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Constructeurs

Heuliez change de dimension

Publié le 12 novembre 2004

Par Christophe Jaussaud
6 min de lecture
En ayant assuré la quasi-totalité du développement, en partenariat avec Opel, mais aussi la production de la Tigra TwinTop, Heuliez a franchi une nouvelle étape dans son développement. L'éternel sous-traitant s'est émancipé pour devenir un fournisseur de solutions globales et innovantes. Quel...

...est le point commun entre une Renault Modus, un Range Rover, une Ford Focus, une Citroën C3 Pluriel et un Mercedes Vito ? Heuliez ! Tous ces véhicules possèdent une ou plusieurs pièces fabriquées par Heuliez. Et, quelquefois, l'entreprise de Cerizay va encore plus loin en développant des modules comme celui du toit de la 206 CC ou carrément des modèles à part entière comme la Tigra TwinTop. Il est bien loin le temps des charrettes - une époque qui a d'ailleurs laissé des traces sur le logo de la société - où déjà Louis Heuliez possédait un savoir-faire particulier. En fait, une machine qu'il gardait jalousement au sous-sol de son atelier lui permettait un caoutchoutage des roues en quelques heures alors que la concurrence de l'époque comptait en journées. Ce procédé sera d'ailleurs breveté par Louis Heuliez. Les décennies passant, l'automobile prend une part grandissante et il est donc tout naturel que l'histoire d'Heuliez s'accélère également. En effet, dès 1925, Heuliez assemble la Peugeot 177B. Puis, en 1932, ce sera le premier bus portant la marque Heuliez. Après la Seconde Guerre mondiale, c'est avec Citroën que l'entreprise des Deux-Sèvres travaille, construisant pour la marque le bus P45 avant de présenter en 1962 le premier concept-car cabriolet de la maison sur la base d'une DS. Depuis cette date, l'histoire d'amour avec Citroën, puis avec le groupe PSA Peugeot-Citroën, se poursuit. En effet, durant les vingt dernières années, Heuliez s'est fait le spécialiste des breaks du groupe français en produisant ses versions hypertrophiées de CX, BX, XM, Xantia. Cependant, entre ces productions volumiques, viendront se glisser quelques modèles plus spécifiques comme les Visa Chrono, Visa 1 000 pistes, Visa Cabriolet ou les BX 4TC. Heuliez fera toutefois une petite infidélité en réalisant les caisses des R5 turbo, mais cela ne fâchera personne. L'apogée de ce partenariat est sans doute la 206 CC (voir encadré), projet qui fera changer Heuliez de dimension, le faisant passer d'un statut, pas forcément juste, de simple exécutant fournisseur à celui de véritable développeur, capable de fournir une solution complète, des études à la fabrication entière du véhicule comme c'est aujourd'hui le cas avec l'Opel Tigra TwinTop.

