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Constructeurs

Le nouveau départ de Ligier

Publié le 29 avril 2005

Par Alexandre Guillet
7 min de lecture
Depuis quelques mois, tout sourit à Ligier qui semble s'installer pour de bon à la deuxième place du marché. Avec un nouveau modèle bien pensé et un large éventail de produits, Vichy reprend des couleurs ! Le marché intérieur de la voiture sans permis connaît une véritable effervescence...

...depuis trois ans. Portées par une croissance régulière, les ventes de quadricycles légers ont progressé de 10,7 % sur le premier trimestre 2005. Ainsi, 2 675 véhicules ont-ils été livrés grâce à la dynamique qui porte Aixam, JDM, Chatenet et Ligier. Cela faisait quelques années que le constructeur vichyssois n'avait pas connues pareille fortune. Depuis précisément l'époque des 162 et Ambra, qui avaient bousculé les standards du marché à tout point de vue. Entre les lignes ovoïdes très novatrices tracées par Robert Opron (l'éminent designer des SM, GS, CX, mais aussi Renault 25, Fuego, 9, 11) qui ont divisé une clientèle plutôt conservatrice et la difficile conversion industrielle du polyester à l'ABS, avec structure aluminium, les risques étaient grands. Et plus dure fut la chute : le style clivant et les problèmes de qualité ont autant refroidi la clientèle que le réseau, malgré la sortie d'une Nova moins "turbulente". Après l'envol de Microcar, le mouvement semble s'être inversé pour de bon depuis la rentrée. Amusant retournement de situation, la sortie d'une Ligier X-Too bien plus classique a coïncidé avec les déboires du constructeur vendéen, empêtré dans une difficile conversion à la structure aluminium/ABS pour la MC1, au style également jugé trop novateur ! Quelques chiffres valent mieux qu'un long discours : en l'espace d'un an, de janvier à mars, Ligier est passé de 336 à 535 voitures (de 13,9 à 20 % du marché), quand Microcar n'a pu enregistrer que 447 immatriculations contre 632 en 2004. Soit 10 points de parts de marché perdus !

La X-Too, pragmatique en diable

Cela dit, il serait réducteur de ne voir là qu'une simple affaire de vases communicants, comme le souligne Régis Hucault, directeur commercial de la marque : "Nous nous sommes servis de notre expérience produit depuis quatre ans, en très forte concertation avec notre réseau. Cela a abouti à une voiture plus proche de l'attente de nos clients. En parallèle, nous avons fait évoluer considérablement l'outil industriel sur le plan de l'assemblage. Notre priorité a été l'amélioration de la qualité et la réalisation d'une voiture plus simple et moins chère en après-vente et coûts de maintenance et remplacement." De fait, l'outil industriel s'est véritablement métamorphosé, le plus marquant étant la création d'une véritable chaîne de ferrage, en tout point semblable à celles que l'on peut admirer chez les constructeurs automobiles. Et la qualité de fabrication de progresser considérablement, grâce aussi à la conception de la nouvelle X-Too, entièrement repensée. Cette fois, plus question de vouloir jouer les francs-tireurs : la "mini" Ligier s'avère beaucoup plus consensuelle, tout en s'approchant toujours plus des standards automobiles. La volonté de créer un quadricycle plus facile à vivre (notamment pour le réseau) est patente. Par exemple, les fréquences de révision sont espacées (tous les 5 000 kilomètres contre 3 000 auparavant), tenant compte des habitudes de la clientèle, qui roule de plus en plus. De même, la poulie du variateur assurant la liaison entre moteur et inverseur - pièce sensible s'il en est sur une voiture sans permis - est mieux protégée et se change dorénavant tous les 20 000 km, contre 15 000 couramment. Dans le même esprit, le changement des filtres (à air, à gasoil) est facilité, les disques de freins sont désormais démontables, jusqu'au châssis dont la conception est modulaire au bénéfice des temps de réparation.

