif identique pour Thierry Lespiaucq, directeur de la marque Volkswagen, qui demande "aux distributeurs d'insister sur la qualité de service, la satisfaction clientèle et sur la compétence diagnostic. Le réseau doit également réorganiser ses forces de vente et apprendre à être mieux structuré." Même son de cloche pour Michel Gardel, vice-président directeur général de Toyota France pour qui "le plus important est d'obtenir la meilleure satisfaction client possible." Les concessionnaires de France savent désormais à quoi s'atteler…
Les petites marques font l'actualité des réseaux
En attendant, ce sont les marques les plus récemment arrivées dans notre paysage automobile qui se sont révélées les plus actives dans le recrutement de nouveaux opérateurs. Au premier rang desquelles Kia (+ 21), Hyundai (+ 21), Chevrolet (+ 14) et Suzuki (+ 10). Au final, les 32 réseaux répertoriés en 2005 totalisent 3 068 investisseurs, un chiffre proche de celui de l'exercice précédent (2 987). Un chiffre qu'il faut toutefois manier avec prudence en prenant en compte les nombreux investisseurs intragroupes (groupe Ford, groupe Volkswagen, Renault-Nissan…) mais également les distributeurs qui ont choisi de se lancer dans le multimarquisme à outrance. Ainsi, il n'a pas été rare de voir le même opérateur reprendre à la fois le panneau Hyundai, SsangYong et Kia. Des marques qui ont également courtisé les grands distributeurs historiques, séduits par le multimarquisme (Mauriès, Maurin, Heyberger, Andréani, Collobert, Cavallari…).
Quant au nombre de sites primaires, 6 077 points de vente, il se rapproche du total de l'an passé (6 112). Avec 242 créations de sites pour 135 fermetures, les différents maillages se sont à nouveau étoffés, comme l'an passé (+ 141), de 116 concessions et annexes. Mitsubishi, Daihatsu et Subaru sont restées aux abonnés absents. Leurs chiffres auraient sans aucun doute fait croître le total. Même remarque pour les investisseurs, ce sont les marques Kia (+ 45), Chevrolet (+ 20), Smart (+ 11) et Suzuki (+ 10) qui ont été à nouveau les plus performantes dans ce domaine. En revanche, le réseau Audi a diminué son réseau de 12 points de représentation et Opel n'a pas été en reste (-8). Il serait cependant erroné de croire que des bâtiments ont été érigés tout au long de l'exercice 2005. Ces nouveaux sites sont pour la plupart de nouvelles enseignes installées dans des concessions déjà existantes.
2006 devrait donc ressembler aux deux années précédentes. Les réseaux Chevrolet, Kia, Hyundai ou SsangYong vont terminer leur développement national et il faudra aussi compter sur de nouveaux arrivants. En effet, DaimlerChrysler a choisi de lancer Dodge dès le mois de mai, le réseau Lexus est en plein développement, tout comme Cadillac. A ceux-ci, il conviendra d'ajouter les marques chinoises, à commencer par Landwind qui espère disposer de 120 distributeurs d'ici la fin 2006.
Renault : toujours plus concentré
Difficile de faire plus concentré. Pourtant le réseau Renault s'est à nouveau resserré cette année : avec 4 sites supplémentaires et deux investisseurs en moins, le réseau au Losange affiche un ratio de concentration de 6,94 sites par investisseur (contre 6,80 l'an passé). 18 d'entre eux possèdent 10 concessions ou plus ! Aujourd'hui, les 107 opérateurs Renault sont plus que jamais en place mais ce nombre ne devrait plus évoluer. Ces 107 distributeurs ont commercialisé 325 226 voitures en 2005 soit la moitié des ventes de la marque. Une part mise à mal cette année par les filiales du constructeur. Celles-ci au nombre de 65 en France ont en effet écoulé 169 039 unités soit 26 % des ventes totales et prennent chaque année toujours plus d'importance.
Comme annoncé, le réseau a souhaité étendre la couverture territoriale de son réseau secondaire. Celui-ci s'est ainsi étoffé de 4 points à offre complète et 4 autres points à offre modulaire. Peu facile à déchiffrer, Renault a bien voulu nous dévoiler la composition de son réseau secondaire. 4 751 agents au total : 3 977 agents services (dont 90 agents services acheteurs/revendeurs) et 774 relais.
