Les constructeurs prennent la main (verte) au SIA
...sur un Salon tel que celui de l'Agriculture n'est pas anodine, elle est stratégique. Un événement aussi fédérateur et familial méritait bien la présence de ces marques qui ont profité de l'événement pour communiquer sur leurs orientations environnementales. L'occasion était en effet propice pour Renault, Peugeot, Ford et Saab de présenter leurs quelques modèles écologiquement corrects et depuis peu présents sur le marché français. Le visiteur des villes venu fleurer bon la campagne française aux portes de Paris a donc pu humer les vertes essences dont sont dotés aujourd'hui certains modèles. Essences de plantes naturellement. Les 4 marques automobiles ont mis en exergue leurs recherches dans les énergies alternatives et plus particulièrement les biocarburants. Ethanol pour Saab, Ford et Renault, avec la Biopower pour le suédois, la Focus pour l'américain et la Clio Hi-Flex pour le français. Et biodiesel pour Peugeot et sa 307 coupé cabriolet. Dans un hall fleuri, dédié aux plantes et à la culture des céréales, Saab avait choisi une ambiance fermière pour présenter son modèle, avec un stand à
FOCUSPeugeot, mécène écolo Depuis 1998, Peugeot participe au développement d'un puits de carbone en Amazonie. Il s'agit d'une zone protégée ou l'on privilégie la croissance d'une jeune forêt, outil naturel idéal pour stocker du CO2. Peugeot a investi 10 millions d'euros pour créer ce lieu où 2 millions d'arbres ont été plantés. Les objectifs de l'opération sont clairs : "capturer" plusieurs millions de tonnes de CO2, promouvoir la biodiversité et intégrer l'expérimentation dans son tissu économique local. Une centaine d'emplois saisonniers ont ainsi été créés. Du point de vue environnemental, l'expérience doit également permettre d'étudier la relation entre la reforestation, la captation du carbone et la régulation du climat. |
Chez Ford, la communication se voulait ludique et pédagogique, dans un cadre sobre. Le stand était dépourvu de toute décoration autre que la Ford C-Max et la Focus. "Nous n'étions pas là pour vendre des véhicules, mais pour expliquer ce qu'est le bioéthanol", explique Emmanuel Bardé, en charge notamment du Cas d'Ecole Ford. "Depuis 2001, nous avons vendu plus d'un million de véhicules dans le monde avec cette technologie, ce n'est donc pas un coup d'essai. Le salon n'était qu'une étape logique pour montrer notre savoir-faire. Les visiteurs se sont montrés très intéressés par tous ces véhicules propres. Nous avons vraiment ressenti une tendance lourde, celle d'un respect plus marqué pour l'environnement. Nombreuses sont les personnes qui sont venues nous voir pour s'informer et nous dire qu'il était crucial de développer des technologies plus respectueuses de la nature, tout simplement pour respecter nos enfants. Nous leur apportons une réponse avec la Focus et le C-Max".
Démystifier les biocarburants
Allier la technologie et le respect de l'environnement, deux dominantes qui peuvent renforcer durablement l'image des constructeurs auprès du public. Qui plus est lorsque le modèle présenté est attractif comme sur le stand de Peugeot qui présentait sa 307 CC Diester. Un carburant fabriqué à partir de cultures oléagineuses, comme le colza et le tournesol. Pour Bernard Brulé, responsable de la promotion des véhicules à énergies alternatives, "Il fallait démystifier et assurer la promotion des biocarburants, et plus particulièrement le Diester. Nous avions donc un objectif d'information et de communication, non seulement vis-à-vis du public, mais également des professionnels. Les producteurs de colza par exemple se sont montrés extrêmement intéressés par cette technologie". Si la distribution et le positionnement prix du Diester restent actuellement les freins principaux de son développement en France, Bernard Brulé n'en demeure pas moins convaincu de son succès ultérieur. "Il faut trouver des alternatives au pétrole et le diester en est une. L'Ethanol est un produit qui a très certainement une place sur le marché, mais nous avons axé nos recherches vers le Diesel, et plus particulièrement le biodiesel, car il s'agit du carburant le moins polluant au monde, en tout cas moins polluant que l'Ethanol". Accolé à celui de la Collective des Céréales, le stand de Renault présentait la version brésilienne de la Clio, la Hi-Flex, en version 100 % Ethanol. Carlos Ghosn l'a dit, Renault vendra en 2009 la moitié de ses véhicules équipés de cette technologie. Pour développer ces technologies alternatives, les constructeurs doivent apporter des solutions qui répondent aux réalités économiques du marché. Qui plus est, dans un contexte où la réglementation et la mise en place d'un réseau de distribution ad hoc sont inexistants. Dans quelques mois, peut-être, verrons-nous fleurir sur nos routes des pompes dédiées à l'Ethanol. Les constructeurs y croient et déclarent être prêts. En toute logique, si les marques automobiles étaient restées discrètes sur leur contribution dans la protection de l'environnement, loin de tout signe ostentatoire, les choses devraient rapidement évoluer. Le Salon de l'Agriculture n'était qu'une étape dans leur communication. Qu'on se le dise, nos véhicules puiseront leur énergie dans les céréales. D'ailleurs, Saab pose la question, "Et si l'avenir des automobiles, c'était l'agriculture ?"
Muriel Blancheton
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