Une équipe de 10 ingénieurs ne fait que de la recherche

Heuliez a changé de dimension et tous les chiffres le confirment. L'effectif : Heuliez a embauché 1 090 personnes. Le chiffre d'affaires : après 260 millions d'euros en 2003, il devrait passer à 470 millions cette année. La progression est spectaculaire, mais s'explique aisément. En effet, Heuliez supporte l'ensemble des coûts de fabrication de la Tigra, achetant lui-même les pièces nécessaires à sa fabrication à Opel ou à d'autres sociétés telle Fiat-GM Powertrain pour les moteurs et les boîtes, puis refacture le produit fini à la marque au Blitz. Heuliez est donc devenu, au sens strict du terme, un constructeur. Sur les 90 pièces de carrosserie spécifiques de la Tigra, 45 sont embouties dans l'usine de Cerizay par des presses semi-automatiques, 2 900 des 4 000 points de soudure que compte la caisse y sont également réalisés. La ligne de ferrage, intégrée par ABB, est entièrement nouvelle et compte 40 robots. A titre de comparaison, durant la fabrication de la Xantia Break, l'usine disposait de seulement 11 robots. De cette époque, il reste également quelques éléments de la ligne d'assemblage qu'Heuliez a conservés dans cette nouvelle configuration. L'évolution de la société est donc profonde, mais ne s'est pas faite en un jour. "Depuis quatre ans, avoue Paul Quéveau, nous nous orientons vers l'international, comme en témoigne l'implantation de bureaux de liaison aux quatre coins du monde." Une orientation qui se retrouve également dans la façon de travailler. "Il y a eu un changement d'état d'esprit, explique le président du directoire d'Heuliez Automotive Ingennity, nous travaillons en permanence sur de nouveaux concepts. Une équipe de 10 personnes est dédiée à cette tâche et nous déposons 2 à 3 brevets par mois." L'investissement est donc important d'autant qu'Heuliez n'a pas forcement de commandes en face pour rentabiliser ses dépenses. Toutefois, pour Paul Quéveau, cette situation prouve qu'Heuliez n'est plus un sous-traitant, mais est capable de vendre un produit complet et ses innovations. Et l'une des prochaines innovations d'Heuliez pourrait encore apparaître sur une Opel. En effet, aujourd'hui, l'entreprise française au savoir-faire incontestable sur les modules de toits est absente du marché des CC sur segment M1 telles les 307 et les Mégane. Afin de remédier à cela, Paul Quéveau a avoué qu'une nouvelle solution technique était à l'étude, avec un toit rétractable en trois parties, comme sur les premières photos volées de la future Astra CC. Pure coïncidence ? Il y a fort à parier que non. A suivre.


Christophe Jaussaud


 





ZOOM

Le tournant 206 CC

Depuis son apparition en 2000, la 206 CC fait des prouesses commerciales, au-delà même des prévisions. En effet, dès la phase de développement, les objectifs de production étaient sans cesse rehaussés. De 200 modules/jour, la cadence de fabrication a finalement été fixée à 430. "Et nous en sommes encore à plus de 250/jour après quatre ans d'existence", lance fièrement Paul Quéveau, président du directoire d'Heuliez Automotive Ingennity. Et il peut être fier, car l'impulsion du projet vient bien de Cerizay. Dès 1996, le centre de style Heuliez esquissait les traits de la future petite lionne. La marque sochalienne fut réceptive. S'en suivront une maquette et un prototype présentés à Genève, en mars 1998, recueillant la quasi totale adhésion du public. Le mois suivant, Peugeot avalisa officiellement le projet. On connaît la suite : un succès phénoménal. Heuliez a produit pas moins de 277 000 modules de toits et a acquis un savoir-faire qu'il a su faire fructifier. L'accord Peugeot-Heuliez court jusqu'en 2006, date où le constructeur français lancera la remplaçante, vraisemblablement la 207 CC. Quid de la collaboration entre les deux entreprises françaises ? Pour l'heure, le nom du fournisseur du prochain module de toit n'a pas transpiré. Cependant, on imagine mal Heuliez ne pas répondre à l'appel d'offres.


 





FOCUS

Les chiffres clés d'Heuliez Automotive Ingennity


  • CA 2003 : 260 millions d'euros
  • CA prévisionnel 2004 : 470 millions d'euros
  • Effectif : 2 800 dont 2 500 en production et 300 en R&D
  • Implantations : - Massy (91) et Le Pin (79) : développement produit et réalisation de prototypes - Cerizay (79) et Mojados (Espagne) : site de production ; 50 000 véhicules et 200 000 modules par an. Superficie totale de 420 000 m2 ; plancher industriel de 130 000 m2 - 4 bureaux de liaisons : Tokyo, Séoul, Detroit et Achern en Allemagne près de Baden-Baden - 1 showroom à Paris
  • Total production : - 277 000 RetracTop - 6 200 voitures électriques (Saxo et 106) - 385 000 véhicules produits depuis que la société existe
  • Voir aussi :

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