Peugeot : retour des distributeurs
Le calme plat pour la marque au lion en 2005 : aucune création, aucune fermeture et aucun investisseur sortant ! Le réseau Peugeot communique l'entrée en son sein de deux nouveaux investisseurs en tout. Du côté des principaux mouvements, nous retiendrons essentiellement la reprise au groupe PGA du site de Lucé (28) par le groupe Hory. Si l'événement est rare, rappelons que PGA a cédé en l'espace de quelques mois un second site Peugeot après celui de Rambouillet (78). Par ailleurs, les frères Neubauer ont poursuivi leur développement dans leur marque historique en ouvrant une nouvelle concession à Chambly (60), en s'éloignant de Paris, leur principale zone de chalandise. Enfin, en tout début d'année, le constructeur nous signalait la cession d'une filiale normande au groupe Mary. Pour le reste, l'actualité a essentiellement été dominée par le groupe Gemy (Pascal Gérard) qui a mis à profit l'année 2005 pour poursuivre son développement avec la marque. Pascal Gérard a ainsi repris Châteaubriant (44) et Draguignan (83). Spécialiste Peugeot, le groupe Gemy est à l'heure actuelle le premier groupe monomarque de France avec un potentiel de vente de 18 000 VN. Par ailleurs, l'actualité du réseau a aussi été marquée par la mise en place de plates-formes de distribution de pièces de rechange. Initiée en 2002 par le groupe Dubreuil près de La Rochelle (17), cette pratique a fait son chemin et plusieurs grands groupes s'y sont attelés : les groupes Gemy, Vauban, Bernier entre autres. Si ces plates-formes améliorent la distribution de pièces au sein des plaques et diminuent les frais de logistique, elles ont également favorisé la concurrence entre les distributeurs limitrophes qui viennent courtiser les agents et concessionnaires des territoires voisins.
Citroën : le calme plat
A l'instar de son cousin Peugeot, le réseau Citroën a passé une année 2005 tranquille. La marque ne souhaitant pas communiquer sur les principaux mouvements concernant ses distributeurs, difficile de trouver trace de reprises, acquisitions ou autres nominations. Nous retiendrons cependant les reprises des sites de Dieppe et Fécamp (76) par le groupe Bossart. Ce dernier s'est "réorienté vers les marques françaises généralistes" et a parallèlement cédé les sites Toyota qu'il possédait. Ces deux sites normands appartenaient au groupe Tébaldini, historique distributeur de la marque aux chevrons, 12 000 VN annuels, qui selon un autre distributeur Citroën, "serait en passe de céder toutes ses affaires."
Par ailleurs, le constructeur nous a précisé, enfin, le nombre de succursales existantes au sein du réseau. Celles-ci sont au nombre de 95 et ont commercialisé 106 040 unités soit 31,16 % des ventes totales de la marque en 2005.
Volkswagen : place à la filialisation ?
Si les dirigeants des 4 marques du groupe Volkswagen affirment le contraire, la filialisation semble faire toutefois son chemin. En effet, après les reprises des sites parisiens en fin d'année 2004 au groupe Lamé et l'ouverture d'un showroom Seat dans le 19e arrondissement, voici la plaque azuréenne du groupe Heyberger reprise et filialisée (lire page 18). Difficile de dire si une véritable stratégie est mise en place. Thierry Lespiaucq, directeur de la marque Volkswagen nous a affirmé le contraire, mais aujourd'hui le doute est permis.
Par ailleurs, l'année 2005 a été relativement agitée au sein des 4 réseaux du groupe Volkswagen. Les distributeurs Skoda ont notamment fait preuve d'une activité débordante. Dominique Verbaere, ancien distributeur Renault, a notamment refait surface en s'adjugeant la distribution de la marque à Lille. Non loin de là, à Douai et Denain, le groupe Granjon/Constantin reprenait les affaires Noblecourt en dépôt de bilan. Toutefois, le grand animateur de l'année reste le groupe Inchcape. Son dirigeant, Hervé Fort, nous avait fait part, en juillet dernier, de ses ambitions de faire de son groupe un incontournable de la distribution automobile française. Il n'aura pas fallu attendre longtemps. Au sortir de l'été, Inchcape s'adjugeait les sites Audi Cerf Automobiles de Montpellier et Sète (34). Deux mois plus tard, Hervé Fort faisait à nouveau main basse sur la distribution de Skoda et Audi en Gironde en reprenant l'intégralité du groupe Cordier (8 sites et 1 100 VN). Le réseau Volkswagen n'a pas été en reste puisque le groupe Loret, autre géant de la distribution, a poursuivi son développement en région parisienne, dans les Hauts-de- Seine notamment. Enfin, le groupe Bourgin (11 000 VN et 236 millions d'euros de CA) cédait sa plaque du sud est, Avignon, Carpentras et Orange (84) à Jean-Louis Mosca.