Simple et efficace

L'agrément d'usage n'a pas été oublié : dessinée cette fois en interne, la X-Too offre quasiment le format des plus grandes "maxi" minis, avec 2,80 m de long pour 1,46 m de large, et la hauteur généreuse (1,51 m) autorise un accès à bord aisé, tout comme la position de conduite semi-haute qui permet de dominer la route. Un gros effort a été mené sur le plan de la qualité perçue et l'insonorisation, talon d'Achille traditionnel des minivoitures. Grâce à un châssis plus rigide, les portes ne vibrent plus. Par ailleurs, les panneaux composant la caisse présentent une épaisseur accrue (3 mm au lieu de 2), le plancher est désormais entièrement insonorisé, le moteur Lombardini est encapsulé et fixé sur quatre points contre trois auparavant, l'échappement est nouveau, tout comme les silent-blocs. De la sorte, la X-Too se classe parmi les toutes meilleures du marché sur ce point essentiel. De plus, l'équipement comporte quelques fonctions inédites ou peu usitées sur une voiture sans permis : prise 12 volts dans le coffre, rétroviseurs dégivrants, éclairage de bas de portes, témoin d'entretien programmé, vitre électrique conducteur séquentielle, siège passager rabattable, molette de réglage en hauteur des phares et instrumentation digitale. Bien sûr, la plupart de ces équipements concernent le haut de gamme Pack Plus. Seul livré au lancement national en octobre dernier (l'export ayant suivi dès décembre), ce niveau de finition est flanqué depuis janvier des versions Base et Pack, composant ainsi la gamme typique d'un quadricycle : entrée de gamme à moins de 10 000 euros, modèle intermédiaire pour 11 000 euros, et variante luxueuse dotée de tous les équipements proposée au prix serré de 11 990 euros. Avec plus de 3 500 exemplaires livrés, le succès semble aller bon train et il faudra pour cela que la X-Too dure dans le temps. Mais Ligier affiche déjà sa satisfaction du faible taux de retour garantie.

Utilitaire, quads, Be Two : sur tous les fronts !

L'Auvergnat ne reste pas les deux pieds dans le même sabot et amorce en effet une diversification sans précédent. D'abord avec l'utilitaire X-Pro, qui succède aux JS 10 et Optimax. Sur la base d'un prototype réalisé par l'Italien Casalini, un petit camion moderne a été mis au point d'après un cahier des charges maison. Produit en Italie et livré depuis ce mois-ci, le X-Pro attaque le marché des agriculteurs en retraite en mal de capacité de chargement, ainsi que celui des collectivités locales qui comptent dans leur effectif un quota de handicapés légers qui possèdent rarement leur permis. De la sorte, avec son châssis acier, sa carrosserie polyester, sa cabine spacieuse, son moteur arrière très accessible, le X-Pro attaque de front les Bellier et Mega équivalents (quadricycles légers, 200 kg de charge utile). Pour l'instant proposé dans tout le réseau en plateau ridelles, il sera par la suite proposé dans d'autres versions, bâché, hard-top, etc. Le duo des ludiques Be Two et Be Up poursuit de son côté sa route. La version quadricycle léger Be Two remporte davantage de succès que la plus musclée Be Up (quadricycle lourd), mais, mine de rien, les deux modèles auront l'an passé compté plus de 500 véhicules, pour une production totale de 5 700 minivoitures. Badgés Ligier Sports, ils trahissent à leur tour les ambitions de la marque, en quête de plus-value de chiffres d'affaires et d'une offre complète pour fidéliser le réseau. Le lancement tout récent d'une gamme de quads (50 cm3 enfant et 180 cm3 adulte, produits à Taiwan sur un châssis existant avec coque et cahier des charges spécifiques) ne doit rien au hasard. Pour le moment, la direction de Ligier sonde les contours de ce marché en plein boom qui correspond à une véritable synergie de clientèle auprès des concessionnaires issus de la motoculture de plaisance. L'objectif étant de développer d'ici la fin de l'année une gamme réellement compétitive dans ce secteur très bataillé. Ligier sera d'ailleurs présent au prochain Mondial du deux-roues se tenant à la rentrée. Enfin, si Ligier reste discret quant à sa politique réseau, le but caressé est d'accompagner toujours plus les concessionnaires vers une démarche de marketing direct ciblé auprès de la clientèle. Car l'objectif à moyen terme est ambitieux : les 20 points de parts de marché ne sont qu'un palier vers les 25 %, soit le poids que pesait encore Microcar il y a peu…

André Nicolas

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