Les ambitions retrouvées de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi
L’orage est passé. Renault, Nissan et Mitsubishi ont décidé de se reconstruire un "avenir commun" après plus de trois années de quasi-silence radio. L’épisode Carlos Ghosn, qui fut à deux doigts de faire imploser leur alliance, ne semble plus qu’un lointain souvenir. Le contexte mondial, avec un secteur automobile sous tension confronté à des enjeux majeurs, a sans doute contribué à resserrer les liens.
L’électrification et la mobilité connectée constitueront le socle commun de la feuille de route pour 2030 dévoilée ce 27 janvier 2022 par les trois constructeurs. Celle-ci est d’une densité inédite avec 23 milliards d’euros d’investissements prévus pour les cinq prochaines années. Une somme qui viendra s’ajouter aux 10 milliards déjà investis par l’alliance dans ce domaine.
"Les trois entreprises ont défini une feuille de route commune à horizon 2030, en partageant les investissements dans les futurs projets d'électrification et de connectivité. Des investissements massifs qu'aucune des trois entreprises ne pourrait réaliser seule. Ensemble, nous faisons la différence pour un nouvel avenir durable et global : l'Alliance deviendra neutre en carbone d'ici 2050", déclare Jean-Dominique Senard, le président de l'Alliance.
5 plateformes EV communes
L’un des principaux objectifs sera de commercialiser 35 nouveaux modèles électriques d’ici 2030. Cela passera notamment par le développement des plateformes EV communes, au nombre de cinq, dont seront issus 90 % des véhicules en question.
La plupart existent déjà. La plateforme CMF-AEV est par exemple celle utilisée pour la Dacia Spring, tandis que la KEI-EV est utilisée pour les Kei Cars électriques au Japon. Sans oublier la LCV-EV dont seront bientôt issus les nouveaux Renault Kangoo et Nissan Town Star électriques. Mais les deux atouts de l’Alliance seront surtout les plateformes CMF-EV et CMF-BEV, sur lesquelles reposeront le plus de modèles.
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Plus de 15 véhicules seront basés sur CMF-EV d’ici 2030, pour un volume attendu de plus de 1,5 million de voitures produites par an à cet horizon. La modularité sera son point fort avec des modèles dotés d’un ou deux moteurs ou encore de deux ou quatre roues motrices. Les premières propositions issues de cette plateforme sont les Nissan Ariya et Renault Mégane E-Tech électrique. Des modèles signés Alpine, Infiniti et Mitsubishi sont aussi au programme.
Une Nissan produite à Electricity
La plateforme CMF-BEV est, quant à elle, présentée comme la "la clé de la démocratisation des véhicules électriques" par Luca de Meo, le directeur général du groupe Renault. Lancée d’ici 2024, elle va permettre à l’Alliance d’attaquer le segment B avec plusieurs propositions, dont la Renault R5, une future Alpine et un modèle Nissan, remplaçant de la Micra, qui sera produit par la marque au losange au sein de son pôle industriel Electricity situé dans le Nord de la France. A propos de Nissan, la marque confirme ses objectifs européens, à savoir 75 % d’électrification en 2026 et 100 % en 2030.
Les modèles issus de cette plateforme pourront atteindre 400 km d’autonomie avec des coûts réduits de 33 % et une consommation inférieure de plus de 10 % par rapport à la Renault Zoe actuelle. L’Alliance table sur 250 000 véhicules produits par an.
Au-delà de l’électrique, la mutualisation va également s’intensifier sur l'ensemble des modèles, y compris thermiques. Les membres de l'Alliance vont ainsi augmenter l'utilisation de plateformes communes dans les années à venir, passant de 60 % aujourd'hui à plus de 80 % de leurs 90 modèles combinés en 2026.
Deux modèles européens pour Mitsubishi
Ainsi, la plateforme commune pour les segments C et D sera utilisée pour 5 modèles de 3 marques de l'Alliance. Cela concerne les Nissan Qashqai et X-Trail, le Mitsubishi Outlander, le Renault Austral et le prochain SUV 7 places. L’Alliance confirme aussi que Mitsubishi restera en Europe avec deux nouveaux modèles produits par Renault. L’ASX, dérivé du Captur, sera commercialisé début 2023, tandis qu’une berline, sans doute basée sur la Clio, est prévue pour la fin 2023.
Une stratégie commune va aussi se mettre en place au niveau des batteries. L’ambition est d’atteindre une capacité de production mondiale de 220 GWh en 2030. L'Alliance annonce aussi travailler avec des partenaires communs pour réaliser des économies d'échelle et proposer des prix abordables. Le coût des batteries serait ainsi réduit de 50 % en 2026 et de 65 % en 2028. De quoi tomber à 65 dollars du kWh, notamment avec la technologie ASSB (All Solid-State Battery), autrement dit les batteries solides. Nissan pilotera les développements sur ce dernier point.
Pour ce qui est de la recharge, l’alliance compte miser sur Mobilize Power Solutions (ex-Elexent) pour accompagner les clients flottes en Europe. Un accord a par ailleurs été signé avec Ionity pour que les clients aient accès à des prix préférentiels.
25 millions de voitures connectées
Le dernier grand sujet du moment est celui du logiciel. L’ambition de l’alliance est d’atteindre 25 millions de voitures connectées au Cloud d’ici 2026, contre 3 millions à ce jour. L'écosystème Google sera en outre proposé par les trois constructeurs. Sous le leadership de Renault, l'alliance va enfin développer une architecture électrique et électronique centralisée commune d’ici 2025. De quoi par exemple proposer des mises à jour Over the Air tout au long de la vie des véhicules.
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