Les fondeurs souffrent
...décolletage) et plus généralement l'industrie mécanique qui travaille à 40 % en sous-traitance pour l'automobile. Du fait de la concurrence des pays à faibles coûts de main-d'œuvre et d'une délocalisation croissante, ces acteurs souffrent déjà depuis quelques années. "Le nombre de défaillances d'entreprises dans le secteur de l'industrie mécanique a progressé de 29 % en 2002 (contre 2 % pour l'ensemble des entreprises françaises) et de 37 % en 2003 (contre 12 %)", constate ainsi Yann Lacroix, responsable des études sectorielles chez Euler Hermes Sfac. Toutefois, au vu des chiffres à fin septembre, l'hémorragie semble stoppée : les dépôts de bilan dans l'industrie mécanique ont diminué de 25 % (contre une baisse de 3 % pour l'ensemble), mais, estime Yann Lacroix, "l'impact de la hausse du prix des matières premières sur la santé des intervenants devrait davantage se faire sentir en 2005". Car si les fournisseurs, en l'occurrence les sidérurgistes, peuvent imposer des hausses de tarifs, ce n'est pas le cas des sous-traitants auprès de leurs donneurs d'ordre : "Au premier semestre 2004, les sidérurgistes ont augmenté leurs tarifs de 13 % alors que les transformateurs de métaux n'ont fait passer que 0,7 % de hausse." A titre de comparaison, le secteur automobile, qui ne sera impacté par la hausse de l'acier qu'en 2005, s'est même offert une baisse de tarif de 0,5 % au premier semestre 2004. Les fondeurs, qui dépendent à 60 % de l'industrie automobile, ont été particulièrement touchés en 2003 : le chiffre d'affaires du secteur s'est réduit de 4,5 %, à 3,6 milliards d'euros, les effectifs ont baissé de 8,20 %, à 31 300 salariés, et le nombre de défaillances a plus que doublé pour atteindre 35 dépôts de bilan, sur un total de 220 entreprises de plus de 20 salariés (source : FIM et Euler Hermes Sfac). "Ils n'ont augmenté leurs tarifs que de 0,4 % au premier semestre 2004 et les avaient baissés de 0,7 % au premier semestre 2003", précise Yann Lacroix. L'analyste craint qu'en 2005 l'obligation de constituer des stocks pour faire face à la pénurie ne crée des problèmes de besoin en fonds de roulement chez ces entreprises.
Une question de rapport de force
Pour ce directeur commercial d'une fonderie de zinc, la répercussion des hausses de prix "est une question de relationnel et de rapport de forces. Alors que les contrats prévoient en toutes lettres des réévaluations tarifaires en fonction du prix des matières premières, on doit tout de même négocier face à des équipementiers qui profitent de leur panel de fournisseurs pour tirer les prix". "Dans la forge ou la fonderie, des acteurs des pays émergents ne répercutent pas les hausses immédiatement pour prendre des parts de marché en Europe de l'Ouest", souligne Laurent Bernard, P-dg d'OPF et du Salon Midest. Toutefois, il n'est pas si facile de remplacer un fournisseur par un autre, à en croire Jacques Monnet : "Tout autant que la hausse de prix, c'est la pénurie qui nous préoccupe. Les aciers utilisés dans l'automobile répondent à un processus long et rigoureux d'homologation. On ne change pas de fournisseurs du jour au lendemain. Du coup, cette pénurie crée des problèmes de délais de livraison et de logistique graves dans une filière qui fonctionne en juste-à-temps. Cela aussi coûte de l'argent."
En chiffresLe marché du nickel Prix moyen : 9 640 dollars/T (+ 42,5 %) Production : 1,236 million de tonnes (+ 1,3 %) Consommation : 1,237 million de tonnes (+ 6,1 %) Extrêmement volatile et sujet à spéculation, le cours du nickel s'est apprécié de 100 % entre janvier et décembre 2003, finissant l'année à 15 500 dollars/ T. En janvier 2004, le seuil de 17 000 dollars était atteint, proche du record de 1987. Utilisé à 70 % pour la fabrication de l'acier inoxydable, le nickel a subi la forte hausse de la demande chinoise, dépendante des importations pour 70 % de sa consommation, des grèves chez les deux principaux producteurs mondiaux Norilsk et Inco et la présence massive de fonds spéculatifs qui attisent les fluctuations. En 2004, l'offre restant inférieure à la demande (de près de 40 000 tonnes), le cours s'apprécie de plus de 40 %. Les analystes ont du mal à se prononcer sur 2005 mais un recul est envisagé (- 15 %). |
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.