Les deuils du Dakar
...ni les populations des pays qu'ils traversent. OK. Fermons. Annulons. Condamnons. Diminuons la vitesse des circuits de F 1, supprimons les virages des 24 Heures du Mans, refusons les spectateurs en 1600, et enlevons les bosses des rallyes cross. Et surtout, éloignons-nous des populations du monde. N'oublions pas d'interdire les entrées des stades aux amateurs de foot et privilégions les retransmissions aseptisées et consensuelles télévisuelles. Elaguons les turbos, réduisons les voilures des Formule 1 des mers, abaissons le niveau homologable des montagnes à gravir, virons la neige trop glissante des pistes au moment des championnats de ski... Et puis, prioritairement, armons-nous d'une batterie d'avocats, eux seulement autorisés tout-terrains, pour déterminer les responsabilités, pardon, pour reporter les responsabilités sur les organisateurs, les managers, les marketers, et autres faiseurs d'événements. OK. La mort d'un enfant est insupportable. Mais il n'y en a pas de plus nobles ou de moins nobles, de plus excusables ou de moins respectables. Des gens crèvent par millions en Afrique par la famine, le sida ou l'absence d'eau. Pourtant, nous ne traînons pas aux piloris nos gouvernants, l'ONU ou les chefs d'Etats africains. En revanche, nous remettons en cause une course de voitures parce qu'elle a le tort de n'être que spectaculaire. Et nous accusons l'organisateur parce qu'il a fait une compétition trop dure. OK. Et si un jour nous refusions d'être des assistés, des donneurs de leçons, des handicapés de la pensée et de sa propre responsabilité. Et si, un jour, nous replacions la notion de plaisir...
Hervé Daigueperce
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