BMW : place aux hommes forts
Avec 103 investisseurs et une moyenne de près de 2 sites par opérateur, le réseau BMW s'est considérablement concentré ces dernières années. La plupart des concessions est aux mains des grands distributeurs. A commencer par l'inévitable groupe PGA. Celui-ci vient récemment de reprendre 4 sites dans la marque au groupe Walker à Cormontreuil, Chalons-en-Champagne, Epernay (51) et Charleville-Mézières (08). Grâce à cette reprise, le numéro 1 de la distribution automobile est aujourd'hui à la tête de 12 sites BMW. De son côté, le groupe Tuppin/Delahousse a repris deux sites à Calais et Saint-Omer (62) à Christophe Debart. Ce dernier possédait un troisième site à Boulogne/Mer vendu au groupe Mariscal. Enfin, Jacques Durruty, distributeur historique de la marque a cédé tous ses sites (Mont-de-Marsan, Dax (40) et Bayonne (64)) à Philippe Forgues.
Toyota : mission accomplie, en attendant Lexus
Le réseau semble en avoir terminé avec sa couverture territoriale. La marque nous signale 12 créations de sites au cours des 12 derniers mois. Le réseau Toyota a conclu l'année avec un dispositif de 240 concessions et annexes pour seulement 113 opérateurs soit un ratio de 2,12 sites par distributeur contre 1,95 l'année précédente. Les concessions et notamment les annexes Toyota ont fleuri chez les distributeurs. Jean-Pierre Laville à Toulouse (31), Christian Andréani à Mulhouse (68), Laurence Warsemann à Romorantin (41), le groupe Summit à Paris ou le groupe Sivam ont tous ouvert au moins une annexe supplémentaire en 2005. Certains ont même fait preuve d'un appétit féroce. C'est notamment le cas du groupe Maurin (7 500 VN Ford, Mazda et Nissan) qui a repris deux sites à Arles (13) et en Avignon (84). Le groupe TTA a carrément acquis tous les sites du groupe Bossart en Normandie, qui souhaitait se séparer de la marque. Mis à part ces mouvements, les opérateurs Toyota ont été relativement calmes, même si Ronan Chabot et son groupe Toy's Motor ont pu consolider leur plaque aujourd'hui constituée de 11 sites (principaux et annexes) !
Cette année, l'accent devrait être mis sur le développement du réseau Lexus. Certains distributeurs seront appelés à représenter la marque. Selon les dirigeants de Lexus, "ceux-ci devraient être au nombre de 35 pour distribuer la marque en exclusivité."
Suzuki, Chevrolet, Hyundai, Kia, SsangYong en ébullition. En attendant Landwind et les autres…
Comme nous l'indiquions en préambule ce sont donc les marques asiatiques qui ont fait l'actualité des réseaux en 2005. Suzuki sur sa lancée de 2004 (32 créations et 24 nouveaux investisseurs) a poursuivi son développement avec 10 nouvelles ouvertures pour autant d'opérateurs. Aujourd'hui, le réseau et ses 195 points de vente arrivent à terme et ne devraient plus évoluer. Kia (+ 45 sites, + 21 investisseurs) restera le grand animateur des réseaux en 2005. La petite marque coréenne, qui ambitionne les 20 000 unités dès 2006, a brassé large pour recruter. Même les grands groupes ont été séduits (Court, Fournis, Raguin, Pigeon et Cavallari). Au contraire du réseau Opel, le réseau Chevrolet a lui aussi été animé. Pourtant ce sont bel et bien les mêmes hommes qui composent ces deux réseaux. Daewoo est mort, vive Chevrolet ! La marque américaine peut se targuer de compter aujourd'hui sur un réseau plus étoffé de 104 sites (+ 20) pour autant de partenaires (+ 21). Même Smart a tiré son épingle du jeu puisque la marque a enregistré la création de 11 nouveaux sites pour 5 nouveaux entrants. L'objectif des 100 points de vente se rapproche…
Enfin, l'an prochain dans ce même bilan, il faudra également compter sur de nouveaux réseaux comme Lexus, Dodge et même… Landwind. La marque chinoise importée par Asie Auto en France affirme avoir recueilli la signature de 120 opérateurs (les anciens MG Rover) pour constituer le réseau qui distribuera, pour l'heure, un seul et unique modèle. Quant à Asie Auto, elle travaillerait actuellement sur l'importation de nouvelles marques chinoises. Combien de réseaux seront-ils donc les prochaines années ?
Tanguy Merrien
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